Une retraite spirituelle qui vire au cauchemar

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The Chant est le premier jeu du studio canadien Brass Token, édité par le non moins jeune label Prime Matter (Dolmen, Iron Harvest...). Bien que ce soit leur première production, l'équipe d'une vingtaine de personnes, basée à Vancouver, est composée de vétérans du métier ayant œuvré sur des gros titres tels que Sleeping Dogs et Canis Canem Edit. The Chant a réussi à se démarquer par le biais de trailers, notamment lors de l'E3 2021, qui promettaient une expérience originale, entre le mysticisme et le survival horror. Nous incarnons le personnage de Jessica Briars qui est encore hantée par la perte de sa sœur. Souhaitant s'accorder un moment de pause loin du stress de la ville et de sa carrière dans le biomédical, elle décide d'accepter l'invitation de son amie Kim Mallari à rejoindre l'île de la Gloire, un lieu paisible où la promesse d'une retraite spirituelle a conduit un petit groupe à se retrouver. En arrivant sur place, Jessica constate rapidement que ce fameux havre de paix n'est autre qu'une terre vouée à des cultes et que son amie a rejoint une secte des plus suspicieuses. Le gourou de l'île, Tyler Anton, promet à ses ouailles de ne plus souffrir des événements passés et de se diriger vers une toute nouvelle forme grâce à la science des prismes. L'horreur commence réellement à prendre place lors du premier rituel, celui du thé sacré, lorsque pris de panique, Kim décide de quitter le groupe avec la folie qui s'est emparé d'elle. Notre personnage subit de violentes visions qui l'amène à rencontrer un monstre ressemblant au Demogorgon, qu'on peut apercevoir dans la série phare de Netflix, Stranger Things.

Alan Wake Rebirth...

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On comprend assez vite que ce rituel a entraîné l'apparition de portails où des monstres se sont faufilés pour aller à votre traque ainsi qu'à vos compagnons de fortune. Dès lors, Jessica n'arrivera plus à cerner la réalité de la fiction et nous sentons que les développeurs se sont inspirés de classiques du genre comme Alan Wake des Finlandais de chez Remedy. En effet, dans The Chant, vous n'êtes pas le chasseur mais la proie et que dans les mécaniques de combat Jess, à l'instar du célèbre écrivain, ne pèse pas bien lourd face à un bestiaire qui rendra votre expérience le plus anxiogène possible. Bien entendu, l'univers et les décors basés sur la forêt et des passages dans un phare, rappellent également la bourgade de Bright Falls, bien que l'île de la Gloire semble plus reculée. Revenons aux mécaniques de combat : Jessica a la possibilité de crafter des plantes naturelles afin de créer des armes pour confronter efficacement ses ennemis, mais aussi pour les piéger, notamment dans des situations d'infériorité. Sauges, branches, huiles essentielles, voici l'armada de notre compère pour espérer s'en sortir face à des créatures qui sortent des sentiers battus du jeu d'horreur. La meute chasse en masse et vous n'êtes jamais à l'abri, dans cet environnement psychédélique. Parfois, la fuite semble être la meilleure solution, tant la situation de votre personnage peut être inconfortable face aux hordes de monstres vous pourchassant. Afin d'éliminer cette adversité, notre personnage devra récupérer l'ensemble des prismes dans le but de pouvoir franchir des barrières énergétiques et combattre la source de l'intrusion des monstres. Mais là aussi, un élément est fortement à prendre en compte, à savoir la santé mentale de notre protagoniste. Plus vous rencontrerez des monstres et vous franchirez des barrières, plus Jessica craindra son environnement et rentrera dans une crise de panique qui l'amènera à la perte de contrôle. Afin de regagner en mental, Jessica aura la possibilité de méditer pour regagner en confiance et en lucidité, mais aussi pour lutter contre les attaques physiques et psychiques lors de mauvaise rencontre. Au fil de votre progression, vous trouverez des points de compétences qui amélioreront la condition de votre personnage et le rendra moins faible face aux situations où il n'y a aucune échappatoire.

...A la sauce Shinji Mikami

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Nous parlions il y a quelques lignes de cela, de l'inspiration de Alan Wake auprès de Brass Token, il semblerait que les Canadiens aient également une appétence envers les jeux de Shinji Mikami, car nous retrouvons des éléments qui nous rappellent les autres Resident Evil et The Evil Within. A commencer par des phases d'énigmes s'inspirant de ce qu'on a pu voir dans le manoir Spencer ou dans Raccoon City, où il faudra trouver plusieurs composants qui serviront, une fois assemblés, à créer une issue pour continuer votre ascension vers la folie. Mention spéciale au chapitre 4, dans le phare où les énigmes sont bien amenées avec un mélange de pièges, de screamers et d'affrontements. On retrouve aussi cette patte dans les combats face aux différents sous-boss et boss, notamment où le pattern a un rôle majeur puisqu'il permet d'esquiver au bon moment les attaques meurtrières. C'est d'ailleurs la grande faiblesse du jeu, car l'esquive est assez dévastatrices pour notre adversaire à tel point qu'une fois amélioré, il permettra d'éviter très (trop !) facilement les assauts, ce qui peut entraver notre immersion. Autre point noir constaté durant notre session, ce sont les déplacements lourds de Jessica, parfois hasardeux, ce qui peut rendre des phases de combat et de fuite très vite bancales. Il faudra souvent se confronter à des situations de Die & Retry pour réussir un passage, la faute à un contrôle du personnage très approximatif, accentué lors des moments de panique. On regrettera également le système de téléportation instantané, mal pensé, qui vous fait voyager à l'aveugle et vous éloigne de l'objectif principal. C'est dommage car il aurait pu permettre au joueur de revenir plus facilement à des endroits qui étaient inaccessibles auparavant. Hormis ces quelques couacs, The Chant est une excellente aventure pour les fans de jeux d'horreur souhaitant avoir un peu d'originalité. Il est vrai que le sujet des sectes et du mysticisme est très peu abordé dans les jeux vidéo, ce qui rend son scénario captivant sur la dizaine d'heures de jeu pour le compléter.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • La thématique de la secte très peu abordée dans les JV
  • Une vraie sensation d'épouvante
  • Les énigmes bien amenées
  • Une bonne durée de vie : 7-10 heures de jeu
  • Le sound design satisfaisant dans l'ensemble

Points négatifs

  • Des animations faciales parfois bizarres
  • L'esquive trop efficace en combat
  • La gameplay lourd et hasardeux
  • VF présente mais anecdotique
  • La téléportation et son utilité

En conclusion

7
Pour une première expérience, Brass Token s'en tire avec les honneurs avec The Chant. Dans l'ensemble, le jeu reste une agréable aventure avec un sujet original qui ravira les joueurs peu exigeants envers ses quelques défauts.

Testé par Mehdi Boulais (Supras)

Supras
"À l'instar de l'ami Tùni, j'ai commencé mon expérience de gamer avec Resident Evil, premier du nom en 1996. Grand fan de SEGA, ma maison est envahie de poster à l'effigie de la Dreamcast et de Sonic. J'ai décidé de rejoindre l'équipe CN Play pour vous faire partager mes connaissances et vous faire également découvrir des pépites méconnues du grand public."
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