Sorti en 1999 et développé par Capcom, Dino Crisis est un titre emblématique du genre survival horror qui a su se démarquer par son concept audacieux : remplacer les zombies par des dinosaures. Créé par Shinji Mikami, le cerveau derrière la série Resident Evil, Dino Crisis reprend plusieurs éléments de gameplay de son prédécesseur tout en introduisant des mécaniques qui lui sont propres. Le jeu se déroule dans un complexe de recherche isolé sur une île, où des expériences scientifiques ont mal tourné, réveillant ainsi des créatures préhistoriques dangereuses. Le joueur incarne Regina, membre d'une équipe spéciale envoyée pour enquêter sur ce qui s’est passé. Dès les premières minutes, l’ambiance oppressante et la tension palpable vous plongent dans une atmosphère angoissante où chaque pas peut devenir un piège mortel. L’originalité du jeu repose en grande partie sur son bestiaire : affronter des dinosaures, des créatures rapides, agiles et imprévisibles, offre une dynamique de survie différente des autres titres de l’époque.

Le gameplay de Dino Crisis se distingue par son mélange d’action et de réflexion. Le joueur doit gérer ses ressources avec une grande prudence, car les munitions et les objets de soin sont rares, et les dinosaures représentent un danger constant. Contrairement aux zombies lents de Resident Evil, les ennemis dans Dino Crisis sont rapides, féroces et capables de poursuivre le joueur dans différentes pièces, ce qui amplifie l’impression de vulnérabilité. Pour compenser cette difficulté, le jeu propose un système de pièges que le joueur peut utiliser pour ralentir ou neutraliser temporairement les dinosaures, ajoutant une dimension stratégique à chaque rencontre. L’aspect exploration est également très présent, avec des énigmes à résoudre et des zones à déverrouiller, bien que certaines de ces énigmes puissent parfois paraître un peu trop complexes ou éloignées de l’intrigue principale. La gestion de la tension est parfaitement maîtrisée grâce à une bande-son angoissante, des bruitages réalistes, et une utilisation intelligente des silences, qui renforcent le sentiment d'insécurité permanente.

Cependant, malgré ses nombreuses qualités, Dino Crisis présente aussi des défauts qui peuvent limiter l’expérience de jeu, surtout pour les joueurs d’aujourd'hui. L'un des principaux reproches concerne la caméra fixe, typique des jeux d’horreur de cette époque, qui peut parfois rendre les combats frustrants. Il est souvent difficile d'évaluer correctement les distances ou de voir les ennemis lorsqu’ils se trouvent hors champ, ce qui rend certains affrontements plus complexes qu'ils ne devraient l'être. De plus, les contrôles du jeu sont assez rigides, un autre héritage des jeux d’action/survie des années 90. Cela se traduit par des mouvements peu réactifs, ce qui est d’autant plus pénalisant face à des ennemis aussi rapides que les dinosaures. Enfin, bien que l’histoire de Dino Crisis débute sur une note intrigante et captivante, elle a tendance à s'essouffler au fur et à mesure, notamment à cause de dialogues qui manquent parfois de profondeur et de rebondissements véritablement marquants.

En dépit de ces défauts, Dino Crisis reste un jeu qui mérite amplement sa place parmi les classiques du survival horror. Son atmosphère oppressante, ses mécaniques de gestion des ressources et de pièges, ainsi que ses ennemis intelligents et redoutables, en font une expérience intense pour tout joueur à la recherche d’un véritable défi. L’innovation apportée par l’introduction des dinosaures comme principaux antagonistes était à l’époque une bouffée d’air frais dans le genre, et même si certains aspects du jeu ont vieilli, il conserve une place spéciale dans le cœur de nombreux fans. Avec une ambiance qui maintient une tension constante du début à la fin, Dino Crisis parvient à capturer l'essence même de ce qui fait un bon jeu de survie : l’incertitude, la vulnérabilité, et le sentiment que chaque décision compte. Il est dommage que la série n'ait pas eu droit à une suite à la hauteur de ses ambitions, mais cela n’enlève rien à la qualité de ce premier volet.