Une chute dans les ténèbres
The First Berserker : Khazan est un jeu d'action-RPG développé avec la volonté assumée de plonger le joueur dans une spirale de rage, de vengeance et de douleur. Dès son annonce, le titre s’est démarqué par une esthétique sombre et une promesse de combats féroces au cœur d’un univers désespéré. Le jeu retrace l’histoire de Khazan, ancien héros trahi, désormais considéré comme un paria. Condamné à errer dans un monde qui l’a renié, il décide de faire parler la lame et de reconquérir sa dignité dans un déchaînement de fureur. Le joueur incarne donc un personnage dont l’histoire est marquée par la tragédie, et qui tente, non pas de se racheter, mais de faire payer. L’expérience, bien que brutale, n’en reste pas moins captivante pour ceux qui osent s’y aventurer.
Une ambiance lourde, au service d’un univers cohérent
Le premier contact avec The First Berserker : Khazan laisse une impression forte. L’univers dépeint est à la fois sale, oppressant et mystérieux. Il s’en dégage une cohérence artistique remarquable. L’architecture oscille entre ruines médiévales et constructions monumentales évoquant des civilisations antiques oubliées. Chaque zone semble respirer la douleur et la colère, comme si le monde lui-même avait été trahi. Les couleurs sont ternes, presque monochromes, mais cela fonctionne : l’aspect visuel soutient parfaitement le propos du jeu. Les animations sont fluides, et malgré quelques ralentissements sur certaines configurations, l’immersion est rarement rompue.
Les développeurs ont pris le parti d’une narration environnementale : peu de dialogues, mais beaucoup de détails disséminés dans le décor pour comprendre l’histoire de Khazan et celle du monde qui l’entoure. Cela donne au jeu une dimension contemplative inattendue, entre deux effusions de sang. Toutefois, cette approche pourra désorienter certains joueurs, surtout ceux qui attendent une trame narrative plus explicite. Il faut être attentif, curieux, et accepter de reconstituer les événements par soi-même. En ce sens, le monde de Khazan n’est pas simplement un décor, mais un personnage à part entière, marqué par les mêmes cicatrices que son héros. Au-delà de son atmosphère, c’est bien le gameplay qui constitue le cœur de The First Berserker : Khazan. Le jeu propose un système de combat à la fois punitif et gratifiant, dans la veine des souls-like, mais avec sa propre identité. Ici, chaque coup porté a du poids. Chaque esquive ratée peut signifier la mort. Le joueur doit maîtriser les timings, gérer son endurance et apprendre les schémas ennemis pour survivre. Ce n’est pas un jeu qui prend le joueur par la main, mais un jeu qui le pousse à s’élever, à devenir meilleur.
Khazan est un combattant brutal. Ses attaques sont puissantes, souvent sauvages, et sa palette de mouvements évolue à mesure que le joueur progresse. Il est possible de personnaliser son style avec différentes compétences et améliorations, ce qui donne une certaine richesse au gameplay. Le système de progression, bien que classique, est suffisamment bien intégré pour qu’on ressente une réelle montée en puissance. On passe de survivant fébrile à véritable machine de guerre, sans jamais perdre ce sentiment de danger permanent.
Malgré tout, certains combats de boss souffrent d’un équilibrage douteux. Il arrive que la difficulté grimpe brutalement, parfois de manière frustrante, surtout lorsque les checkpoints sont éloignés. Cela peut casser le rythme, voire décourager. Toutefois, ces pics de difficulté sont aussi l’occasion de mettre à l’épreuve sa persévérance. Et quelle satisfaction lorsqu’un boss enfin vaincu s’écroule dans un déluge de feu et de cris.
Narration rugueuse et personnage inoubliable !
Si l’univers et le gameplay font la force du jeu, sa narration peut diviser. The First Berserker : Khazan ne raconte pas son histoire de façon traditionnelle. Peu de cinématiques, peu de dialogues explicatifs. L’essentiel passe par les gestes, les regards, les décors, et parfois, un monologue ou deux. Ce choix narratif, bien que cohérent avec la nature du protagoniste, crée une distance avec les personnages secondaires, souvent relégués au second plan.
Cela dit, Khazan, en tant que personnage, est magnétique. Il n’a rien d’un héros classique. C’est une bête blessée, animée par la rage, mais jamais caricaturale. Son apparence, son regard, ses silences en disent long sur son vécu. Il incarne à lui seul tout le poids du jeu : celui d’un homme détruit, rejeté, mais encore debout. Chaque action qu’il entreprend semble motivée par une douleur ancienne, et cela donne au joueur une vraie implication émotionnelle, même si l’histoire reste floue. On ressent ses coups comme s’ils venaient d’un endroit profondément humain.
Les rares scènes cinématiques sont bien mises en scène, parfois d’une violence crue, mais toujours porteuses de sens. Elles ponctuent l’aventure de moments marquants, sans jamais rompre le rythme. L’univers sonore, quant à lui, accompagne parfaitement l’ensemble, avec des musiques discrètes mais pesantes, et des effets sonores qui renforcent l’impact des coups et des environnements.
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Les plus Les moins
Points positifs
- Combats intenses, brutaux et bien rythmés
- Direction artistique cohérente et marquante
- Univers sombre, riche en symbolique
- Protagoniste charismatique et viscéralement humain
- Ambiance sonore parfaitement intégrée
Points négatifs
- Difficulté mal calibrée à certains moments
- Narration trop cryptique pour certains joueurs
- Environnements parfois trop similaires
- Personnages secondaires peu développés
En conclusion
The First Berserker : Khazan n’est pas un jeu conçu pour plaire au plus grand nombre. C’est une œuvre qui assume sa dureté, son minimalisme narratif et son exigence. Il demande de l’investissement, de la patience, et surtout une certaine tolérance à l’échec. Mais pour ceux qui sauront s’immerger dans son monde brutal et épuré, l’expérience est véritablement marquante. Khazan n’est pas un simple personnage, il devient presque une extension du joueur, un exutoire pour sa frustration et sa détermination.
Le jeu n’est pas sans défauts, notamment dans sa gestion de la difficulté et dans son manque de clarté narrative, mais il possède une âme rare. Il ne cherche pas à plaire, il cherche à marquer. Et en ce sens, il réussit.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."