Avec éclat… mais pas sans fausses notes
En 2006, The Elder Scrolls IV: Oblivion débarquait comme une claque monumentale dans le monde du RPG occidental. C’était l’époque où l’idée même d’un monde ouvert aussi vaste, aussi réactif, aussi vivant, tenait presque du miracle. Un jeu où l’on pouvait être mage à l’université d’Arcane, voleur à Bravil, gladiateur dans l’arène, ou simplement vagabond au gré des collines de Cyrodiil. Un jeu d’aventure totale.
Aujourd’hui, 19 ans plus tard, Oblivion Remastered débarque sur consoles next-gen. Et on ne parle pas ici d’une simple hausse de résolution : c’est une refonte visuelle, sonore et partiellement structurelle du jeu d’origine, propulsée par l’Unreal Engine 5. Un défi immense : garder l’âme d’un monument, tout en le modernisant assez pour le rendre agréable à jouer en 2025. Est-ce que ça fonctionne ? La réponse est un grand oui — mais pas sans quelques accrocs en chemin.
Repensé sans trahison, sauf pour les voix françaises !
La première chose qui saute aux yeux, c’est évidemment l’aspect visuel. Oblivion Remastered ne se contente pas d’améliorer les textures ou de gonfler les couleurs. Grâce à l’Unreal Engine 5, c’est tout un monde qui retrouve de la matière, de la profondeur, de la cohérence visuelle. Cyrodiil, déjà immense à l’époque, devient ici véritablement immersif.
Les forêts ont gagné en densité, la lumière naturelle est gérée dynamiquement avec un rendu parfois proche du photoréalisme. Les villes, bien que respectant le plan original, paraissent plus vivantes, plus crédibles. Les ombres bougent, les couchers de soleil rougissent les murailles d’Anvil, et la brume matinale des collines donne une vraie personnalité au jeu. Il ne s’agit pas de tout moderniser à outrance, mais d’insuffler une vraie vie à ce qui, autrefois, était parfois un peu figé.
Les visages, longtemps raillés pour leur aspect « pâte à modeler », ont été retravaillés en profondeur. Chaque personnage a désormais des traits propres, un regard plus humain, et même s’il reste des limites dans l’animation faciale, on est bien au-delà de l’étrangeté de 2006. Le plus gros bouleversement vient peut-être du côté audio. Le remaster a entièrement réenregistré les doublages, avec de nouvelles voix, plus nombreuses, mieux jouées, et surtout, une variété enfin crédible entre les personnages. Chaque région a son accent, chaque type de PNJ (noble, paysan, mage, soldat) a sa propre couleur vocale. Fini les voix clonées à répétition, et surtout, les dialogues ont été enrichis : nouvelles lignes, variations contextuelles, interactions secondaires plus naturelles.
La bande-son, toujours signée Jeremy Soule, garde sa magie intacte, mais avec un mixage modernisé. Les ambiances sonores bénéficient d’un vrai travail de spatialisation, particulièrement appréciable au casque. On entend les oiseaux chanter au petit matin, les rumeurs de la ville depuis une taverne, les gouttes résonner dans les ruines ayléides. C’est du grand art.
Mais il y a un hic — et il est de taille pour les francophones : le remaster ne propose plus de doublage en français, contrairement à la version originale de 2006. C’est un vrai manque, surtout pour un jeu aussi verbeux et narratif. Les sous-titres sont bien là, et la traduction écrite reste fidèle, mais l’immersion en prend un coup. C’est incompréhensible, d’autant plus que les anciennes voix françaises étaient disponibles à l’époque. On espère un patch futur, mais en l’état, c’est une vraie déception.
Une liberté préservée, avec quelques ajustements malins
Là où Oblivion Remastered fait preuve d’intelligence, c’est dans la gestion de son gameplay. Les développeurs n’ont pas tenté de tout moderniser — et tant mieux. La liberté reste totale : vous pouvez sortir de la prison impériale et ignorer la quête principale jusqu’à la fin du jeu si ça vous chante. Le plaisir d’explorer, de tomber sur une ruine, une quête cachée, un artefact enfoui, est intact. Le monde vous appartient.
Cela dit, quelques systèmes lourds du passé ont été revisités. Le level scaling, souvent critiqué dans l’original, a été rééquilibré : les ennemis ne suivent plus systématiquement votre progression, ce qui rend la montée en puissance bien plus satisfaisante. Le système de compétences, basé sur l’usage, est toujours là, mais l’interface est désormais pensée pour la manette, avec des menus fluides, lisibles, et un journal de quêtes plus clair.
Les guildes (mages, voleurs, assassins, guerriers) restent des modèles d’écriture dans le RPG. Leurs quêtes sont toujours aussi inspirées, et certaines ont même été enrichies. On note ici et là de nouveaux dialogues, quelques choix plus marqués, voire des ajouts scénaristiques discrets mais bienvenus.
Enfin, la stabilité technique est irréprochable sur Xbox Series X. Temps de chargement réduits à une poignée de secondes, fluidité constante, zéro crash pendant mes longues sessions. C’est propre, stable, et très agréable à jouer.
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Visuellement superbe grâce à l’Unreal Engine 5
- Doublage anglais réenregistré, très qualitatif & nouvelles lignes de dialogue enrichissant la narration
- Rééquilibrage intelligent du level-scaling
- Villes, paysages et donjons plus immersifs que jamais
- Liberté de jeu intacte, et toujours aussi rare en 2025
Points négatifs
- Absence incompréhensible de doublage français (présent en 2006)
- Quelques animations et mécaniques qui trahissent leur âge
- IA ennemie toujours basique
- Quêtes principales parfois trop linéaires par rapport aux guildes
En conclusion
Oblivion Remastered n’est pas un simple coup de peinture. C’est une restauration, presque une œuvre de conservation vidéoludique, mais qui ose aussi corriger, améliorer, sans jamais trahir. Le jeu original avait du cœur, celui-ci le sublime. Entre sa nouvelle direction artistique portée par Unreal Engine 5, son ambiance sonore refaite de fond en comble, et des ajustements subtils mais cruciaux dans son gameplay, il réussit ce que peu de remasters osent : devenir la meilleure version possible d’un jeu déjà culte.
Certes, il reste des angles morts : l’IA n’a pas été révolutionnée, quelques animations datent un peu, et l’absence de doublage français est un vrai point noir. Mais ces défauts pèsent peu face à la redécouverte d’un monde aussi riche, aussi libre, aussi prenant.
Si vous avez aimé Oblivion en 2006, vous tomberez à nouveau sous le charme. Et si vous ne l’avez jamais joué, ce remaster est clairement la porte d’entrée idéale.
Testé par Marine Brémond (Beatja)
"Passionnée de rétrogaming, je navigue entre la Mega Drive, la Dreamcast et la PlayStation première du nom tout en me préparant à explorer lunivers Xbox. Passionnée dillustration et de dessins, jy passe le plus clair de mon temps."