Une lettre d’amour aux platformers d’hier

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Ruffy and the Riverside n’est pas un simple hommage aux jeux de plateforme 3D des années 90. C’est une véritable tentative de réinventer une formule adorée mais usée, en injectant une mécanique inédite qui change la manière dont on pense le décor et l’interaction. Avec son esthétique mi-2D mi-3D, ses couleurs vives et son ton léger, le jeu se présente comme un retour à l’enfance vidéoludique, mais avec assez d’idées neuves pour ne pas se contenter de faire vibrer la corde nostalgique. Il s’inscrit dans cette génération de jeux indépendants qui prennent le pari risqué d’aller au-delà du simple pastiche. Et ce pari, aussi imparfait soit-il, mérite le détour.

Le SWAP comme moteur créatif

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La grande idée de Ruffy and the Riverside, c’est le système de « SWAP ». Concrètement, le joueur peut copier la texture ou la propriété d’un élément du décor (une surface gelée, de l’eau, des plantes, une plateforme rebondissante, etc.) pour l’appliquer ailleurs. Ce principe simple transforme la plateforme classique en véritable puzzle environnemental. Soudain, chaque surface devient un outil potentiel, chaque obstacle un problème à aborder avec un esprit de bricoleur. Ce système fonctionne très bien parce qu’il est immédiat. Il ne demande pas d’arbre de compétences, de menus complexes ou de tutoriels interminables. Il s’apprend en jouant. Le plaisir vient du moment « aha », quand on comprend qu’une cascade peut devenir une corde d’escalade ou qu’un mur de feu peut devenir un raccourci si on sait le dupliquer correctement. Ce n’est pas juste une gimmick ; c’est le cœur du jeu. Mais cette force est aussi une de ses faiblesses. Le level design, dans certains cas, bride un peu trop la liberté du joueur. Il arrive souvent qu’un seul swap soit « prévu » par les développeurs, rendant les résolutions un peu dirigistes. Le système appelle à l’expérimentation, mais le jeu n’ose pas toujours lâcher la bride. Visuellement, Ruffy and the Riverside déborde de charme. Les personnages sont animés en 2D façon sprites cartoon, tandis que les décors sont rendus en 3D stylisée avec un vrai souci de texture et de contraste. Le mélange fonctionne étonnamment bien. Il évoque par moments Paper Mario, par d’autres Banjo-Kazooie, mais conserve une identité propre grâce à son usage assumé des couleurs vives et à une mise en scène sobre. L’univers du jeu est coloré sans être criard, joyeux sans être niais. On traverse des villages, des marécages, des montagnes, toujours avec une certaine fluidité. Les transitions sont propres, l’exploration agréable. Il y a un vrai plaisir à simplement se balader, chercher des secrets, ou écouter les petites musiques discrètes qui accompagnent chaque zone. L’ambiance sonore d’ailleurs, bien que minimaliste, soutient parfaitement l’expérience. Elle ne cherche pas à voler la vedette, mais agit comme un liant entre les scènes et les interactions. Ce n’est pas le genre de bande-son qu’on écoutera en dehors du jeu, mais dans le contexte, elle remplit sa fonction avec efficacité.

Une aventure accessible, mais pas dénuée de creux

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Ruffy and the Riverside mise sur la légèreté. Pas de combats nerveux, pas de pression, pas de scores à battre. L’expérience est volontairement détendue. L’histoire tient sur un post-it : on y suit Ruffy, un héros attachant, lancé dans une quête pour sauver ses amis et restaurer l’ordre naturel perturbé par des forces magiques. C’est simple, mais suffisant pour donner un cadre à l’exploration. Le jeu est découpé en zones semi-ouvertes dans lesquelles le joueur doit collecter divers objets pour avancer : lettres, cristaux, marbres, etc. Les complétionnistes auront de quoi faire, d’autant que certains objets ne sont accessibles qu’après avoir débloqué de nouvelles compétences ou compris certaines interactions environnementales. Cependant, cette structure a ses limites. L’aventure peut devenir un peu répétitive à mesure que l’effet de découverte du SWAP s’estompe. Certains puzzles se ressemblent, certains niveaux manquent de variété. Les combats, eux, sont quasi inexistants : on donne un coup de poing, et c’est réglé. Il n’y a pas vraiment de montée en puissance, ni de réels pics de difficulté. C’est à la fois une qualité — le jeu reste toujours accessible — et un défaut — il manque parfois ce petit frisson de tension ou de satisfaction face à un challenge corsé.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Mécanique de SWAP inventive et accessible
  • Direction artistique unique (sprites 2D dans un monde 3D)
  • Ambiance légère, détendue, agréable à parcourir
  • Bonne durée de vie pour un jeu indé
  • Nombreux secrets et objets à collecter pour les curieux

Points négatifs

  • Liberté du SWAP parfois trop limitée par le level design
  • Puzzles qui deviennent répétitifs sur la fin
  • Combats très basiques, quasi anecdotiques
  • Manque de véritable montée en difficulté ou de climax

En conclusion

8
Ruffy and the Riverside ne prétend pas révolutionner le jeu de plateforme, mais il le revisite avec une sincérité et une inventivité qu’on ne peut qu’apprécier. Son système de SWAP, même s’il n’est pas exploité à 100 % de son potentiel, propose une vraie alternative au gameplay standard du genre. Son univers coloré, ses personnages dessinés à la main et sa bande-son apaisante créent une bulle de jeu plaisante, propice à la détente. C’est une aventure qu’on parcourt avec le sourire, sans se presser, en profitant de chaque coin de forêt, de chaque rebord caché. Il y a de l’amour dans ce jeu. De l’amour pour un genre, pour une époque, mais aussi pour une certaine façon de concevoir le jeu vidéo : accessible, amusant, et porté par une mécanique simple mais brillante.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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