Un jeu ressuscité pour une nouvelle génération

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Wild Hearts S n’est pas un simple portage. C’est une tentative de résurrection. Lancé en 2023 dans une relative indifférence malgré un concept audacieux, le titre de Koei Tecmo revient en 2025 dans une édition revue pour la Nintendo Switch 2. Ce nouveau modèle de console permet, en théorie, de libérer le potentiel technique d’un jeu qui, à sa sortie, souffrait de problèmes de performance sur consoles old-gen. Mais au-delà de la promesse d’un lifting, cette version S n’est pas une extension, ni un reboot, ni un remaster. Elle est présentée comme l’édition ultime du jeu, avec tous les contenus post-lancement intégrés, un système coopératif repensé à quatre joueurs et une optimisation pensée pour une console hybride. Ce test va donc analyser Wild Hearts S pour ce qu’il est : une nouvelle édition, sur un nouveau support, avec de nouvelles ambitions. Est-ce suffisant pour transformer un outsider ambitieux en véritable alternative crédible aux cadors du genre comme Monster Hunter ?

Poésie naturelle et menaces gigantesques

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L’un des premiers atouts de Wild Hearts S réside dans la force de son univers. Le jeu se déroule dans la région fictive d’Azuma, inspirée du Japon féodal, mais traversée par une nature déchaînée et semi-surnaturelle. La faune n’est pas simplement agressive, elle est mutée, fusionnée avec les éléments : flammes, plantes, pierre, eau, gel. Chaque monstre – ou plutôt chaque Kemono – est une incarnation d’un phénomène naturel devenu fou. On affronte par exemple un sanglier géant recouvert de racines, un volatile enflammé qui rase la forêt, ou encore un loup fusionné à la glace. La direction artistique, bien que bridée par les capacités techniques de la Switch 2, conserve une identité visuelle affirmée. Les environnements sont découpés en biomes thématiques (printemps, été, automne, hiver), et chacun d’eux dégage une ambiance forte, entre contemplation et tension. Le cycle jour/nuit, les effets climatiques et les animations des Kemono renforcent l’immersion, même si l’on sent que l’optimisation graphique a nécessité des compromis : textures simplifiées, distance d’affichage réduite, éclairage plus plat. Le rendu est loin d’être laid, mais il reste inférieur aux standards actuels sur consoles de salon. Néanmoins, en mode portable, l’ensemble reste fluide et cohérent. Ce qui distingue Wild Hearts S de ses concurrents, c’est son système de Karakuri, ces constructions instantanées que le joueur peut invoquer en plein combat. À la manière d’un ingénieur de guerre, le chasseur déploie en quelques secondes des blocs, catapultes, ressorts ou barrières. Ces structures servent à piéger, contrer, esquiver, ou attaquer les Kemono de manière stratégique. Ce n’est pas un gadget : c’est l’épine dorsale du gameplay. Le système est profond et encourage la créativité. Un joueur expérimenté peut enchaîner des séquences de Karakuri pour transformer une zone ouverte en arène piégée. Un ressort bien placé permet de s’élever et frapper la tête d’un monstre en plein vol. Un mur dressé au bon moment peut interrompre une charge et provoquer l’étourdissement de la créature. Mais cette mécanique n’est pas immédiatement intuitive. Elle demande un réel apprentissage, et certains types de Karakuri nécessitent des ressources précises ou des combinaisons peu évidentes. Cela peut rebuter les joueurs habitués à des systèmes de chasse plus directs. À noter que l’intelligence artificielle des Kemono a été légèrement revue pour cette édition. Certains comportements sont plus imprévisibles, les patterns d’attaque varient davantage, et l’agressivité en coop est mieux équilibrée. La chasse devient ainsi moins mécanique et plus organique. D’autant plus que Wild Hearts S introduit une nouveauté importante : la coopération jusqu’à quatre joueurs, contre trois auparavant. Cette extension du groupe permet une meilleure synergie entre les Karakuri de chacun et renforce la dimension tactique du jeu en multijoueur.

Le bon, le juste et le perfectible

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Sur le plan technique, Wild Hearts S fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Grâce aux capacités accrues de la Switch 2, les temps de chargement sont nettement réduits, les animations sont plus stables, et le framerate tient globalement autour des 40 à 50 images par seconde, même si les pics à 60 ne sont pas constants. En revanche, le compromis graphique est visible. Certains environnements paraissent vides ou génériques. Le design des personnages non-joueurs est figé, et les effets de particules sont souvent réduits à l’essentiel. L’interface a été légèrement retravaillée pour la console hybride, avec une meilleure lisibilité en portable. Mais certains défauts subsistent : menus complexes, navigation lourde, gestion de l’inventaire peu intuitive. Le didacticiel reste trop sommaire pour un jeu aussi complexe, surtout pour les nouveaux venus. Côté contenu, Wild Hearts S est généreux. Tous les monstres, armes, armures et missions additionnelles parues depuis 2023 sont inclus d’entrée de jeu. Cela représente plusieurs dizaines d’heures de contenu. Toutefois, aucun nouveau Kemono n’a été ajouté pour cette édition, et aucun contenu narratif inédit n’est au programme. L’accent est mis sur la consolidation, pas l’innovation. En multijoueur, la coopération à quatre est bien intégrée, avec un matchmaking stable. Mais plusieurs limitations freinent l’expérience : pas de crossplay, pas de chat vocal intégré, et des fonctionnalités sociales limitées. Pour un jeu pensé autour de la coopération, cela reste un manque difficile à ignorer.

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Les plus Les moins

Points positifs

  • Univers original inspiré du Japon féodal, visuellement cohérent
  • Système de Karakuri riche et stratégique, unique dans le genre
  • Coop à quatre joueurs bien intégrée
  • Tous les contenus post-lancement inclus dès le départ
  • Courbe de progression gratifiante pour les joueurs investis

Points négatifs

  • Performances inconstantes malgré la puissance de la Switch 2
  • Menus denses et ergonomie parfois confuse
  • Graphismes dégradés par rapport aux versions salon
  • Courbe d’apprentissage abrupte pour les nouveaux joueurs

En conclusion

7
Wild Hearts S est une édition de rédemption, pas une révolution. Elle ne transforme pas radicalement le jeu de base, mais elle l’adapte à une nouvelle console en corrigeant certains de ses défauts les plus flagrants. Elle offre une expérience stable, portable, complète et tactique, qui saura séduire ceux qui cherchent une alternative à Monster Hunter, mais avec une vraie proposition de gameplay différenciante. Cependant, son absence de contenu inédit, ses limites techniques et ses choix d’ergonomie discutables empêchent cette version d’atteindre l’excellence. C’est un jeu de chasse passionné, exigeant et intelligent, mais qui reste marqué par les cicatrices de son lancement initial. Une recommandation sincère pour les joueurs curieux et patients, mais une prudence justifiée pour les autres.

Testé par Maxime Bertrand (Exarfrost)

Exarfrost
"Rédacteur chez Consoles-Fan, je m'occupe également des streams et de l'animation sur CN Play. Passionné de gaming depuis mes 6 ans, mes consoles préférées sont la Nintendo GameCube ainsi que la Dreamcast. Mais le plus clair de mon temps je le passe à jouer sur mon PC."
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