Une claque venue de nulle part !
Il y a des jeux dont on attend beaucoup et qui déçoivent. Et puis, il y a ceux qui surgissent presque sans prévenir, et qui laissent un souvenir impérissable. Clair Obscur : Expedition 33 appartient clairement à cette seconde catégorie. Ce n’est pas simplement un bon jeu : c’est un choc esthétique, une réussite narrative, une fresque jouable qui impressionne par sa cohérence, sa densité et sa sensibilité. C’est un jeu qui ne cherche pas à ressembler aux autres, mais à devenir son propre genre. Et il y parvient. Dès les premières minutes, le joueur est happé dans un monde entre lumière et ténèbres, onirique et brutal, étrange mais familier. Ce n’est pas une simple aventure à suivre, c’est une expérience à vivre. Une œuvre qui respire la passion, la précision et l’envie d’emmener le joueur ailleurs. Très loin ailleurs.
Un univers pictural, dense et vivant
Expedition 33 est avant tout un choc visuel. Rarement un jeu aura aussi bien mérité le terme de "peinture en mouvement". Chaque décor semble sorti d’un tableau, avec une palette de couleurs travaillée, des jeux de lumière subtils, une architecture qui raconte une histoire même sans dialogue. Le joueur traverse des cités suspendues, des forêts hantées par le silence, des ruines baignées dans la lumière crue du couchant. Mais ce n’est pas de la beauté gratuite. Tout a un sens. L’univers n’est jamais figé : il vit, respire, évolue. Chaque lieu raconte quelque chose. L’environnement est un personnage à part entière, porteur de mémoire et de mystères. L’immersion est totale, non pas parce que le monde est vaste ou réaliste, mais parce qu’il est crédible. Il suit sa propre logique, et le joueur s’y adapte naturellement, comme happé par une évidence. Là où Expedition 33 impressionne particulièrement, c’est dans sa réinterprétation du combat au tour par tour. Le système, loin d’être une énième variation d’un modèle éculé, propose une véritable révolution du genre. Ici, le tour par tour n’est pas synonyme de passivité ou de routine. Chaque action, chaque compétence, chaque mouvement demande de la précision, de l’anticipation, du timing. Le joueur est constamment impliqué. L’intensité des affrontements rivalise avec celle des combats en temps réel, tout en conservant la dimension stratégique propre au tour par tour. L’intégration de mécaniques dynamiques — esquives, contre-attaques, interruptions — injecte une tension dramatique rarement atteinte dans ce type de gameplay. C’est fluide, nerveux, profondément stimulant. Le combat devient une danse tactique, un affrontement intellectuel et sensoriel. Cette audace mécanique élève le jeu à un niveau rarement atteint dans le RPG traditionnel. Le studio ne s’est pas contenté de moderniser le genre : il l’a redéfini.
Une narration poignante et une bande son qui transcende le jeu
Mais là où le jeu touche au sublime, c’est dans sa narration. Sans jamais tomber dans le bavardage ou les clichés, Expedition 33 raconte une histoire profondément humaine. Il parle de mémoire, d’identité, de ce qu’on laisse derrière soi, de ce qu’on transmet. Les personnages sont écrits avec finesse : complexes, imparfaits, touchants. Le joueur s’attache, doute, souffre et espère avec eux. Et au cœur de cette narration se trouve une bande sonore exceptionnelle, d’une richesse et d’une justesse rare. La musique ne se contente pas d’accompagner le jeu : elle l’élève, le transcende. Chaque morceau semble capturer l’essence d’un instant précis, avec une émotion brute, directe, presque viscérale. Elle habille le monde, renforce les combats, sublime les moments de silence. C’est une bande son qu’on écoute après avoir fini le jeu, comme une extension de l’expérience. L’une des meilleures qu’on ait entendues ces dernières années, tous genres confondus.
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Les plus Les moins
Points positifs
- Direction artistique exceptionnelle, à la fois audacieuse et cohérente
- Système de combat au tour par tour complètement réinventé
- Narration touchante, sensible, finement écrite
- Bande sonore magistrale, émotionnelle et inoubliable
- Personnages profonds et humains
Points négatifs
- Mécaniques secondaires pas toujours bien expliquées
En conclusion
Clair Obscur : Expedition 33 n’est pas juste un bon jeu. C’est un marqueur. Une preuve que le jeu vidéo peut encore surprendre, émouvoir, impressionner. Le genre de titre qui vous fait lever un sourcil au départ, et vous laisse sans voix à l’arrivée. Une œuvre dense, exigeante, généreuse. Tout y est maîtrisé : le fond comme la forme, le gameplay comme l’esthétique, la musique comme l’écriture. On sent derrière chaque choix une vision claire, une ambition sincère, une envie de faire mieux, différemment, plus fort. Et dans une année déjà riche en titres ambitieux, celui-ci s’impose comme le prétendant le plus évident au titre de jeu de l’année. S’il ne le remporte pas, ce sera une erreur.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."