Une icône du rétro remise au goût du jour
Dans l’univers du jeu vidéo, rares sont les licences qui traversent les décennies sans perdre leur identité. Wonder Boy, saga née dans les années 80, fait partie de ces exceptions. Avec Asha in Monster World, remake de Monster World IV (sorti à l’origine sur Mega Drive en 1994), la franchise tente un retour remarqué sur Xbox Series X|S et PlayStation 5, dans une version techniquement améliorée. L’objectif est clair : offrir une expérience fidèle au jeu original tout en profitant des capacités des consoles modernes pour séduire un nouveau public. Le résultat est un curieux mélange de nostalgie et de modernité, une aventure simple mais attachante, qui ne cherche pas à révolutionner mais plutôt à préserver un certain héritage vidéoludique. Ce test plonge dans les rouages de cette relecture, entre respect du passé et adaptation timide au présent.
Une modernisation technique qui fait le minimum syndical
L’un des apports principaux de cette version next-gen réside dans l'amélioration graphique et technique. Asha in Monster World propose une résolution en 4K avec un framerate constant à 60 images par seconde. La fluidité de l’action bénéficie clairement de ce traitement, rendant l’expérience plus agréable que sur les générations précédentes. Les temps de chargement sont quasiment inexistants, un vrai plus dans un jeu où les allers-retours entre zones sont fréquents.
Visuellement, le passage à une 2.5D très propre donne un aspect lisse et net à l’ensemble, avec des environnements colorés et des personnages bien modélisés. Asha, en particulier, bénéficie d’animations fluides et d’un character design fidèle à celui de l’original, tout en gagnant en expressivité. Toutefois, cette refonte graphique peut sembler un peu trop sage : les textures restent basiques, les arrière-plans manquent parfois de profondeur, et certains effets (comme les sorts ou les collisions) sont sommaires. On est loin des standards visuels des productions actuelles, même pour un jeu de plateforme. Le style visuel manque d’audace, de relief et de personnalité propre — une direction artistique qui, bien que respectueuse de l’original, ne prend aucun risque.
Du côté du son, les musiques ont été réorchestrées avec soin, et même si certains thèmes deviennent répétitifs à la longue, l’ambiance sonore reste cohérente avec l’univers joyeux du jeu. Les doublages (notamment celui d’Asha) ajoutent une petite touche de vie bienvenue, même s’ils restent très discrets. L’interface utilisateur, en revanche, trahit son âge : menus rigides, navigation peu intuitive, options limitées. Une modernisation plus poussée aurait permis d’offrir une meilleure ergonomie. Wonder Boy: Asha in Monster World repose sur une base de gameplay qui n’a quasiment pas bougé depuis l’original. Le jeu combine action, plateforme et exploration dans un monde semi-ouvert structuré en niveaux interconnectés. Asha peut sauter, attaquer avec son épée, utiliser des objets magiques, et interagir avec son fidèle compagnon Pepelogoo, une créature volante qui joue un rôle clé dans certaines mécaniques de puzzle et d’accès à des zones inatteignables autrement.
Cette simplicité, héritée des jeux de l’époque, fait à la fois la force et la faiblesse du titre. D’un côté, elle rend le jeu immédiatement accessible, sans courbe d’apprentissage abrupte. Le joueur comprend très vite ce qu’il doit faire, et la prise en main est fluide. De l’autre, elle montre rapidement ses limites : le gameplay manque de profondeur, les ennemis sont peu variés, les combats trop faciles, et les phases de plateforme peu exigeantes. Il n’y a pas de système d’évolution complexe ni de réelle montée en puissance — seulement quelques objets à collectionner pour améliorer la santé ou débloquer des magies.
Les donjons, bien que charmants et variés visuellement, sont trop linéaires et manquent d’ingéniosité dans leur level design. Les énigmes sont basiques, les boss peu redoutables. Le jeu semble volontairement bridé, comme figé dans une époque où la simplicité primait sur la diversité des mécaniques. Pour les puristes, c’est un gage de fidélité. Pour les autres, cela peut vite devenir monotone, surtout sur console nouvelle génération où les standards ont évolué.
Une aventure courte, chaleureuse mais sans ambition
L’histoire suit Asha, une jeune guerrière partant à la rescousse des esprits emprisonnés dans différents sanctuaires pour sauver son royaume. Le récit reste minimaliste, avec peu de dialogues et une narration centrée sur l’action plutôt que sur la construction d’un monde riche. Pourtant, malgré sa simplicité, l’univers dégage un charme indéniable. L’héroïne est attachante, les environnements ont une identité visuelle forte, et le ton reste léger et positif tout au long de l’aventure.
Le jeu se termine en 6 à 8 heures, ce qui peut paraître court, même pour un remake. Il n’y a pas de quêtes annexes ni de véritable contenu secondaire à explorer. La rejouabilité est quasi nulle, hormis la collecte de petits cœurs ou de pierres de vie cachées. Une fois le dernier boss vaincu, aucun mode supplémentaire n’est proposé (pas de new game+, pas de défis, pas de galeries). Pour une réédition sur consoles modernes, cette absence de contenu bonus est regrettable.
Cependant, il faut reconnaître que l’expérience globale reste agréable. C’est une aventure qui se savoure pour ce qu’elle est : une relecture fidèle, simple, accessible et chaleureuse. Elle s’adresse avant tout à deux publics : les nostalgiques, ravis de retrouver un classique dans de meilleures conditions, et les jeunes joueurs qui découvrent ici une formule sans agressivité, sans violence excessive, portée par des valeurs positives.
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Fluidité impeccable en 4K/60fps
- Direction artistique respectueuse de l’original
- Gameplay simple et accessible
- Asha et Pepelogoo forment un duo charmant
- Doublages et musiques soignés
Points négatifs
- Trop peu d’améliorations en profondeur
- Gameplay daté, sans réelle évolution
- Durée de vie courte, quasi aucune rejouabilité
- Interface austère et peu modernisée
- Direction artistique trop sage, manque d’audace
En conclusion
Wonder Boy: Asha in Monster World sur Xbox Series X|S et PS5 est un remake qui assume pleinement son rôle de passeur de mémoire. Il ne cherche pas à moderniser en profondeur ni à concurrencer les mastodontes du genre. Il offre plutôt une bulle de nostalgie, techniquement propre et respectueuse de son matériau d’origine. Cela fonctionne, mais uniquement dans une certaine limite.
L’expérience est trop courte, trop sage et trop figée pour marquer durablement. Le jeu n’exploite pas pleinement les capacités des consoles sur lesquelles il sort. Il se contente d’améliorer l’essentiel sans jamais aller plus loin. Les amateurs de gameplay riche, de narration complexe ou de défis seront vite frustrés. Mais ceux qui recherchent une aventure old-school bien exécutée, colorée, bienveillante et sans prise de tête y trouveront leur compte.
Testé par Ludwig Gaias (Playbox36)
"Passionné par le jeu vidéo, j'ai grandi avec la Sega Mega Drive et je suis depuis de nombreuses années sur plateformes Xbox. La franchise Halo m'a vraiment marqué. Aujourd'hui, je partage cette passion autour de cette licence au sein de l'équipe de Halo France en tant que graphiste et animateur, et sur CN Play pour le gaming en général.
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