Un hommage méticuleux à Command and Conquer
Qualifier Tempest Rising de simple successeur spirituel de Command and Conquer serait réducteur face à l'ambition manifeste de ce jeu de s'inscrire pleinement dans l'héritage de Westwood Studios. Le studio Slipgate Ironworks ne cache pas ses références : des factions clairement inspirées, une bande-son dominée par le synthé metal, jusqu'aux interludes entre missions montrant l'influence de votre faction s'étendant sur la carte européenne. Cette filiation assumée avec le RTS de 1995 est délibérément évidente.
Toutefois, Tempest Rising dépasse le simple cadre de l'hommage. Le jeu saisit les mécanismes qui ont fait de Command and Conquer un classique intemporel, tout en les modernisant pour satisfaire les joueurs contemporains. Son gameplay RTS offre un rythme soutenu et des affrontements spectaculaires, tandis que ses deux factions présentent des approches tactiques distinctes et une profondeur stratégique remarquable. Plus important encore, ses deux campagnes sont conçues avec une rigueur méthodique, introduisant progressivement les fondamentaux stratégiques de manière captivante et innovante. De fait, Tempest Rising s'approche lui-même du statut de classique du genre.
Tempest Rising reprend la prémisse de Command & Conquer en modifiant certains éléments et en y ajoutant un conflit nucléaire pour accentuer l'enjeu. L'histoire se déroule en 1997, après la Troisième Guerre mondiale, dans un monde ravagé où est apparue une étrange croissance nommée Tempest. Cette structure roussâtre et fleurie, qui ressemble à une plante sans en être une, représente un danger pour l'humanité en raison de sa propagation rapide, mais constitue également une source d'énergie considérable. Cette dualité en fait le principal enjeu d'un conflit entre les deux factions dominantes : la Force de Défense Mondiale (GDF) et la Dynastie de la Tempête.
Le gameplay fondamental de Tempest Rising sera familier aux habitués du genre RTS. Vous établissez un quartier général, récoltez des ressources, construisez une base, formez une armée d'infanterie et de véhicules, puis lancez l'assaut contre votre adversaire. Tempest Rising ne bouleverse pas ces principes et ce n'était d'ailleurs pas son intention. En revanche, la manière dont ces actions sont exécutées varie considérablement selon la faction choisie.
Asymétrie tactique entre les factions
Bien que la GDF et la Dynastie de la Tempête rappellent respectivement le GDI et la Confrérie du Nod de Command & Conquer, leurs mécanismes de jeu présentent des différences substantielles. Presque chaque action dans Tempest Rising s'effectue différemment selon la faction incarnée. La GDF, par exemple, collecte les ressources à l'aide d'une raffinerie équipée d'un camion-benne, tandis que la Dynastie utilise une plateforme de récolte mobile qui déploie de petits robots collecteurs.
Même la construction des bâtiments diffère : la GDF place des plans sur le terrain qui se construisent progressivement, alors que la Dynastie Tempest adopte l'approche du C&C original, en construisant les structures dans le menu avant de les placer instantanément sur le terrain. Cette méthode protège les bâtiments pendant leur construction, mais nécessite une attention particulière lors du déploiement, car les structures en file d'attente ne commenceront pas à être construites tant que les plans terminés n'auront pas été déployés.
Cette asymétrie se manifeste particulièrement dans les unités et le combat. La GDF s'appuie sur des technologies avancées et la collecte d'informations. Son infanterie comprend des pilotes de drones tirant des micro missiles contre les véhicules et avions, tandis que ses unités mécanisées sont soutenues par des véhicules de reconnaissance rapides capables de marquer les cibles ennemies pour augmenter les dégâts infligés. La Dynastie de la Tempête adopte une approche plus agressive, avec une infanterie équipée de lance-flammes et soutenue par des SUV tirant des missiles à sous-munitions et des camions lance-roquettes dévastateurs. Elle dispose également d'unités insolites, comme une sphère métallique géante capable d'écraser instantanément les petites et moyennes unités.
L'arsenal de Tempest Rising recèle de véritables joyaux tactiques. La GDF dispose notamment du trébuchet, un char lourd transformable en canon d'artillerie stationnaire plus puissant. Excellent en défense, il peut également s'avérer redoutable en arrière-garde d'un assaut. Autre unité remarquable, un aéroglisseur de la GDF antiaérien dont le laser gatling décime les unités aériennes de la Dynastie, tout en pouvant déployer une capsule de réparation automatique pour les unités alliées.
La plupart des unités possèdent une capacité active spécifique, complétée par des capacités factionnelles utilisables à tout moment. Ces mécanismes permettent des combinaisons stratégiques puissantes. Par exemple, la GDF peut recruter des tireurs d'élite capables de devenir invisibles pour s'infiltrer dans les positions ennemies. Combinée à la capacité de frappe aérienne sur les zones en ligne de vue, cette unité peut mener des raids de bombardement ciblés sur des bases ennemies éloignées. Attention toutefois aux machinistes de la Dynastie, capables de détecter les unités en mode furtif.
