Après dix ans d’absence et un troisième épisode contesté pour son parti pris orienté vers l’action, Dead Space revient dans un remake de son premier opus sorti en 2008. C’est l’équipe canadienne de Motive Studios qui s’est chargée de cette relance de la licence à qui l’on doit notamment le travail réalisé sur Star Wars Battlefront II et Star Wars : Squadrons. Si au départ, on pouvait être sceptique à l’idée de voir apparaître un énième remake, surtout avec un jeu de cette ampleur, il est concevable de comprendre qu’Electronic Arts tâte le terrain auprès du marché et des consommateurs pour savoir si Dead Space est toujours au goût du jour dans le but de lancer éventuellement de nouvelles aventures originales de la licence. Très clairement, Dead Space Remake reprend la trame principale de son aîné. Vous incarnez Isaac Clarke, un ingénieur envoyé à bord du Kellion pour aider un vaisseau en détresse dans l’espace, le fameux USG Ishimura. Avec votre équipe composée de Daniels, Hammond et Chen, vous arrivez dans un lieu sans bruit ni âme qui vive aux environs. En cherchant plus en profondeur sur les circonstances de la mise en place de la balise de détresse, vous découvrez que des corps reviennent à la vie par le biais d’un agent pathogène extraterrestre, transformant les humains en nécromorphes, des monstres assoiffés de violence dont l’unique but est de propager la contamination. C’est à partir d’ici que le survival horror va prendre tout son sens, car Isaac Clarke sera rapidement confronté à la horde et vous serez amené dans un premier temps à trouver des armes pour vous défendre et pour visiter l’entièreté du vaisseau échoué. Sans aller plus loin au niveau de l’histoire, Dead Space Remake reprend en grande partie le lore de 2008 en ajoutant quelques nouveautés comme la présence de quêtes annexes, discrètes certes, mais qui permettra d’en savoir plus sur les origines de l’infection et des évènements survenus antérieurement. A contrario de Resident Evil 2 qui avait proposé une nouvelle manière de jouer, ici on vise clairement l’authenticité pour viser les fans de la première heure souhaitant se refaire l’histoire avec la technologie actuelle.

Dès le début de l’aventure, on sent très clairement la réussite au niveau graphique. L’utilisation du moteur Frostbite a été très crucial dans ce lifting et on le ressent sur les versions Playstation 5 ou Xbox Series. En vrai, le jeu est tout aussi fluide en mode performance qu’en mode qualité et les développeurs ont tenu à apporter les dernières nouveautés en matière de hardware pour rendre le jeu aussi magnifique que stressant. Cela passe par l’ajout de nouveaux éléments d’effets spéciaux, de nouvelles lumières et des décors plus vastes et détaillés que par le passé. Qui plus est, le jeu se déroule désormais en plan séquence à l’instar d’un God of War, ce qui permet de visiter l’Ishimura à sa guise sans subir des temps de chargement à rallonge. Au niveau du sound design, Motive a décidé de renforcer la peur en plaçant tout particulièrement des musiques stressantes annonçant l’arrivée de monstres dans les environs et en adoptant une mise en place aléatoire d’ennemis sur notre chemin ou derrière nous dans des salles préalablement nettoyées. Concrètement si vous décidez de revenir sur vos pas, attendez vous à retrouver de l’adversité. Et justement, cette nouvelle itération pousse à l’aventure et à la découverte du vaisseau dans ses moindres pièces. En effet, au cours de votre escapade, il vous sera demandé de manière implicite d’aller visiter les nombreuses pièces qui se trouvent dans les alentours pour vous équiper, pour obtenir également des plans amélioration d’arme, des circuits imprimés à revendre et enfin des journaux textuels et audios pour compléter votre histoire. De plus, certaines pièces ne s’ouvrent qu’à partir d’un certain niveau d’accréditation et il faudra avancer dans l’histoire pour y retourner. En général, ces salles renferment un précieux sésame, il serait dommage de les négliger. Cette mouture nous offre également la possibilité d’avoir plus de phase en antigravité afin d’avoir de nouvelles énigmes et quelques correctifs sur certains passages, notamment celle avec l’utilisation des canons qui étaient délicates à manipuler.

Si Motive Studios a souhaité garder une patte fidèle du premier opus de Dead Space, l’effet de l’âge se ressent au niveau des mécaniques de gameplay. Bien que les armes soient toujours aussi jubilatoires à utiliser, encore plus lorsque vous les améliorez, les phases de combat au corps-à-corps semblent encore bien lourdes et dépassées avec le temps. Avec l’apparition d’événements aléatoires du système Intensity Director, il aurait été également préférable d’avoir une touche de demi-tour rapide lorsque l’ennemi est prêt à vous charger par derrière sans demi-mesure. L’utilisation de la télékinésie est parfois capricieuse, dans le sens où il est difficile de récupérer l’objet souhaité dans certaines situations, notamment les éléments du décor pour progresser ou se défendre face à la meute. Au niveau de l’histoire principale, certains passages semblent légers et prétexte à faire du va et vient dans le vaisseau et à rallonger la durée de vie. Vous vous retrouvez avec un chemin fermé où il vous sera demandé de retourner en arrière pour réaliser une série de quêtes qui cassent le rythme d’une aventure intéressante si on aime la science-fiction et les films comme Alien ou Event Horizon. Il faut compter entre 10 et 15h pour boucler le jeu en mode normal et même plus si vous souhaitez le réaliser en difficile et surtout en mode cauchemar où une seule mort de votre personnage signifie le retour à la case départ. Enfin il reste un dernier point assez contestable sur ce titre à savoir le prix de vente au lancement. Bien que nous saluions l’effort apporté par le studio canadien pour nous rendre un jeu aussi agréable sur le plan visuel qu’auditif, le prix de lancement à 80 euros ne nous semble pas justifié à l’égard de cette version qui reste dans la majorité du temps la même que celle d’il y a quinze ans.

Dead Space reste la référence du survival-horror en 2023. Avec ce remake, les joueurs expérimentés retrouveront une excellente aventure avec un moteur qui le rend plus beau que jamais tandis que les néophytes découvriront un titre majeur dans son genre. On espère toutefois qu’en cas d’adaptation de l’épisode 2, Motive saura proposer plus de nouveautés en bousculant les codes.