Lorsqu’une console de nouvelle génération débarque, les joueurs attendent un signal fort. Un jeu qui incarne la promesse de la machine, qui en montre la puissance, la philosophie, et qui donne envie de plonger tête la première dans ce nouveau monde. Nintendo l’a fait avec Wii Sports à l’époque de la Wii, un titre offert (En Europe et en Amérique du moins) qui a su démontrer immédiatement ce que la console avait de spécial. Pour la Switch 2, cette logique aurait dû être conservée. Malheureusement, Welcome Tour, censé jouer ce rôle d’ambassadeur, n’est ni offert, ni convaincant. Vendu séparément à un prix injustifiable, ce soi-disant "tour de bienvenue" n’est qu’une coquille vide : une compilation de fonctionnalités emballée comme un jeu, sans cœur, sans ambition, et sans respect pour les joueurs.

Welcome Tour n’est pas un vrai jeu. C’est un didacticiel maquillé, une démonstration technique qui tente maladroitement de justifier son existence en affichant les fonctionnalités de la Switch 2. Retour haptique, reconnaissance gestuelle, souris, nouvelle caméra infrarouge : tout est présent, mais rien n’est vraiment exploité avec intelligence. Chaque fonctionnalité est abordée superficiellement, comme si le but était juste de dire "regardez, ça existe" sans chercher à créer une expérience mémorable autour. Ce qui aurait pu (et dû) être un module d’introduction gratuit au lancement de la console devient un produit commercialisé, vendu comme un jeu, alors qu’il ne propose ni narration, ni système de progression, ni même une vraie logique de gameplay. C’est une vitrine, mais une vitrine froide, sans âme, qui se regarde à travers une vitre sans jamais créer d’interaction significative. On attend d’un titre de lancement qu’il donne envie de découvrir la console. Welcome Tour provoque l’effet inverse. L’ensemble est d’une fadeur désarmante. Visuellement daté, techniquement anémique, rythmé comme un vieux PowerPoint de salon professionnel, le jeu échoue à convaincre à tous les niveaux. Les possibilités offertes par la Switch 2 sont évoquées sans jamais être valorisées. On teste, on passe à autre chose, on oublie. Rien ne marque, rien ne surprend. Là où Nintendo aurait pu faire preuve d’ingéniosité, de folie, ou simplement d’efficacité, l’éditeur livre une suite de mini-expériences mécaniques et froides, à la limite du produit bêta. Le comble, c’est que même les fonctionnalités censées impressionner sont mal mises en scène. Rien n’est spectaculaire. Rien ne donne envie d’en parler.

Ce qui rend Welcome Tour encore plus difficile à avaler, c’est son positionnement. Vendu séparément, comme un "jeu" de lancement, il envoie un message malvenu : il ne s’agit pas d’accueillir le joueur, mais de le faire passer à la caisse pour un contenu qui aurait dû être intégré d’office à la console. À aucun moment, le produit ne justifie son prix. À aucun moment, il ne donne l’impression d’être plus qu’un outil de communication interne déguisé. Il ne s’adresse ni aux joueurs expérimentés (qui s’ennuieront en quelques minutes), ni aux nouveaux venus (qui n’en retireront rien d’utile). C’est un produit sans cible, sans but, sans générosité. Et ça, pour Nintendo, c’est une trahison. L’entreprise qui a su populariser les consoles grâce à des expériences simples, fun et immédiatement accessibles signe ici l’un de ses pires lancements.

Nintendo Switch 2 Welcome Tour aurait pu être un outil utile, s’il avait été offert. En tant que contenu payant, il devient le symbole d’un lancement manqué. Il ne montre pas la console sous son meilleur jour, ne divertit pas, n’apprend rien, et ne fait que souligner l’écart entre les ambitions de Nintendo et la réalité du produit. Là où Wii Sports créait une magie immédiate, Welcome Tour provoque un désintérêt immédiat. Ce n’est pas un tour de bienvenue, c’est un rappel que le marketing ne remplace pas une vraie idée de jeu. Une expérience vide, indigne d’un constructeur qui prétend réinventer la façon de jouer.