Des campagnes exigeantes et variées
Les campagnes constituent le principal moyen d'apprentissage des spécificités de chaque faction, mais elles dépassent largement le cadre de simples tutoriels. Elles n'hésitent pas à confronter le joueur à des défis complexes. La cinquième mission de la campagne GDF illustre cette exigence : après avoir pris le contrôle d'une base centrale, vous devez intercepter plusieurs convois de la Dynastie traversant différentes zones à des horaires précis. Cela nécessite de neutraliser les défenses ennemies, de déployer suffisamment de puissance de feu pour détruire les convois, tout en repoussant les assauts contre votre base – le tout en 25 minutes environ.
Les missions proposent également des scénarios variés et originaux.
Le studio Slipgate démontre une maîtrise remarquable dans la conception de missions captivantes à partir des mécanismes RTS fondamentaux. Tempest Rising possède cette même immédiateté et cette audace qui rendent les jeux Command & Conquer toujours plaisants trente ans après leur sortie. Les campagnes culminent avec l'introduction d'une troisième faction, les Veti, fonctionnant d'une manière radicalement différente des deux principales. Sans révéler trop de détails, mentionnons que les Veti possèdent des unités particulièrement redoutables, surpassant même les sphères écrasantes de la Dynastie. Leur arrivée dans les campagnes apporte un second souffle bienvenu, culminant dans une mission finale de la campagne GDF particulièrement éprouvante.
Dans l'ensemble, Tempest Rising se présente comme un titre soigné et bien conçu, sans défauts majeurs apparents. Quelques aspects pourraient néanmoins être améliorés. Bien que présente dans la campagne, la troisième faction n'est pas encore jouable en multijoueur ou en escarmouche – son ajout est prévu dans une mise à jour future. Une troisième campagne centrée sur les Veti permettrait également à Tempest Rising de se démarquer davantage de son inspiration.
Par ailleurs, comme les deux campagnes suivent une trajectoire narrative similaire, celle jouée en second lieu n'aura pas le même impact que la première. Enfin, les briefings entre missions rappellent agréablement Command & Conquer, mais les personnages en 3D temps réel ne possèdent pas le charme des séquences FMV délicieusement kitsch de Westwood.
À l'exception des briefings, la présentation visuelle est parfaitement réussie. Tempest Rising est visuellement convaincant en mouvement : les véhicules soulèvent de la poussière en se déplaçant, les bâtiments s'effondrent dans d'impressionnantes explosions, et les avions abattus tourbillonnent avant de s'écraser. Plus remarquable encore, l'environnement sonore est particulièrement soigné. La bande-son rend un hommage enthousiaste à la musique de Command & Conquer
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Deux campagnes, de qualité, vraiment différentes
- Beaucoup de possibilités
- C'est extrêmement beau !
- Gameplay bien pensé
- Un vrai hommage à Command & Conquer
Points négatifs
- Un peu plus de cartes variées serait le bienvenu
- Quelques soucis techniques
- Peu accessible pour les novices
- Les briefings FMV nanardesques ça manque !
En conclusion
À l'exception de l'absence temporaire d'une troisième faction jouable et de quelques personnages plus charismatiques entre les missions, Tempest Rising représente tout ce qu'on pourrait espérer d'un successeur spirituel de Command & Conquer. Ce constat suscite l'enthousiasme, mais aussi un certain soulagement. Le genre RTS connaît un déclin depuis plusieurs années, les jeux de stratégie s'orientant majoritairement vers les tactiques au tour par tour et les grands jeux 4X. Plusieurs tentatives de revitalisation ont été entreprises, sans succès notable.
Plutôt que d'explorer de nouveaux territoires audacieux, Tempest Rising s'attache à défendre et valoriser ce qui a fait la grandeur du RTS à ses débuts. S'il ne révolutionnera probablement pas le genre, Tempest Rising représente exactement ce dont le RTS a besoin actuellement : un retour aux sources maîtrisé, enrichi par une compréhension approfondie des mécanismes qui ont fait le succès du genre.
Le jeu parvient à capturer l'essence de Command & Conquer tout en proposant suffisamment d'innovations pour se distinguer. Sa profondeur stratégique, son rythme soutenu et ses campagnes exigeantes en font une expérience satisfaisante tant pour les vétérans du genre que pour les nouveaux venus. Dans un paysage vidéoludique où le RTS traditionnel se fait rare, Tempest Rising s'affirme comme un défenseur passionné et compétent d'une formule qui a fait ses preuves.
Testé par Maxime Bertrand (Exarfrost)
"Rédacteur chez Consoles-Fan, je moccupe également des streams et de lanimation sur CN Play. Passionné de gaming depuis mes 6 ans, mes consoles préférées sont la Nintendo GameCube ainsi que la Dreamcast. Mais le plus clair de mon temps je le passe à jouer sur mon PC."