Le rêve brisé d’un retour attendu

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Mafia : The Old Country s’annonçait comme un événement vidéoludique. La promesse d’un retour aux sources, d’un voyage dans les racines de la saga, capable de marier la force narrative du premier opus, l’ampleur dramatique du second et la modernité technique des productions actuelles. Tout semblait réuni pour redonner ses lettres de noblesse à une licence adulée par les fans de drames criminels. Le studio avait juré de livrer une œuvre sombre, mature, fidèle à l’esprit mafieux et cinématographique qui a toujours fait le sel de la franchise. Mais à la sortie, la claque espérée se transforme en gifle inversée : Mafia : The Old Country n’est pas seulement une déception, c’est un jeu qui échoue là où il devait briller. De l’écriture au gameplay, en passant par la réalisation, tout respire l’inachevé et le manque d’inspiration, comme si l’équipe avait voulu rejouer une partition sans savoir en manier les notes.

Quand la fresque mafieuse perd toute saveur

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La série Mafia a toujours su se distinguer de ses concurrents par la puissance de sa narration. Des personnages complexes, des destins tragiques, une immersion totale dans l’univers du crime organisé. Ici, l’illusion s’effondre rapidement. Le scénario de Mafia : The Old Country ne parvient jamais à captiver : les protagonistes sont réduits à des archétypes éculés, sans profondeur ni évolution. Le héros, censé incarner la dualité entre loyauté familiale et désir de liberté, se contente de dérouler un parcours convenu, ponctué de répliques stéréotypées. Les antagonistes manquent de charisme et les trahisons, pourtant censées être des temps forts, sont téléphonées au point de paraître anecdotiques. Pire encore, le rythme narratif enchaîne des longueurs insupportables : des cinématiques interminables, souvent mal mises en scène, qui ne disent rien de plus que ce que le joueur devine déjà. Les quelques tentatives de séquences émotionnelles tombent à plat, faute d’une écriture subtile. Là où Mafia premier du nom avait réussi à marquer les esprits avec une histoire poignante, Mafia : The Old Country ne provoque qu’indifférence et ennui. On assiste à un récit sans saveur, une coquille vide qui trahit l’ADN de la licence. Sur le plan du gameplay, le constat est tout aussi amer. Conduire une voiture dans Mafia : The Old Country, c’est remonter dix ans en arrière : direction flottante, sensation d’inertie exagérée, collisions hasardeuses… La promesse d’un monde ouvert crédible et vivant se heurte à des mécaniques bancales qui brisent l’immersion. Les fusillades, elles, manquent totalement de nervosité. Les armes semblent dépourvues de puissance, les sensations de tir sont molles, et l’intelligence artificielle des ennemis se réduit à courir bêtement vers le joueur ou à rester statique derrière une couverture. Chaque échange de balles devient une corvée au lieu d’un moment de tension dramatique. À cela s’ajoute une structure de missions désespérément répétitive. Qu’il s’agisse d’infiltrer un entrepôt, de liquider un gang rival ou de protéger un personnage secondaire, tout se déroule de la même manière : approche discrète optionnelle, fusillade obligatoire, fuite en véhicule. Le schéma est usé dès les premières heures et se répète jusqu’à la fin, sans jamais chercher à se renouveler. Quant aux activités secondaires, elles relèvent du remplissage paresseux : collecter des objets insignifiants, réaliser des courses fades ou éliminer des cibles sans intérêt. Rien ne donne envie de s’attarder dans ce monde ouvert, qui paraît plus décoratif que réellement interactif.

Quand la technique ne cache pas le vide

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Visuellement, Mafia : The Old Country fait illusion lors des premières minutes. Les panoramas urbains sont parfois splendides, les éclairages réussis, et certaines scènes offrent de jolis clichés. Mais la façade craque vite. Les bugs pullulent : textures qui se chargent en retard, PNJ coincés dans le décor, visages inexpressifs, et même des scripts qui ne se déclenchent pas, forçant à relancer la mission. L’intelligence artificielle, déjà problématique dans le gameplay, se révèle catastrophique dans la mise en scène : ennemis qui ne réagissent pas aux coups de feu, passants qui traversent les routes sans logique, policiers qui passent de l’aveuglement total à l’agressivité injustifiée. La bande-son, elle, sauve un peu les meubles grâce à une sélection musicale cohérente avec l’époque représentée. Mais les doublages oscillent entre le correct et le ridicule, avec des accents forcés et des intonations dignes d’une mauvaise série télévisée. Quant à la mise en scène sonore, elle manque de subtilité : explosions trop faibles, coups de feu mal mixés, dialogues parfois couverts par la musique. Résultat : l’atmosphère, censée plonger le joueur dans une immersion totale, sonne faux et finit par renforcer le sentiment d’un produit bâclé.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Quelques panoramas visuellement réussis et inspirés
  • Une bande-son musicale qui reste agréable et cohérente avec l’époque
  • L’univers mafieux conserve un certain potentiel malgré tout

Points négatifs

  • Scénario fade, prévisible et dénué d’émotion
  • Personnages caricaturaux, sans profondeur ni évolution
  • Gameplay rigide, daté et répétitif à outrance
  • Monde ouvert artificiel, vide et sans activités intéressantes
  • Fusillades sans intensité, armes molles, IA ridicule, bugs nombreux et immersion brisée

En conclusion

5
Mafia : The Old Country restera comme l’exemple parfait d’un jeu qui avait tout pour séduire mais qui se perd dans l’exécution. L’ambition de renouer avec l’esprit de la saga se transforme en une caricature de ce qu’elle fut jadis. Au lieu d’un récit marquant, on obtient une histoire fade ; au lieu d’un gameplay immersif, une succession de mécaniques lourdes ; au lieu d’une réalisation maîtrisée, une accumulation de bugs et d’approximations. Ce titre, censé redonner du souffle à la licence, ne fait que l’enterrer un peu plus, en trahissant les attentes des joueurs de longue date. C’est un rendez-vous manqué, une immense frustration, et surtout une déception à la hauteur des promesses non tenues.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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