FromSoftware sort des sentiers battus
Avec Elden Ring: Nightreign, FromSoftware prend un virage inattendu. Après le succès colossal de Elden Ring, tout le monde aurait parié sur une extension classique ou une suite directe. À la place, le studio revient avec une proposition radicalement différente : un roguelite coopératif à trois joueurs, conçu pour des sessions intenses, courtes mais rejouables, dans un monde original bien que teinté de l’esthétique typique du studio. Ce choix peut surprendre, voire diviser, mais il reflète une volonté claire de casser ses propres codes. Plutôt que de s’appuyer sur une formule éprouvée, Nightreign propose une expérience qui bouscule les habitudes des joueurs, les pousse à s’adapter, à coopérer, et surtout à survivre ensemble dans un univers hostile et instable.
Une boucle de jeu qui impose une vraie tension
Dès les premières heures, la structure du jeu impose une tension constante. L’action se déroule en cycles de trois jours et trois nuits dans le monde de Nourn. Chaque cycle est une course contre la montre, où l’on doit se renforcer, explorer, et repousser des vagues ennemies de plus en plus féroces avant l’affrontement final contre le Nightfall, boss impitoyable qui scelle chaque run. Le roguelite oblige à tout recommencer à chaque échec, mais avec une mécanique de progression persistante via les “Reliques” et améliorations par classe.
Le point central, c’est l’équipe. Pas de coop optionnelle ici : tout le design du jeu repose sur la collaboration entre trois classes aux compétences distinctes. Il est impossible de progresser seul sans handicap majeur. Les synergies deviennent vitales, et la moindre erreur peut coûter une run entière. La mécanique de réanimation – frapper un allié tombé pour le relever – ajoute une urgence organique aux combats. Cela change totalement la dynamique, forçant à couvrir ses coéquipiers, à lire les affrontements non pas individuellement, mais collectivement. Le stress devient partagé, tout comme la satisfaction des victoires. En introduisant des éléments roguelite, FromSoftware mise sur un format très éloigné de ses habitudes. Il n’est plus question ici d’explorer méthodiquement un monde immense et fixe, mais d’affronter des environnements procéduraux qui changent à chaque tentative. Cela aurait pu nuire à l’immersion, mais c’est contrebalancé par la cohérence visuelle et la brutalité bien dosée du design de niveau. Le jeu reste dur, mais pas injuste.
L’aspect gratifiant réside dans l’amélioration permanente. Chaque run, même perdue, permet d’apprendre et de renforcer son personnage. Ces gains sont subtils mais cumulables, offrant un sentiment de progression malgré la difficulté. La montée en puissance se ressent surtout après quelques heures, une fois que les compétences des classes commencent à se compléter vraiment. C’est là que l’on commence à enchaîner les combats avec fluidité, à lire les patterns, à exploiter chaque atout collectif.
Des choix artistiques audacieux, mais pas toujours maîtrisés
Visuellement, Nightreign reste dans la continuité de l’univers Elden Ring, mais adopte une palette plus sombre, plus brumeuse, presque suffocante. L’ambiance est réussie, mais parfois trop uniforme : certains biomes peinent à se distinguer et la lecture des environnements devient confuse lors des affrontements les plus chaotiques. Côté audio, en revanche, le travail est exemplaire. Les musiques de boss sont oppressantes, les bruitages accentuent le danger omniprésent, et les voix off renforcent le sentiment d’urgence propre à chaque cycle.
L’histoire, elle, est en retrait. Elle s’efface derrière le gameplay, livrée par bribes à travers des fragments de mémoire ou des objets à déchiffrer. Ce choix ne gênera pas les habitués de FromSoftware, mais pourra frustrer ceux qui espéraient une narration plus poussée, comme dans Elden Ring ou Sekiro.
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Coopération à trois joueurs profondément intégrée dans le gameplay
- Système de progression roguelite intelligent et motivant
- Sensation de montée en puissance bien rythmée
- Combats de boss toujours aussi spectaculaires et techniques
- Ambiance sonore et direction artistique maîtrisées
Points négatifs
- Solo peu viable et moins intéressant
- Manque de variété dans certains environnements
- Narration trop en retrait
En conclusion
Elden Ring: Nightreign ne cherche pas à plaire à tout le monde. Il impose sa vision, difficile, exigeante, parfois frustrante, mais profondément cohérente. Ceux qui attendent un Elden Ring 2 en seront pour leurs frais ; ceux qui aiment les défis en équipe, la répétition maîtrisée, et la montée en puissance collective trouveront ici un jeu solide, innovant et étonnamment addictif. FromSoftware n’a pas trahi son ADN, il l’a transformé. Le résultat n’est pas parfait, mais il mérite le respect : celui de ne pas s’être reposé sur ses lauriers.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."