Du sable dans l'engrenage
Directement inspiré de l'univers des bandes dessinées de Jean Giraud, connu sous le pseudonyme de Mœbius, Sable avait définitivement tout pour me plaire. Bercé par L'incal et Arzach c'est avec plaisir que je me suis plongé dans ce test afin de retrouver cette direction artistique si atypique. Si les premières minutes de jeu m'ont tendrement rappelé mes souvenirs de bibliothèques et l'odeur unique des vieilles BD, j'ai malheureusement vite déchanté. Pourtant, tout était là, ou presque. Les paysages désertiques aussi vaste que mystérieux, le ton des couleurs si particulier qui ne laisse aucun doute quant à l'inspiration du jeu, l'héroïne masquée et sa quête initiatique, bref tout avait l'air parfait pour commencer une aventure pleine de mystère et de nostalgie. Mais au bout de quelques dizaines de minutes, ce fut une véritable douche froide, ces couleurs si particulières devinrent rapidement un véritable supplice pour les yeux tant, les problèmes de contraste couplé à certains effets de lumière désastreux et à une caméra chaotique m'ont réellement fait mal à la tête. Après une pause et quelques milligrammes de paracétamol, rien n'y fait et les chutes de framerate n'arrangeront rien bien au contraire. Dans ce mini open world, pourtant assez vide, la moindre oasis composée de quelques végétations rend le jeu presque injouable à cause de ralentissement. Les bugs d'affichage sont malheureusement légion, par exemple, plusieurs dizaines de fois, en parcourant le désert sur mon aerocycle à la maniabilité presque agréable, mon héroïne disparaîtra régulièrement de sa monture et il me faudra à chaque fois m'arrêter et descendre afin de la faire réapparaître. Même si cela ne gêne pas vraiment en termes de jouabilité, cela reste aussi désagréable que regrettable. Comme tout bon jeu, vous pouvez pêcher, mais ici de manière plutôt originale puisque vous devrez attraper vos poissons dans le sable au pied des végétations. Le combo ralentissement dû aux végétations, clipping plus latence transformera vos parties de pêche en véritable enfer vous faisant regretter la pêche au canard des fêtes foraines. Vous l'aurez compris, techniquement le jeu est une catastrophe. Vous me direz tout n'est pas perdu, il reste encore l'histoire, la narration, le level design et tout le reste... Si seulement.
Les sables du temps
J'étais pourtant le profil type pour accrocher à ce jeu, mais même l'histoire n'a su répondre aux plus simple de mes attentes. Vous incarnez ici Sable, une jeune adolescente de la tribu des Ibexxi, sorte de nomade mi mécano mi magicien. Vous allez devoir quitter votre village afin d'entamer votre voyage initiatique au cours duquel vous allez recevoir des pouvoirs afin de parcourir ce vaste désert et de rencontrer de nouvelles peuplades. Le maître mot ici sera l'exploration et pour ce faire, vous piloterez une espèce de moto volante appelée aerocycle dont la maniabilité pourrait mettre à crans les moins patients. Vous pourrez améliorer votre monture au cours de votre aventure. Vous devrez donc rendre des services ici et là en explorant des temples et autres épaves de vaisseaux spatiaux tout en résolvant des énigmes. Vous devrez aussi faire pas mal d'escalade et à l'instar d'un Breath Of The Wild, vous devrez surveiller votre jauge d'endurance afin de ne pas chuter. Si cela vous arrivait pas de panique, vous ne subirez aucun dégât. L'histoire, sans véritable fil conducteur manque cruellement de densité et très rapidement un terrible sentiment d'ennuis et de vide viendra vous hanter et ne vous quittera plus. La narration à la troisième personne qui peut séduire par son originalité finie par lasser. Encore une fois, les bugs viendront nuire au bon déroulement de l'histoire en effaçant régulièrement les quêtes en cours. Pour ma part, c'est un immense sentiment de gâchis et de temps perdu qui viendra m'étreindre en quittant ce jeu.
En conclusion
Pour le fan de Moebius que je suis, c'est une immense déception. Mais au-delà de ça, qu'il s'agisse de l'écriture ou de la technique, nous n'y sommes pas du tout. Le manque cruel de densité de l'histoire, les innombrables bugs rendant parfois le jeu à la limite du jouable rendent l'expérience véritablement pénible voir douloureuse pour les amoureux du genre. Au final, seul l'aspect contemplatif du jeu est réussi et je dois avouer avoir pris beaucoup de plaisir à parcourir certains paysages magnifiques le tout accompagné d'une bande son absolument divine. À choisir, c'est sans hésitation que l'on préférera rouvrir une bonne vieille BD en écoutant une bonne compile des années 80.