L'ambiance toujours au centre !
Sorti pour la première fois sur la plateforme Stadia en 2019, puis rendu disponible sur d’autres supports, GYLT est un jeu d’aventure à la troisième personne développé par Tequila Works. Ce studio espagnol est également à l’origine de titres comme Rime et The Sexy Brutale, et continue avec GYLT à explorer des thèmes profonds et émotionnels. Ce jeu, bien qu’il s’inscrive dans le genre de l’horreur psychologique, ne se contente pas de faire peur au joueur. À travers l’histoire de Sally, une jeune fille à la recherche de sa cousine disparue, GYLT aborde des sujets délicats comme le harcèlement scolaire, les peurs enfantines et l’isolement. Ce mélange de narration poignante, de gameplay accessible et d’univers visuellement captivant en fait une expérience unique, bien qu’elle puisse laisser certains joueurs sur leur faim en termes de complexité de jeu. Dans cet avis approfondi, nous allons explorer les différentes facettes du jeu, des éléments immersifs aux aspects plus techniques, tout en pesant les points positifs et négatifs.
Immersion, narration et accessibilité
Ce qui frappe immédiatement dans GYLT, c'est la force de sa direction artistique. Dès les premiers instants du jeu, on se retrouve plongé dans un monde qui oscille entre le réel et le fantastique. L’ambiance visuelle est très réussie, avec une esthétique qui rappelle les films d’animation sombres comme ceux de Tim Burton ou encore Coraline. Le style visuel, à mi-chemin entre le cartoon et le réalisme, permet d’amplifier les contrastes entre le monde réel et l’univers cauchemardesque que traverse Sally.
L’éclairage joue un rôle crucial dans cette atmosphère oppressante. Les décors, souvent plongés dans une obscurité angoissante, ne sont éclairés que par la faible lueur d’une lampe torche, renforçant le sentiment de solitude et de vulnérabilité de l’héroïne. Le sound design est également un élément clé de l’immersion. Les bruits ambiants, les grognements lointains des créatures, et la musique angoissante contribuent à instaurer une tension constante. À chaque coin de rue, le joueur ressent une appréhension palpable, sans jamais être certain de ce qui l’attend dans l’ombre.
Ce sentiment de peur, bien que maîtrisé, ne bascule jamais dans la terreur pure et dure. GYLT préfère jouer sur une horreur plus psychologique, laissant place à des moments d’introspection plutôt qu'à des séquences d’action effrénées ou de frayeurs brutales. Cette approche permet au jeu d'attirer un large public, même ceux qui ne sont pas habitués aux jeux d'horreur traditionnels. Si l’ambiance et la direction artistique de GYLT sont ses points les plus forts, son gameplay reste assez classique, voire simpliste, pour un jeu d’aventure à la troisième personne. Le jeu mélange plusieurs phases d'exploration, d'infiltration et de résolution d'énigmes, mais n’offre pas une réelle complexité dans ses mécaniques. Les énigmes sont généralement faciles à résoudre et n’apportent pas un grand défi pour les joueurs habitués aux jeux de réflexion. Néanmoins, elles restent en accord avec la progression narrative et permettent de maintenir un certain rythme dans l’aventure.
L’un des aspects centraux du gameplay repose sur l’infiltration. Sally doit éviter des créatures menaçantes qui rôdent dans la ville en utilisant des cachettes ou des objets pour détourner leur attention. Cette mécanique, bien que stressante au début, peut rapidement devenir répétitive. Les ennemis manquent de variété et leur IA n’est pas particulièrement sophistiquée, ce qui enlève un peu de la tension au fur et à mesure de la progression du jeu.
Cependant, là où GYLT compense son gameplay simplifié, c’est dans son souci de rendre l’expérience accessible à un large public. Les contrôles sont intuitifs, et la prise en main est immédiate, ce qui permet aux joueurs, même les moins expérimentés, de profiter de l’histoire sans frustration. Cette accessibilité, combinée à l’atmosphère immersive, en fait un jeu qui peut plaire autant aux amateurs de narrations fortes qu’à ceux qui recherchent une expérience de jeu plus légère.
Une histoire émotive et des thèmes puissants
Là où GYLT excelle vraiment, c’est dans la façon dont il traite ses thèmes centraux. Le harcèlement scolaire est au cœur de l’intrigue, et Tequila Works aborde ce sujet avec une grande sensibilité. Le personnage de Sally, une jeune fille fragile et isolée, est confronté à des peurs très personnelles, symbolisées par les monstres qu’elle rencontre dans la ville. La disparition d’Emily, sa cousine, est le point de départ d’une quête qui n’est pas seulement physique, mais aussi psychologique.
Les créatures qui hantent l’univers de GYLT ne sont pas que des menaces externes ; elles sont également le reflet des peurs et des angoisses intérieures de Sally. Cette métaphore constante entre le monde réel et le monde imaginaire renforce l’idée que le jeu n’est pas seulement une aventure, mais aussi un voyage introspectif sur la souffrance liée au harcèlement et à l’isolement social. Cette approche narrative donne au jeu une dimension émotionnelle rare, et le message qu’il véhicule résonne longtemps après avoir posé la manette.
Cependant, on peut regretter que certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur. Alors que Sally bénéficie d’un développement psychologique intéressant, les autres protagonistes, y compris Emily, restent en retrait et sont parfois sous-exploités. Cette faiblesse dans le développement des relations entre les personnages diminue quelque peu l’impact émotionnel que l’histoire aurait pu avoir, mais cela n’enlève rien à la pertinence des thèmes abordés.
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Les plus Les moins
Points positifs
- Direction artistique sublime, mélange de réalisme et de fantastique
- Ambiance sonore immersive qui renforce la tension
- Une histoire émotive abordant des thèmes sensibles comme le harcèlement
- Gameplay accessible pour les joueurs de tous niveaux
- Une horreur psychologique qui mise plus sur l’ambiance que sur les frayeurs immédiates
Points négatifs
- Gameplay parfois trop simpliste, notamment les phases d’infiltration répétitives
- Manque de variété dans les ennemis et les mécaniques de jeu
- Personnages secondaires manquant de profondeur et d’impact émotionnel
En conclusion
GYLT est un jeu d’aventure qui mise avant tout sur son atmosphère unique et sa narration poignante. Tequila Works réussit à offrir une expérience immersive, où l’horreur psychologique prend le pas sur les mécaniques de gameplay complexes. Si le jeu peut sembler répétitif dans certaines de ses phases d’infiltration, il n’en reste pas moins captivant grâce à son style visuel distinctif et aux thèmes profonds qu’il aborde. GYLT n’est pas un jeu qui cherche à faire peur de manière brute, mais plutôt à faire réfléchir et à émouvoir. Il s’adresse avant tout aux joueurs qui recherchent une aventure axée sur l’ambiance et l’histoire plutôt que sur l’action pure.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."