Une légende du RPG fait peau neuve
Sorti à l’origine en 2013 sur Nintendo 3DS, Bravely Default: Flying Fairy a marqué les esprits comme un hommage intelligent aux J-RPG à l’ancienne, à mi-chemin entre nostalgie et innovation. Avec son système de combat original et son esthétique peinte à la main, il a conquis une génération de joueurs lassés des grosses productions sans âme. En 2025, le jeu revient sous forme de remaster HD sur Nintendo Switch 2, avec la promesse de magnifier cette expérience tout en la rendant plus accessible et fluide. Le pari est ambitieux : respecter une œuvre qui a ses fans tout en corrigeant ses défauts de jeunesse. Ce remaster réussit à faire revivre la magie, mais il traîne aussi quelques casseroles que le lifting visuel ne suffit pas à dissimuler.
Visuellement affiné, artistiquement fidèle
Le premier contact avec cette version remasterisée passe bien sûr par la refonte graphique. L’univers de Bravely Default se distingue toujours par sa direction artistique, mélange de dessins à la main et de modélisation 3D stylisée. Sur Switch 2, le jeu gagne en netteté et en profondeur, les textures sont plus détaillées, les couleurs plus vives, et les effets de lumière mieux dosés. Les villes ressemblent à des aquarelles vivantes, pleines de charme, et l’exploration prend un nouveau souffle grâce à cette clarté retrouvée.
Cependant, malgré ce soin apporté à la partie visuelle, certaines animations restent rigides, héritées de la version 3DS. Les personnages SD gardent leur charme, mais on sent qu’ils n’ont pas été totalement repensés pour cette version : quelques mouvements paraissent mécaniques, et certains arrière-plans, même en HD, trahissent leur âge. Néanmoins, le travail global sur l’esthétique reste très réussi et permet d’apprécier davantage un monde déjà riche à l’époque.
Le système de combat est resté inchangé, et c’est tant mieux. L’alternance entre “Brave” (prendre plusieurs tours d’un coup) et “Default” (se défendre et accumuler des tours) donne une dynamique unique aux affrontements. Chaque bataille devient une question de prise de risque, de gestion des ressources, et de timing. Ce gameplay, déjà salué il y a dix ans, fonctionne toujours à merveille aujourd’hui. Il évite la monotonie du tour par tour classique en introduisant une vraie tension tactique à chaque affrontement.
À cela s’ajoute le système de jobs, l’un des plus complets de sa génération. Il est possible de mixer les classes, d’assigner des compétences secondaires et d’expérimenter sans cesse de nouvelles combinaisons. Le jeu pousse à explorer, à faire évoluer ses personnages dans plusieurs directions, et offre une profondeur de personnalisation que bien des RPG modernes ont oublié.
La Switch 2 apporte un confort non négligeable : temps de chargement raccourcis, meilleure fluidité, interface optimisée. Mais tout n’est pas parfait. Les combats aléatoires restent trop nombreux et parfois frustrants, surtout lorsqu’ils interrompent sans cesse l’exploration. Une option pour ajuster leur fréquence aurait été la bienvenue dans ce remaster.
Un récit captivant qui s’essouffle
L’histoire de Bravely Default commence sur des bases classiques : quatre héros unis pour restaurer l’équilibre des cristaux élémentaires. Un schéma connu, mais traité avec suffisamment de sérieux et de détails pour capter l’attention. Au fil de l’aventure, les enjeux s’élargissent, le monde se complexifie, et les personnages révèlent des facettes inattendues. Les dialogues sont souvent bien écrits, entre moments d’émotion sincère et touches d’humour bien placées, notamment grâce à la personnalité tranchée d’Edea ou à l’attitude mystérieuse de Ringabel.
Malheureusement, la structure du jeu finit par nuire à son propre scénario. À partir d’un certain point, le joueur est contraint de revivre plusieurs fois les mêmes événements dans une mécanique de boucles scénaristiques. Si cela sert un propos narratif audacieux — sur la répétition, le sacrifice, et la perception du réel —, l’exécution manque de finesse. Le sentiment de répétition l’emporte sur l’intérêt narratif, et cela affaiblit l’impact émotionnel de la dernière ligne droite.
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Les plus Les moins
Points positifs
- Esthétique remasterisée respectueuse et réussie
- Système de combat Brave/Default toujours efficace
- Grande profondeur de personnalisation des jobs
- Bande-son magistrale signée Revo
- Interface optimisée et chargements rapides
Points négatifs
- Répétitivité scénaristique dans le dernier tiers
- Combats aléatoires toujours trop fréquents
- Animations datées et quelques textures figées
- Pas d’ajout de contenu inédit pour enrichir l’expérience
En conclusion
Ce remaster de Bravely Default: Flying Fairy est un cadeau pour les amateurs de RPG classiques. Il remet en lumière une aventure inventive, portée par un système de combat solide et une direction artistique marquante. Mais malgré les améliorations visuelles et techniques apportées par la Switch 2, certains défauts de conception — comme la structure répétitive du scénario ou la fréquence des combats — demeurent. Cela n’empêche pas l’ensemble d’être convaincant, mais cela l’empêche d’être vraiment transcendant. Un bon remaster, fidèle à son origine, mais qui n’ose pas totalement dépoussiérer l’expérience.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."