Une pause calme dans le chaos du monde vidéoludique

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Dans un marché saturé de jeux qui misent sur la surenchère graphique, les mécaniques complexes et les boucles de gameplay frénétiques, Islanders : New Shores prend résolument le contrepied. Développé par The Station, ce city-builder minimaliste propose une alternative rare et précieuse : un espace de jeu lent, fluide, sans conflit ni chronomètre, où l’unique pression vient de la recherche du placement idéal. Ce n’est ni un simulateur de ville réaliste, ni un jeu de gestion complexe. C’est une expérience méditative, presque zen, qui repose entièrement sur une boucle simple mais soignée : bâtir, marquer, recommencer. Dans sa version New Shores, le jeu prend de l’ampleur sans trahir sa philosophie d’origine. Et c’est précisément là qu’il brille.

Un puzzle urbain où chaque choix compte

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Le cœur du gameplay d’Islanders : New Shores reste inchangé : chaque joueur commence avec une île générée aléatoirement et un ensemble de bâtiments. Ces structures rapportent des points selon leur position : les moulins aiment les champs, les scieries se nourrissent d’arbres, les maisons s’épanouissent à proximité de marchés ou de tavernes. L’idée n’est pas de créer une ville fonctionnelle, mais une composition optimisée. Ce qui frappe immédiatement, c’est la pureté du système : pas d’interface envahissante, pas d’objectifs secondaires, juste des règles limpides et un plaisir immédiat. La version New Shores ajoute une couche de profondeur avec de nouvelles îles, des conditions différentes, et surtout une flexibilité accrue dans les bonus disponibles, ce qui pousse à repenser ses approches. Le rythme reste lent, mais les dilemmes sont réels : vaut-il mieux poser cette structure maintenant ou attendre une configuration plus favorable ? Tout repose sur l’anticipation, la géométrie, et une forme douce de prise de risque. Visuellement, Islanders : New Shores mise sur le minimalisme et la lisibilité. Les couleurs sont franches, les formes géométriques nettes, et chaque bâtiment a une identité claire. Le style graphique est volontairement épuré, mais ne manque pas de charme. Chaque biome possède sa palette et son ambiance : les îles volcaniques, par exemple, offrent des tons sombres et un relief accidenté, tandis que les forêts boréales respirent la fraîcheur et la simplicité. Ce qui marque surtout, c’est la cohérence : tout est pensé pour apaiser. La musique d’ambiance, discrète mais efficace, agit comme une caresse sonore, favorisant une concentration détendue. Rien ne vient perturber l’expérience : pas de notifications, pas de voix-off, pas de catastrophes naturelles. Tout est fluide, du début à la fin. On joue sans stress, mais pas sans réflexion. Il y a une forme de poésie silencieuse dans l’acte de poser une maison sur une falaise ou d’aligner une série de champs au bord d’une rivière. Cela ne raconte rien… et pourtant, chaque île devient un micro-récit en soi.

Des limites assumées, une proposition claire

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Mais Islanders : New Shores n’est pas sans failles, ni sans limites. À force de simplicité, il risque de laisser sur le bord de la route les joueurs en quête d’objectifs à long terme. Il n’y a pas de scénario, pas d’évolution technologique, pas de chaîne de production. Une fois les mécaniques intégrées, la répétitivité peut s’installer. Même avec l’ajout de nouveaux environnements ou d’options créatives, la boucle de gameplay reste la même. Il manque parfois ce petit frisson qu’apporte un défi inattendu, ou ce sentiment de progression que procurent d’autres city-builders plus complexes. Le mode bac à sable, bien qu’apprécié, arrive un peu tard et reste sommaire. On aurait aimé plus d’outils de personnalisation, plus de liberté dans l’organisation, peut-être même un éditeur de cartes. Pourtant, ces critiques ne remettent pas en cause la qualité de l’expérience proposée. Islanders n’a jamais promis d’être un simulateur complet. Il assume pleinement son ambition : offrir un espace de jeu clair, sain, esthétique. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde, et c’est sans doute pour cela qu’il plaît autant à ceux qui s’y retrouvent.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Système de jeu clair, élégant et immédiatement compréhensible
  • Esthétique apaisante, cohérente et lisible
  • Bande-son discrète mais enveloppante
  • Variété de biomes et de structures renforcée dans cette version
  • Mode Sandbox enfin présent pour construire librement

Points négatifs

  • Faible profondeur stratégique à long terme
  • Absence de narration ou d’objectifs complexes
  • Peu de personnalisation ou de libertés créatives dans le placement
  • Mode bac à sable un peu limité dans ses outils
  • Peut devenir répétitif après plusieurs heures continues

En conclusion

8
Islanders : New Shores est un jeu rare, parce qu’il ne ressemble à aucun autre. Dans un monde vidéoludique dominé par l’intensité, il propose la contemplation. Il ne cherche pas à occuper tout votre temps, mais à vous offrir un moment de respiration. C’est une parenthèse dans laquelle on entre comme on entre dans un jardin zen, pour y retrouver un peu de calme, un peu d’ordre, un peu de beauté. Ce n’est pas un jeu pour marathoniens du clic, ni pour gestionnaires compulsifs. C’est une expérience brève, mais renouvelable à l’infini. Chaque île est un défi calme, chaque session une micro-séance de design méditatif. New Shores ne transforme pas la formule, mais l’affine. Il ne révolutionne rien, mais il confirme que le minimalisme peut être une forme d’excellence. Si l’on accepte ses règles et ses limites, c’est un petit bijou de sérénité urbaine.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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