The Callisto Protocol : Attendu au tournant
C’est dans un contexte délicat que The Callisto Protocol est arrivé sur les consoles de dernières générations et sur PC. Entre une mauvaise publicité engendrée par le créateur du studio Striking Distance, Glen Schofield, prônant la culture du crunch, ce qui lui a valu d’être épinglé sur les réseaux sociaux et des premiers retours d’expériences qui n’étaient pas si enthousiasmant, The Callisto Protocol partait avec une image écornée dès lancement début décembre.
Et pourtant le postulat de base à de quoi faire saliver, car ce jeu est le dernier-né d’un vétéran du métier responsable de Dead Space, certainement l’une des meilleures franchises en matière de survival-horror de ces deux dernières décennies. Annoncé en grande pompe, lors de l’E3 2021, The Callisto Protocol avait su attirer l’envie des fans du genre qui le voyaient en digne héritier de la licence de Visceral Games, avec la promesse d’avoir un jeu plus gore et plus axé sur la survie. Malgré la mauvaise communication à quelques semaines de sa sortie, nous étions en droit d’attendre à un revirement de situation pour ce jeu qui restait tant attendu après une année 2022 assez calme en termes de nouveautés.
Cut off Their Limbs
L’histoire se déroule dans le futur en 2320, nous incarnons Jacob Lee, dont l’acteur Josh Duhamel a prêté son visage pour la modélisation du personnage. À la suite d’un incident avec son vaisseau nommé Charon, Lee se retrouve contraint d’atterrir sur une lune morte de Jupiter, appelée Callisto, qui abrite la forteresse de Black Iron, à la fois prison et laboratoire d’expériences biologiques.
Dès les premiers instants, on sent clairement la patte Dead Space dans The Callisto Protocol que ce soit dans le level design, dans la position de la caméra au niveau de l’épaule, dans les effets de lumière, et même dans le bestiaire, les Nécromorphes laissant la place aux Biophages. Hormis le nom des monstres qui changent, ces monstres correspondent à leurs aînés, car ils sont issus de la mutation génétique et peuvent affecter les humains. La similarité se trouve ainsi dans les mouvements et piétinements de Lee qui peut récupérer des éléments sur les cadavres de ses assaillants. En revanche, cette dernière itération se veut plus brutale et propose un système de combat plus proche du corps-à-corps que durant les aventures avec Isaac Clarke.
Le souhait de Schofield et des équipes de Striking Distance étaient d’offrir une expérience plus éprouvante pour le joueur, que chaque rencontre peut être une menace permanente. Et on le constate dès les premiers combats que les combats de mêlée et les mécaniques de gameplay qui vont avec seront primordiaux et devront être rapidement apprivoisés, sous peine de passer un mauvais moment. Cela se traduit par un personnage dont les mouvements sont beaucoup plus lourds, une gestion des armes et de santé en temps réel, une absence volontaire de HUD et des armes à distance servant plus à éloigner la horde qu’à les éliminer efficacement. Un parti-pris qui se trouve être une réussite sur les deux premiers tiers du jeu, tant il est grisant d’éclater du monstre et de ressentir le danger de parcourir certains passages. Il est ainsi recommandé de temporiser et d’esquiver certains affrontements, le jeu offrant la possibilité d’éliminer discrètement et d’utiliser les éléments du décor pour s’échapper d’une situation délicate.
Welcome to your Doom
Néanmoins, bien que The Callisto Protocol soit plaisant à jouer dans les premiers chapitres, force est de constater que le jeu perd de sa superbe sur bien des aspects au fil des heures de jeu. Que le gameplay fasse en sorte que chaque combat doit être une réelle épreuve, nous pouvons le concevoir et l’accepter. Mais il faut derrière préparer le terrain en augmentant la difficulté de manière crescendo et en permettant d’améliorer le personnage efficacement et qu’on sente un réel impact dans nos choix. Le problème ici, c’est dès lors que vous vous retrouvez en infériorité numérique, vous risquez de subir des combats chaotiques et des situations brouillonnes où vous essayez de vous en sortir du mieux possible. Heureusement pour combler cette adversité, Jacob Lee dispose d’une arme gravitationnelle G.R.P qui lui permet à l’instar de Gordon Freeman dans Half-Life, de propulser des objets contondants ou explosifs ou d’attraper un biophage pour s’en servir comme punching-ball. Un ajout bien pensé qui s’avère être la meilleure exploitation dans les phases de combat. Par ailleurs, il est possible d’améliorer nos armes et de les créer par le biais de plans récupérés auprès d’ateliers de reforge, toutefois, nous avons constaté qu’il fallait privilégier certaines armes pour lutter efficacement contre les rares boss du jeu.
