Un cadavre vidéoludique bien conservé

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The House of the Dead 2 Remake est un retour inattendu d’un jeu emblématique des salles d’arcade de la fin des années 90. À l’époque, il symbolisait une vision très directe et viscérale du jeu vidéo : du tir, du sang, des monstres grotesques, un scénario de série B, et un rythme effréné. Avec cette nouvelle version, l’éditeur tente de réinsuffler de la vie à un genre presque disparu, le rail shooter, en proposant une remise au goût du jour graphique, tout en gardant les mécaniques d’origine presque intactes. Mais dans une époque où le jeu vidéo a évolué à une vitesse vertigineuse, une simple restauration visuelle suffit-elle à séduire un nouveau public ? Est-ce que le charme de l’arcade d’antan peut encore opérer sans les bornes, les pistolets en plastique, et l’ambiance enfumée des salles de jeux ? Ce remake soulève ces questions, car il marche sur un fil : celui qui sépare l’hommage sincère de la paresse créative. Ce test propose d’explorer ces tensions à travers trois axes : la réalisation technique et artistique, l’expérience de gameplay, et la valeur ajoutée de ce remake dans son ensemble.

Une refonte qui manque de nerf

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Sur le plan visuel, The House of the Dead 2 Remake affiche une ambition louable : actualiser un jeu conçu pour des résolutions d’un autre temps. Les textures sont plus nettes, les éclairages retravaillés, les modèles 3D refaits. On retrouve des environnements familiers, la ville infestée, le laboratoire souterrain, les égouts poisseux, mais avec des détails supplémentaires qui enrichissent l’atmosphère. Malgré cela, l’ensemble reste graphiquement daté par rapport aux standards contemporains. Les visages sont figés, les animations ennemies rigides, et certains décors semblent étrangement vides, comme si le monde restait figé en 1998. L’ambiance sonore, elle, oscille entre fidélité et hésitations. Les musiques originales sont là, parfois remixées avec plus de basses ou des nappes synthétiques modernisées, mais elles manquent de punch ou d’intention. Les bruitages de tirs et de zombies sont globalement réussis, mais le doublage anglais, resté fidèle à l’original, conserve cette maladresse volontaire ou non qui confère au jeu un charme kitsch. Malheureusement, cela peut aussi nuire à l’immersion pour les joueurs qui découvriraient le titre sans le filtre de la nostalgie. En somme, la direction artistique joue sur deux tableaux, sans vraiment trancher : elle veut séduire les nostalgiques tout en s’ouvrant à un nouveau public, mais finit par rester dans une zone grise. Le cœur du jeu, c’est évidemment le tir sur rail. Et de ce côté-là, le remake reste extrêmement fidèle à l’expérience arcade d’origine. Le joueur avance automatiquement dans des niveaux linéaires, l’arme toujours prête à faire feu sur une horde d’ennemis surgissant de toutes parts. La sensation de tir est percutante, les ennemis explosent avec un certain plaisir sanglant, et les boss conservent leur design grotesque et démesuré. On retrouve aussi les routes alternatives, qui changent légèrement la progression selon les performances ou les choix du joueur, ajoutant un soupçon de rejouabilité. Mais cette fidélité s’accompagne d’un manque flagrant de prise de risque. Aucune mécanique n’a été ajoutée ou enrichie. Il n’y a pas de système de compétences, pas de nouvelles armes, pas de modes de difficulté repensés pour varier les plaisirs. Le jeu se boucle en à peine une heure et demie, et si des modes supplémentaires (comme le mode horde) sont bien présents, ils n’apportent qu’un changement de volume, pas de fond. En solo, l’expérience peut vite tourner en rond ; en coopération locale, elle devient plus vivante, mais reste courte. Il manque un ingrédient crucial pour faire de ce remake une redécouverte plutôt qu’une simple réplique.

Un remake frileux face à son héritage

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C’est ici que le bât blesse : The House of the Dead 2 Remake choisit de ne rien perturber de l’expérience d’origine. Là où d’autres remakes osent moderniser, étoffer ou enrichir leur matériau, celui-ci reste figé. Il ne tente pas de proposer une lecture contemporaine de son univers. Le scénario, toujours aussi absurde, n’a pas été retouché. Les dialogues ne sont ni réécrits ni contextualisés. Aucun journal à lire, aucune cinématique bonus, aucun making-of, aucune galerie conceptuelle n’est proposé pour donner du relief à cette résurrection. C’est une restauration technique, pas une réinterprétation. Ce choix de ne rien changer a deux conséquences : la première, positive, est que les puristes retrouveront exactement ce qu’ils cherchaient. La seconde, plus problématique, est que le jeu devient presque obsolète dans sa propre réédition. Il ne raconte rien de plus, n’essaie rien de nouveau, et semble pressé d’être consommé puis oublié. Le remake devient alors un produit de niche, réservé à une poignée de nostalgiques qui, une fois l’émotion passée, n’auront plus grand-chose à y faire. C’est d’autant plus dommage qu’un tel univers, aussi kitsch et débridé soit-il, aurait pu servir de base à un jeu plus ambitieux, plus généreux, plus vivant.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Fidélité exemplaire à l’original
  • Ambiance arcade toujours plaisante
  • Gameplay nerveux et accessible
  • Coopération locale divertissante
  • Ennemis et boss toujours aussi marquants

Points négatifs

  • Durée de vie très courte
  • Aucun contenu inédit significatif
  • Réalisation graphique et technique datée
  • Doublages ratés, parfois gênants
  • Manque total d’innovation ou de prise de risque

En conclusion

6
The House of the Dead 2 Remake est une expérience paradoxale. D’un côté, il offre un voyage rétro authentique, une copie presque carbone de ce que le jeu représentait à sa sortie : un shoot’em up nerveux, sanglant et immédiat. De l’autre, il échoue à se hisser à la hauteur de son époque. Son manque d’audace, son absence d’extension de contenu, et ses limites techniques en font un remake plus décoratif que fonctionnel. Il plaira à ceux qui savent exactement ce qu’ils viennent y chercher, un souvenir précis, une nostalgie intacte, mais ne propose rien de suffisant pour élargir son audience. Dans une époque où les remakes sont nombreux, et souvent brillamment repensés (comme ceux de Resident Evil, Dead Space ou Final Fantasy VII), celui-ci semble s’accrocher à un passé figé, refusant d’évoluer. Ce n’est pas une trahison. Mais c’est un rendez-vous manqué avec le présent. Et dans un monde vidéoludique aussi riche, ce genre de choix se paie cher : non pas en critiques virulentes, mais en oubli rapide.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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