Un Metroidvania à l’âme gothique, entre héritage et limites
Sorti le 19 juin dernier sur toutes les plateformes, y compris la toute nouvelle Switch 2, Chronicles of the Wolf cherche à se faire une place dans le genre bien établi des Metroidvania. Avec une direction artistique gothique et une ambiance sombre inspirée de la France du XVIIIe siècle, le jeu se distingue par son gameplay exigeant et ses inspirations littéraires et vidéoludiques.
Derrière ce projet, une petite équipe indépendante nourrie de nostalgie pour Symphony of the Night. Cet hommage se manifeste dans les mécaniques d’exploration 2D, la difficulté des combats et les doublages assurés par des voix emblématiques du genre, comme Robert Belgrade, célèbre pour son rôle d’Alucard.
Décrit par ses développeurs comme le successeur spirituel de leur projet acclamé Castlevania: The Lecarde Chronicles 2, ce jeu s’annonce comme une lettre d’amour aux amateurs de jeux d’action et d’aventure gothique.
Une chasse aux monstres… et aux vérités
Le joueur incarne Mateo Lombardo, un jeune chasseur envoyé par l’Ordre secret de la Rose-Croix dans une France ravagée par la Bête de Gévaudan, une créature monstrueuse et insaisissable, laissant derrière elle un sillage funeste. Ce qui commence comme une simple traque se transforme rapidement en une intrigue plus complexe, mêlant secrets occultes, figures ambiguës et manipulations invisibles.
L’univers visuel frappe par sa cohérence et sa densité. Les environnements, soigneusement élaborés, regorgent de passages cachés et de détails narratifs. Les affrontements demandent précision et sang-froid, sans sombrer dans l’injustice ou la frustration gratuite. Chronicles of the Wolf adopte une approche narrative singulière. Les dialogues, brefs et percutants, offrent peu de place à l’exposition. Cette économie de mots maintient un rythme soutenu, laissant aux décors le soin d’évoquer l’histoire. Cependant, certains personnages manquent d’épaisseur et l’intrigue, bien que captivante au début, peine à réellement décoller.
En termes de gameplay, le titre coche toutes les cases. L’exploration en 2D, bien que parfois frustrante par son absence d’indications, se révèle gratifiante. Il faut observer, expérimenter et scruter l’environnement. La carte ne tient pas la main, un choix qui ravira certains et en déroutera d'autres.
Le cycle jour-nuit est l’un des éléments les plus réussis, modifiant l’ambiance, les ennemis et l’accès à certains objets ou zones. Cette dynamique, conjuguée à des décors riches, donne au monde une vraie respiration. Le système de combat opère un retour aux sources assumé. Contrairement à la nervosité de nombreux Metroidvania récents, Chronicles of the Wolf impose un rythme plus rigide. Mateo ne peut ni marcher ni se déplacer pendant une attaque, un choix qui ralentit l’action et demande une adaptation. Les armes offrent une belle variété : sabres lourds, poignards rapides, fusils à distance. Les amateurs de fluidité risquent de trouver cette statique frustrante, mais l’ensemble reste accessible grâce à une lisibilité claire des attaques ennemies. La diversité du bestiaire est l’un des points forts du jeu. Chaque zone propose ses créatures propres, adaptées au décor et au thème. Les combats de boss montent progressivement en intensité. Les premiers affrontements manquent de challenge, mais les derniers nécessitent réflexes, observation et précision. Le jeu excelle dans la narration environnementale. En évoluant dans un monde délabré où chaque élément incite à la curiosité, vous êtes amené à vous arrêter, réfléchir et redécouvrir des zones déjà visitées. Les énigmes, souvent ponctuées de contraintes temporelles ou de nécessités de retour une fois de nouvelles compétences acquises, renforcent la boucle classique du Metroidvania tout en donnant une véritable sensation de découverte. Chronicles of the Wolf met en avant l’exploration, la collecte d’objets et le déblocage de capacités. Les améliorations, qu’elles soient classiques (double saut, équipement renforcé) ou originales, sont pensées pour offrir un sentiment de progression organique et fonctionnelle. C’est cette approche qui constitue l’un des points forts majeurs du jeu.
Ambiance, esthétique et immersion sensorielle
Le jeu mise sur une atmosphère cohérente et lugubre plutôt que sur des graphismes sophistiqués. Des décors empreints de tristesse et de décomposition, comme des moulins en ruine, des villages abandonnés et des châteaux enveloppés de brouillard, s’associent à un cycle jour-nuit dynamique qui, en variant subtilement l’éclairage, dévoile de nouveaux secrets et altère l’ambiance au fil de la journée. La conception sonore, composée par Jeffrey Montoya, quant à elle, fait écho à ce réalisme : une trame musicale calme et tendue lors de l’exploration qui grimpe en intensité lors des affrontements, accompagnée de bruitages soignés qui renforcent l’impression d’être seul dans un monde brisé.
En conclusion
Chronicles of the Wolf se présente comme une expérience atmosphérique à découvrir sans tarder pour les amateurs d’exploration et d’énigmes. Proposé à 19.99€, le jeu ne cherche pas à révolutionner le genre Metroidvania, mais il y parvient en revisitant avec soin ses codes classiques. Si les combats et quelques soucis techniques peuvent décevoir ceux qui recherchent une action percutante, la richesse du monde, l’ambiance immersive et la progression pensée autour de la découverte offrent une bouffée d’air frais aux joueurs en quête d’une expérience réfléchie et langoureuse.