Car c’est ici où le bât blesse, le rythme du jeu est inégal et les moments les plus marquants de l’histoire se comptent sur les doigts d’une main. Si la difficulté est bien amenée sur les premiers chapitres, elle devient trop haute dans le dernier tiers du jeu, nous rappelant ce qu’on a pu vivre avec Outriders, avec une succession de vagues d’ennemis en mode sacs à PV qui vous éliminent à la moindre occasion. Pas insurmontable, mais cela devrait tout de même poser un problème pour les joueurs n’ayant pas utilisé les améliorations adéquates pour progresser jusqu’à l’épilogue. Durant notre session, nous avons dû changer de difficulté quitte à repasser en facile pour les combats très intenses et avancer convenablement. En effet, la lourdeur du personnage et du système de roue des armes, fait que le timing est réduit pour pouvoir se soigner et choisir une autre arme rapidement en temps réel face à des ennemis qui n’attendront pas que vous ayez récupéré pour vous achever.
Un jeu intransigeant pour finir, surtout sur ses deux derniers chapitres et dont le scénario ne rattrape guère la chose tant il est basique et laissant peu de place aux surprises. Je pense que vous l’aurez compris pour ceux qui suivent ce test, mais le final de The Callisto Protocol ne nous a guère convaincus et c’est avec un sentiment de gâchis que nous avons terminé cette aventure. Pourtant, nous avons apprécié l’ambiance, la beauté du jeu bien qu’il y ait eu des problèmes d’optimisation sur Xbox Series X, que nous n’avons pas ressenti en désactivant le flou cinétique au préalable. Le chara design des personnages modélisés est bluffant à tel point que sur certaines cinématiques, on a vraiment l’impression de voir les vrais acteurs interagir. Et comme je l’ai dit dans un précédent paragraphe, les premières heures de jeu sont une réussite à tel point que nous étions impatients à l’idée d’arpenter le moindre petit coin étroit et les couloirs malgré le danger.
En l’état actuel des choses, il est difficile de recommander The Callisto Protocol au nouveau public qui souhaite découvrir le survival horror. Bien que la difficulté soit modulable, il reste exigeant et fera le bonheur des joueurs plus habituels des jeux de type souls-like et du mode Fanatique de Dead Space avec les sauvegardes en plus.
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Les plus Les moins
Points positifs
- Le level design et effets sonores
- Le combat axé au corps-à-corps
- Le chara design des personnages bluffant
- Une durée de vie convenable (10 h de jeu)
- Le GRP, meilleure arme du jeu
Points négatifs
- Un scénario en retrait
- Le dernier tiers du jeu trop exigeant
- Peu de boss à affronter
- L’amélioration des armes à distance
- Problème au niveau des voix françaises
En conclusion
The Callisto Protocol est un bon jeu dans l’ensemble pour les amateurs de jeu d’horreur old school, cependant on regrettera que Striking Distance n’ait pas eu plus d’audace pour proposer un jeu plus original et de trop s’inspirer de Dead Space et de Resident Evil
Testé par Mehdi Boulais (Supras)
"À l'instar de l'ami Tùni, j'ai commencé mon expérience de gamer avec Resident Evil, premier du nom en 1996. Grand fan de SEGA, ma maison est envahie de poster à l'effigie de la Dreamcast et de Sonic. J'ai décidé de rejoindre l'équipe CN Play pour vous faire partager mes connaissances et vous faire également découvrir des pépites méconnues du grand public."