Une résurrection en demi-teinte

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Avec Gex Trilogy, Square Enix, Crystal Dynamics et Limited Run Games ravivent une mascotte qui a marqué toute une époque sans jamais vraiment atteindre les sommets. Gex, ce gecko bavard accro à la télévision, revient dans une compilation réunissant les trois jeux sortis entre 1995 et 1999. Le concept reste inchangé : sauter de chaîne en chaîne, explorer des niveaux inspirés de genres télévisés, et balancer des punchlines toutes les dix secondes. Le tout repose sur une ambiance satirique, une avalanche de références pop culture et un style de plateforme en 2D ou 3D selon les épisodes. Si l’intention est louable, le résultat s’avère plus contrasté qu’espéré. Cette compilation oscille entre nostalgie bien exploitée et pièges techniques non évités, entre hommage sincère et dépoussiérage partiel.

Une remastérisation technique loin d’être ambitieuse

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Sur le plan visuel, Gex Trilogy ne cherche pas à tout réinventer, mais plutôt à rendre les jeux jouables dans des conditions modernes. Résolution HD, menus uniformisés, textures lissées : les bases sont là. Les couleurs ressortent mieux qu’à l’époque, certaines animations ont été retouchées, et l’ensemble tourne de manière stable. Cependant, ce travail reste superficiel. Les modèles 3D restent anguleux, les décors sont pauvres en détails, et les effets d’éclairage sont quasi absents. À aucun moment on ne sent un vrai saut qualitatif, comme peuvent l’offrir d’autres remasters récents. Même les cinématiques conservent leur rendu compressé d’origine. Le sound design, lui, est resté quasi intact : musiques simples mais efficaces, et doublages (en anglais comme en français) conservés dans leur jus. Cela donne du charme, mais contribue aussi à ancrer la compilation dans son époque au lieu de la moderniser. Le vrai talon d’Achille de cette trilogie se trouve dans son gameplay. Dans Gex 1, jeu de plateformes 2D, les contrôles sont assez précis mais lents et rigides. Gex 2 et 3, qui passent à la 3D, souffrent davantage : la caméra est souvent mal placée, les sauts manquent de justesse, et les hitboxes sont parfois frustrantes. Les développeurs ont intégré quelques options de confort (comme le remapping des touches ou la sauvegarde rapide), mais sans revoir les mécaniques en profondeur. Résultat : l’expérience reste très datée, avec un rythme saccadé et un manque de fluidité dans les déplacements. Les niveaux, pourtant variés dans leur direction artistique (parodies de films d’espionnage, de sitcoms, de dessins animés...), finissent par se répéter dans leur structure et leurs objectifs. On explore, on collecte, on répète. Si certains mondes déclenchent un sourire grâce à une vanne absurde ou un décor bien trouvé, l’usure arrive vite. Le jeu semble davantage miser sur le capital nostalgie que sur un réel plaisir de jeu renouvelé.

Une proposition qui ne va pas au bout

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L’identité de Gex repose en grande partie sur son humour, qui se veut satirique, méta, parfois absurde. À l’époque, entendre un lézard balancer des répliques façon stand-up toutes les dix secondes était rafraîchissant. Aujourd’hui, l’effet varie selon la sensibilité du joueur. Certaines vannes font encore mouche, surtout si l’on a grandi avec les références évoquées (talk-shows, blockbusters des années 90, chaînes câblées), mais d’autres tombent à plat ou deviennent répétitives. On peut entendre la même réplique trois fois en une minute, sans possibilité de les désactiver entièrement. Cela alourdit l’expérience. Plus largement, la Gex Trilogy rate l’occasion de contextualiser ou de rehausser ces éléments. En termes de bonus vous trouverez un musée du rétro sans guide, sans recul, et sans vrai supplément d’âme. Le travail d’archivage est minimaliste, presque mécanique.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Trois jeux complets réunis dans une seule édition
  • Univers original basé sur la télévision et la pop culture
  • Doublages conservés, ambiance fidèle à l’époque
  • Direction artistique parfois inspirée
  • Quelques améliorations de confort

Points négatifs

  • Caméra et gameplay très datés, surtout en 3D
  • Graphismes à peine améliorés, manque de refonte en profondeur
  • Humour répétitif et parfois lourd
  • Contenu bonus rachitique
  • Niveaux redondants, objectifs peu variés

En conclusion

5
Gex Trilogy ravive une licence oubliée avec un certain respect pour le matériel d’origine, mais sans jamais chercher à l’élever. C’est une compilation correcte pour les nostalgiques curieux ou les collectionneurs, mais qui peine à séduire au-delà de ce cercle. En n’osant pas revoir les mécaniques, ni enrichir le contenu, ni contextualiser son époque, le retour de Gex se transforme en vitrine figée d’une époque révolue, plus qu’en vraie renaissance. Le charme agit par moments, mais l’ennui s’installe vite. Gex méritait peut-être mieux… ou alors une simple place dans une compilation rétro, sans la prétention d’un retour en grandes pompes.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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