Le retour acéré d’un mythe vidéoludique
Ninja Gaiden 4 marque le grand retour d'une franchise qui, pendant près d'une décennie, est restée silencieuse. Longtemps considérée comme l'une des séries les plus exigeantes du jeu d'action, elle a forgé sa réputation sur la précision de son gameplay, sa difficulté impitoyable et la prestance de son héros, Ryu Hayabusa. Ce quatrième épisode, longtemps espéré mais jamais garanti, arrive dans un paysage vidéoludique transformé, où les standards de l’action ont évolué, où la narration est devenue centrale, et où l’exigence technique est bien plus haute qu’à l’époque de ses prédécesseurs. La question principale était donc simple : Ninja Gaiden peut-il encore exister, voire briller, en 2025 ? La réponse, sans détour, est oui. Et pas timidement. Ce nouvel opus parvient à respecter l’héritage de la série tout en injectant suffisamment de modernité, de richesse et de maîtrise pour s’imposer comme l’un des meilleurs jeux d’action de son époque.
L’art de tuer avec élégance et précision
Le système de combat reste le pilier central de Ninja Gaiden 4, et il a été affûté comme jamais. Dès les premiers affrontements, la sensation de contrôle total est frappante. Chaque coup, chaque esquive, chaque parade est instantanée, précise et violente. Ce n’est pas un jeu où l’on bourrine : c’est un jeu où chaque mouvement doit être réfléchi, surtout en difficulté élevée. Les combos sont nombreux, évolutifs, et varient en fonction des armes, qui sont toutes équilibrées avec soin. Le katana classique offre une approche polyvalente, tandis que les doubles katanas misent sur la vitesse, la faux sur la portée, et les griffes sur les attaques aériennes.
Une nouveauté importante est l’introduction d’un système d’adrénaline, où plus le joueur évite les coups et réussit des éliminations parfaites, plus il peut déclencher des techniques ultimes spectaculaires. Ces techniques sont aussi esthétiques qu’utiles stratégiquement. On retrouve également des éléments de personnalisation poussés : arbres de compétences spécifiques à chaque style de combat, choix de postures et synergies d’équipement. Le tout donne au joueur une liberté tactique rare dans ce genre, tout en gardant une pression constante, renforcée par une IA agressive (bien que perfectible). Les boss, nombreux et tous mémorables, incarnent l’apothéose de cette mécanique, chacun proposant une lecture unique, avec des patterns mortels et des mises en scène épiques. L’univers de Ninja Gaiden 4 a gagné en densité et en profondeur. Là où les anciens opus se contentaient d’enchaîner les niveaux avec peu de liens narratifs, ce nouvel épisode s’ouvre sur un Japon en pleine crise, où les forces occultes envahissent les ruelles des mégalopoles, les forêts sacrées et les sanctuaires oubliés. Le jeu alterne habilement entre les environnements modernes (tours high-tech, autoroutes désolées, bunkers militaires) et les lieux empreints de mysticisme (temples en ruines, royaumes démoniaques, paysages spirituels). Cette dualité est non seulement esthétique mais aussi thématique : elle reflète le tiraillement de Ryu entre ses devoirs modernes de sauveur et son héritage de ninja traditionnel.
L’histoire, bien que discrète dans sa narration, prend le temps de poser des enjeux clairs. Il ne s’agit pas seulement de sauver le monde, mais de comprendre les racines du mal, les dilemmes personnels du héros, et les motivations parfois ambiguës de ses alliés comme de ses ennemis. On retrouve quelques figures classiques de la série, mais aussi de nouveaux personnages plus développés que jamais dans un Ninja Gaiden. Loin d’être bavard, le jeu laisse souvent l’environnement parler, en racontant des histoires à travers l’architecture, les symboles et les changements d’ambiance. Mention spéciale aux zones annexes, cachées mais extrêmement travaillées, qui proposent des bribes de lore et des affrontements optionnels intenses.
Maîtrise, fluidité et immersion sensorielle
Sur le plan technique, Ninja Gaiden 4 impressionne d’abord par sa fluidité. Sur consoles de dernière génération (testé sur Xbox Series X), il tourne en 60 FPS constants, même dans les scènes les plus chargées en ennemis, en effets de lumière ou en particules. Cette stabilité est essentielle pour un jeu aussi centré sur le réflexe et la réactivité. Graphiquement, le jeu ne vise pas le réalisme pur, mais opte pour une direction artistique cohérente, stylisée, et souvent magnifique. Les effets de lumière, les mouvements de caméra dynamiques en combat, les textures détaillées des environnements, tout contribue à une immersion totale.
Le sound design est un autre point fort. Les impacts des coups sont secs et puissants, les cris d’ennemis sont glaçants, et les musiques adaptatives montent en intensité à mesure que les combats deviennent critiques. L’OST, mêlant percussions japonaises, synthés industriels et nappes orchestrales, colle parfaitement au ton du jeu. À noter aussi l’effort important mis sur les vibrations haptiques, la spatialisation sonore et l’intégration du HUD, minimaliste mais efficace. On regrettera simplement quelques bugs de collision mineurs, une IA qui peut parfois être contournée un peu trop facilement, et un mode photo qui aurait mérité plus d’options. Mais dans l’ensemble, la finition est remarquable.
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Système de combat d’une précision chirurgicale et extrêmement gratifiant
- Variété des styles de jeu et personnalisation poussée
- Univers sombre, riche, et artistiquement maîtrisé
- Direction sonore immersive et OST inspirée
- Excellente fluidité et finition technique
Points négatifs
- IA ennemie parfois prévisible malgré l’agressivité
- Quelques bugs de collision et soucis mineurs de caméra
- Structure un peu trop linéaire par moments
- Peu d’innovation du côté du level design
En conclusion
Ninja Gaiden 4 n’est pas juste un bon jeu : c’est une déclaration d’intention. Celle qu’un jeu d’action peut être à la fois technique, exigeant, stylé et profondément satisfaisant sans renier ses racines. C’est aussi une preuve que la saga Ninja Gaiden peut évoluer avec son temps sans trahir ce qui en faisait l’identité. Le rythme est soutenu, la difficulté gratifiante, le gameplay sans faille, et le tout enveloppé dans un univers bien plus riche qu’attendu.
Ce n’est pas un jeu qui cherche à plaire à tout le monde. Il demande de l’implication, de la rigueur et parfois de l’acharnement. Mais pour ceux qui acceptent ce pacte, la récompense est immense : une aventure qui reste en mémoire, une montée en compétence grisante, et un sentiment de puissance rarement atteint dans un jeu vidéo. Ninja Gaiden 4 est plus qu’un retour. C’est une résurrection.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."