L’univers de Once Upon A Puppet invite à un voyage visuel unique, dans un espace où l’onirisme et la poésie se mêlent intimement. On se trouve immédiatement saisi par un théâtre miniature, où chaque marionnette semble attendre qu’on lui donne vie. Le style artisanal du décor — bois, tissus patinés, éclairages travaillés — crée une atmosphère singulière ; ni conte enfantin, ni cauchemar gothique, mais un paysage à la beauté mystérieuse. À l’écoute, une bande-son discrète et sensible accompagne le jeu, un murmure musical qui guide avec délicatesse, sans jamais envahir.

Le vrai tour de force de Once Upon A Puppet repose dans son sens du détail. Chaque plateau de jeu est pensé comme une sculpture vivante : les ombres projetées par les marionnettes, le mouvement imperceptible des rideaux, les éraflures naturelles sur les planches de bois. Cette précision dans l’esthétique rappelle la satisfaction tactile d’un objet artisanal. On pressent l’œil attentif du créateur derrière chaque texture, chaque pli de tissu. Résultat : un espace interactif à miroir de l’imaginaire, où l’on reconnaît immédiatement un style zéro numérique, entièrement fait main. Ce parti pris de tangibilité visuelle fait naître une curiosité presque enfantine : vouloir toucher l’écran, comme pour vérifier que tout cela n’est pas réel, mais bien réel. Pas de menus fastidieux, pas de barres de progression, ni de tutoriels envahissants. Le jeu mise sur l’instinct. Il suffit de tirer une ficelle, d’enfiler un accessoire à la marionnette, de tourner une roue ou ouvrir une trappe : chaque action se réalise naturellement, sans explication. Ce dépouillement favorise une connexion presque organique à l’univers : on s’y sent embarqué, au cœur des manipulations. Certains pourraient regretter ce parti pris minimaliste : peu d’énigmes complexes, une progression parfois très guidée, mais tout cela est assumé. Le tempo demeure fluide, la narration s’enracine non dans la démonstration technique, mais dans le geste. Une parole silencieuse, presque muette, qui laisse au joueur la liberté d’interpréter.

Sans dialogue ni texte explicatif, Once Upon A Puppet raconte pourtant une histoire — ou plutôt plusieurs petits récits enchâssés. Les marionnettes, par de simples postures et accessoires, transmettent une gamme d’émotions : solitude, rencontre, espoir et disparition. Il faut observer, se laisser surprendre par un détail infime : un sourire esquissé, un accessoire qui passe de main en main. Cette narration tacite s’apparente davantage à un poème visuel : les symboles sont là, pas les mots. L’expérience peut dérouter, provoquer un léger malaise chez les joueurs habitués au spectacle bavard et narratif, mais elle offre, en contrepartie, un espace de projection personnelle. L’interprétation devient un dialogue silencieux entre le jeu et le regardeur.

Once Upon A Puppet n’offre pas une aventure conventionnelle, mais une escapade sensorielle délicate. On en ressort avec cette impression d’avoir feuilleté un album d’images en mouvement, sans savoir si on a été spectateur, créateur ou enfant dans un théâtre de poche. Le voyage est court — mais intense —, doté d’un héritage visuel touffu qui persiste après l’extinction de l’écran. Pas un jeu pour les amateurs d’action ou de profondeur mécanique, mais idéal pour les curieux en quête d’expériences visuelles audacieuses.