L’attente d’un rêve Hobbit
Lorsque Tales of the Shire : Un jeu Seigneur des Anneaux a été annoncé, beaucoup ont vu poindre une promesse séduisante : enfin un titre qui permettrait de vivre pleinement la vie d’un Hobbit, de profiter du Comté autrement que par les yeux d’un simple décor dans les grandes épopées. L’idée était belle : se promener dans des paysages bucoliques, partager des repas copieux, cultiver un potager luxuriant, tisser des liens avec ses voisins et vivre au rythme des saisons. Mais entre la promesse initiale et le résultat final, un gouffre s’est creusé. Ce qui aurait pu être une expérience marquante s’avère trop limité, trop superficiel, et parfois frustrant.
Une ambiance fidèle mais superficielle
Il faut le reconnaître, Tales of the Shire frappe d’abord par son esthétique soignée. Les couleurs vives, les collines verdoyantes et les petites maisons de Hobbits recréent un Comté charmant, presque de carte postale. La bande-son, douce et discrète, accompagne agréablement les balades. Tout semble pensé pour plonger le joueur dans une bulle de tranquillité. Cependant, très vite, on réalise que cette ambiance, si agréable soit-elle, manque d’âme. Les décors sont beaux mais figés, les personnages sympathiques mais peu mémorables, et l’ensemble donne parfois l’impression d’un monde creux, qui se contente d’imiter une vision idyllique du Comté sans jamais lui donner de véritable profondeur. Le cœur du jeu repose sur des activités quotidiennes : cuisiner des recettes, planter quelques légumes, décorer son intérieur, rendre service à ses voisins. Ces tâches sont faciles à prendre en main et conviennent à un large public, mais elles manquent cruellement de variété et de progression. Les mécaniques de cuisine ou de jardinage, qui auraient pu être approfondies pour offrir une vraie satisfaction de gestion, se réduisent à des mini-jeux trop simplistes. La personnalisation de la maison et du jardin, bien que plaisante au début, atteint vite ses limites faute d’options nombreuses. Au lieu de se sentir impliqué dans une véritable aventure Hobbit, on a le sentiment de tourner en rond dans une routine fade. Un des plus grands problèmes de Tales of the Shire est l’absence de tension ou d’objectifs motivants. Là où d’autres jeux de vie comme Stardew Valley ou Animal Crossing parviennent à introduire des systèmes de progression, des surprises et un sentiment d’évolution, Tales of the Shire reste statique. On accomplit des tâches, on gagne quelques objets, on améliore légèrement sa maison, et cela s’arrête là. Aucun événement marquant, aucune mécanique de gestion complexe, aucun rebondissement narratif ne vient rompre la monotonie. Même les interactions sociales manquent d’originalité : les dialogues sont convenus, les quêtes annexes peu inspirées, et rien ne pousse réellement à s’attacher aux personnages.
Une vision trop limitée de la Terre du Milieu
La plus grande déception vient sans doute du potentiel inexploité. La Terre du Milieu regorge d’histoires, de traditions et de détails fascinants, mais le jeu choisit de rester en surface. Les références à l’univers de Tolkien sont là, mais trop légères et souvent anecdotiques. On aurait aimé voir apparaître plus de récits locaux, de petites légendes, ou même une mise en avant de la culture Hobbit au-delà des stéréotypes (manger, jardiner, décorer). En se limitant à une version « carte postale » du Comté, le jeu passe à côté d’une richesse qui aurait pu lui donner une identité plus forte et séduire autant les fans que les nouveaux joueurs.
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Les plus Les moins
Points positifs
- Direction artistique agréable et fidèle au Comté
- Bande-son douce et immersive
- Accessibilité qui ouvre le jeu à tous les publics
- Une proposition originale dans l’univers du Seigneur des Anneaux
Points négatifs
- Gameplay simpliste et vite répétitif
- Manque criant de contenu et de variété
- Monde beau mais creux, peu vivant
- Absence d’enjeux, de surprises et de progression
- Potentiel énorme de l’univers Tolkien largement sous-exploité
En conclusion
Tales of the Shire se présente comme une expérience paisible et réconfortante, mais au final, il ressemble davantage à une coquille vide joliment décorée qu’à une véritable aventure de vie dans la Terre du Milieu. L’atmosphère initiale charme, mais l’ennui s’installe rapidement, faute de contenu profond et de systèmes engageants. L’intention de proposer un jeu Hobbit est louable, mais l’exécution reste trop timide pour convaincre. Ceux qui recherchent un simple moment de détente dans un cadre mignon y trouveront peut-être un certain plaisir, mais les joueurs espérant un vrai jeu de gestion, une immersion riche ou une extension crédible de l’univers de Tolkien repartiront frustrés.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."