Une Œuvre Singulière et Ambitieuse

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D2 sur Dreamcast est une œuvre singulière dans l’univers vidéoludique, marquée par une ambition narrative et artistique qui la distingue des autres jeux de son époque. Développé par Kenji Eno et son studio WARP, ce jeu s’inscrit dans une trilogie spirituelle aux côtés de D et Enemy Zero, deux titres qui avaient déjà défrayé la chronique par leur approche expérimentale et leur propension à mélanger les genres. D2 plonge les joueurs dans un récit d’horreur psychologique complexe, où l’histoire s'entrelace avec des éléments de survie, d'exploration, et de mystère. Dès l’ouverture, avec une scène marquante où un avion s’écrase dans les contrées glaciales du Canada, le jeu établit une atmosphère pesante, faite d'isolement et de danger omniprésent. Le joueur est ainsi transporté dans un univers où l’ambiguïté règne, et où chaque rencontre avec les mutants, anciens passagers de l’avion, renforce l’idée que tout peut basculer à tout moment.

Une Expérience Visuelle et Artistique

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Sur le plan technique, D2 exploitait au maximum les capacités de la Dreamcast, une console alors à la pointe de la technologie. Les graphismes, bien que datés selon les standards actuels, étaient époustouflants pour l'époque, offrant des paysages enneigés vastes et réalistes qui participaient à l'immersion totale dans cet environnement hostile. Les décors sont détaillés, et les effets de lumière, bien qu’un peu rudimentaires aujourd’hui, créaient des ambiances inquiétantes et mystérieuses. Le jeu se distingue par une esthétique très marquée, avec des teintes froides et une direction artistique qui renforcent le sentiment de solitude et de détresse du joueur. Les personnages, bien modélisés pour l’époque, manquent certes d’expressions faciales complexes, mais parviennent tout de même à véhiculer une certaine humanité, notamment lors des cinématiques qui jalonnent le récit. Ces séquences, en grande partie non interactives, offrent une immersion cinématographique qui, bien que longue et parfois redondante, enrichit considérablement l'expérience narrative.

Un Gameplay Hors du Commun

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Le gameplay de D2 est aussi unique que son esthétique. Le jeu combine exploration, survie et séquences de tir en vue subjective, ce qui lui confère un rythme particulier, très différent des jeux d'action plus conventionnels. Les phases d’exploration, qui constituent la majeure partie du jeu, invitent le joueur à parcourir de vastes étendues neigeuses, à la recherche d’indices pour progresser dans l’intrigue. Cependant, ces phases sont régulièrement interrompues par des combats aléatoires, qui se déroulent en vue à la première personne. Si ces combats ajoutent de la tension, ils peuvent également rompre l'immersion à cause de leur fréquence et de leur manque de variété. L'arsenal du joueur est limité, tout comme le nombre d'ennemis différents, ce qui peut rendre ces affrontements répétitifs sur la durée. De plus, le rythme global du jeu est volontairement lent, mettant l’accent sur l’atmosphère et la narration plutôt que sur l'action frénétique, ce qui pourrait ne pas convenir à tous les joueurs, en particulier ceux qui recherchent des sensations fortes et une jouabilité plus dynamique.

Galerie Photos

Les plus Les moins

Points positifs

  • Atmosphère unique et immersive, accentuée par une direction artistique soignée
  • Narration captivante et originale, avec un scénario riche et une mise en scène cinématographique
  • Graphismes impressionnants pour l'époque, exploitant pleinement les capacités de la Dreamcast

Points négatifs

  • Rythme lent qui peut dérouter les joueurs habitués à plus d’action
  • Cinématiques parfois trop longues et redondantes, risquant de fatiguer le joueur

En conclusion

8
D2 sur Dreamcast est un jeu qui mérite d’être redécouvert pour son approche audacieuse et son ambiance hors du commun. C’est une œuvre qui se démarque par sa capacité à mêler narration et gameplay de manière inédite, créant ainsi une expérience immersive et mémorable. Cependant, son rythme lent, ses combats répétitifs et ses longues cinématiques peuvent constituer des obstacles pour les joueurs en quête d’un divertissement plus immédiat. D2 reste malgré tout un témoignage important de l'expérimentation vidéoludique des années 90, et un exemple frappant de la vision artistique de Kenji Eno, un créateur qui a toujours cherché à repousser les limites du médium. Pour les amateurs de récits atypiques et d’expériences vidéoludiques singulières, D2 est une œuvre incontournable.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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