Dans Instants, vous recevez une lettre d’un proche : un ami, un membre de la famille ; vous confiant une mission simple et intime : composer un album photo en remettant des clichés dans l’ordre chronologique. À partir de ce point de départ minimaliste, le jeu déploie une expérience contemplative axée sur la création, l’ambiance et la douceur. Le gameplay repose principalement sur l’agencement des photos, la décoration de l’album via un système de scrapbooking (stickers, scotch décoratif, feuilles de papier, petites légendes manuscrites…), et quelques activités d’ambiance comme siroter une boisson chaude avec des chamallow, croquer un bretzel, ou encore changer la musique grâce à un baladeur à cassettes. Une touche qui renforce l’immersion, rendant l’expérience presque méditative. Si un doute survient sur l’ordre des photos, un petit chat propose des indices ; manière habile de ne jamais bloquer le joueur. Porté par une direction artistique épurée, des illustrations délicates aux accents pastel cartoon, et une bande-son feutrée, Instants mise tout sur l’émotion et l’atmosphère. En cela, le contrat est rempli : on s’y sent bien, dans un cocon esthétique et sensoriel.

Cependant, la magie opère… un peu trop brièvement. En à peine deux heures, l’album est complété, tous les succès sont débloqués, et l’aventure touche à sa fin. La narration, volontairement elliptique, ne propose guère de pistes de réflexion au-delà du cadre proposé, et l’absence de rejouabilité limite fortement l’intérêt de relancer une partie. Dès lors, difficile de ne pas tiquer face au prix affiché (12 €) pour une œuvre aussi courte et peu rejouable. Non pas que Instants ne mérite pas d’être joué, mais à ce tarif, mieux vaut peut-être attendre une promotion pour savourer cette bulle de poésie sans arrière-goût amer.

Instants est une parenthèse douce, un jeu qui invite à ralentir, à s’attarder sur de petits riens et à composer des souvenirs fictifs avec soin. Mais derrière cette bulle de bien-être se cache une expérience trop fugace, trop limitée, pour vraiment marquer les esprits. En misant tout sur l’ambiance au détriment du fond, le jeu peine grandement à justifier son prix et laisse un goût d’inachevé une fois l’album refermé. Reste un moment agréable, certes, mais très éphémère ; à découvrir en promotion si l’on cherche simplement une heure ou deux de calme dans un écrin pastel.