Un clic à la fois vers la survie
Day of the Shell ne ressemble à aucun autre rogue-lite tactique sorti récemment. Avec son principe radical — un clic = une action par tour — il mise sur la clarté, la vitesse d'exécution, et un minimalisme redoutablement efficace. Le joueur est parachuté sur des îles fragmentées dans un monde semi-submergé, au contrôle d’un héros mystérieux en mission pour vaincre une entité divine. L’univers, bien qu’épuré, véhicule une certaine tension post-apocalyptique. Pas de longs dialogues, pas de tutoriels bavards. On entre dans le feu de l’action en quelques secondes, et chaque mouvement peut marquer la différence entre la vie et la mort. Ce n’est pas une épopée narrative, mais un jeu de survie rythmée et stratégique, pensé pour les amateurs de défis immédiats et rejouables.
Un minimalisme stratégique maîtrisé
Le gameplay de Day of the Shell repose sur un principe aussi simple que puissant : chaque clic déclenche un tour complet. Ce choix de design élimine les micro-gestes superflus et met l’accent sur la prise de décision. Tout est dans l’anticipation. Les ennemis, les obstacles, les objets : tout est visible d’un coup d’œil, et la seule contrainte est le choix de la priorité. Tuer ou fuir, ramasser ou ignorer, activer ou désactiver une bénédiction… Le système brille par sa lisibilité.
Malgré cette simplicité d’approche, le jeu développe une profondeur tactique réelle. Les bénédictions récoltées lors de chaque run fonctionnent comme des améliorations permanentes du héros : effets de zone, bonus de santé, dégâts accrus, chaines de combos automatiques, etc. Ces bénédictions forment la colonne vertébrale de chaque partie, car elles influencent directement le style de jeu. Un joueur prudent favorisera la défense et les retraits tactiques, un autre pourra miser sur le chaos pur en enchaînant des explosions à répétition. Cette liberté, bien que guidée par la rareté des objets, reste au cœur de l’expérience.
En revanche, certains regrets peuvent émerger après plusieurs heures : les types d’armes sont limités, et les synergies entre bénédictions, bien que présentes, n’offrent pas toujours des transformations spectaculaires du gameplay. L’équilibrage reste correct, mais quelques builds dominent clairement une fois maîtrisés. Chaque échec dans Day of the Shell n’est pas une punition, mais une opportunité d’enrichir son arsenal ou de débloquer de nouvelles bénédictions à travers un hub central. La progression s'inscrit dans la durée : on engrange des ressources au fil des tentatives, on renforce les statistiques de base, et on élargit le pool d’objets utilisables. Cette structure classique du genre fonctionne, mais ne révolutionne rien. L’avantage : la prise en main rapide permet d’enchaîner les runs sans lassitude immédiate.
Le revers de cette structure est que les premières heures peuvent sembler mécaniquement répétitives pour qui attend des variations constantes. Les cartes, bien que générées procéduralement, reposent sur des structures similaires. Le bestiaire, lui aussi, reste encore modeste à l’heure actuelle. On sent que le jeu est calibré pour une boucle de jeu courte mais intense, à la manière d’un puzzle rapide que l’on refait jusqu’à trouver la solution parfaite.
Côté rejouabilité, le véritable attrait vient de l’envie de construire un run parfait : collecter les meilleures bénédictions, éviter les coups inutiles, maîtriser le placement au pixel près. Ceux qui aiment optimiser chaque mouvement y verront un terrain de jeu presque infini. Ceux qui attendent un contenu narratif dense ou une diversité de missions risquent en revanche de trouver l’ensemble un peu aride au bout de dix ou quinze runs.
Le contraste d’un monde noyé mais stylisé
Visuellement, Day of the Shell fait le choix d’un design simple, presque “cartoony”, tout en évoquant un monde ruiné par des catastrophes. Ce décalage fonctionne bien : les couleurs vives et les personnages stylisés évitent la lourdeur du post-apo classique, tout en conservant une ambiance sérieuse. Les environnements sont clairs, lisibles et propres. Le jeu ne cherche pas à impressionner techniquement, mais à créer une atmosphère cohérente.
La bande-son, discrète mais bien rythmée, accompagne efficacement l’action. Elle ne s’impose jamais, mais maintient une tension légère constante. Les effets sonores sont nets, les impacts satisfaisants, et chaque élément sonore sert le gameplay avant tout. L’expérience reste sobre, mais jamais froide. Le jeu assume son identité esthétique sans en faire trop. C’est propre, rapide, efficace.
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Mécanique du un clic/un tour parfaitement exécutée
- Lisibilité du jeu et interface soignée
- Progression motivante à moyen terme mais idéal pour des sessions courtes mais engageantes
- Bénédictions stratégiques et combinaisons intéressantes
- Univers stylisé et ambiance sonore adaptée
Points négatifs
- Variété de contenu encore limitée
- Peu de types d’armes et d’effets vraiment distincts
- Certaines parties peuvent sembler répétitives
- Build optimal rapidement identifiable
- Pas d’histoire développée ou d’univers à explorer en profondeur
En conclusion
Day of the Shell est un jeu à la fois modeste et malin. Il ne promet pas une révolution, mais il livre exactement ce qu’il annonce : une expérience tactique minimaliste, accessible, mais exigeante. Son système de jeu à un seul clic pousse à l’optimisation permanente, et sa structure rogue-lite offre un véritable sentiment de progression malgré la répétition apparente. Il manque encore un peu de variété, tant dans les environnements que dans les builds ou les ennemis, mais sa base est solide, et son potentiel d’évolution réel.
À l’heure actuelle, il s’adresse avant tout à un public de joueurs exigeants, curieux, adeptes de micro‑gestion et de décisions à fort impact. Avec quelques ajouts futurs — nouveaux types d’ennemis, synergies d’objets plus marquées, variations d’objectifs — il pourrait facilement s’imposer comme un incontournable de la scène rogue-lite tactique.
Testé par Ludwig Gaias (Playbox36)
"Passionné par le jeu vidéo, j'ai grandi avec la Sega Mega Drive et je suis depuis de nombreuses années sur plateformes Xbox. La franchise Halo m'a vraiment marqué. Aujourd'hui, je partage cette passion autour de cette licence au sein de l'équipe de Halo France en tant que graphiste et animateur, et sur CN Play pour le gaming en général.
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