Un manoir, mille possibilités

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Blue Prince est un jeu indépendant développé par Dogubomb, qui intrigue autant qu’il désoriente. Il se présente comme un jeu d’exploration en vue isométrique, dans lequel le joueur doit cartographier un manoir généré procéduralement. Mais Blue Prince, ce n’est pas seulement des portes à ouvrir : c’est un jeu où chaque choix a un impact, où l’étrangeté est partout, et où la logique semble parfois obéir à ses propres règles. À la croisée des genres, il mélange mystère, stratégie et gestion du risque dans un univers sobrement cauchemardesque. Voici l’avis d’un joueur après plusieurs heures passées à chercher la vérité au cœur de cette demeure mouvante.

Une atmosphère qui trouble autant qu’elle fascine

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Dès les premières minutes, Blue Prince installe une ambiance pesante, presque dérangeante. Le joueur ne sait pas exactement où il met les pieds, et c’est toute la force du jeu : cultiver l’inconfort. Le style visuel est minimaliste, presque froid, mais chaque détail semble étudié pour éveiller la méfiance. Les personnages secondaires, souvent énigmatiques et à la limite de l’absurde, ajoutent à ce sentiment d’étrangeté permanente. Même les menus ou les sons d’ambiance participent à cette tension sourde. Le manoir semble vivant, mais d’une vie qui échappe au joueur. Ce malaise constant peut rebuter, mais c’est aussi ce qui donne au jeu son identité forte. Il n’essaie pas de plaire : il cherche à déranger, à déstabiliser, et il y parvient souvent avec une efficacité glaçante. Le gameplay de Blue Prince repose sur un principe simple, mais plein de ramifications : chaque jour, le joueur ajoute une salle au manoir à partir d’une sélection de cartes, et dispose d’un temps limité pour explorer. Ce concept donne une vraie saveur stratégique à chaque partie. On ne peut pas tout voir, tout visiter, il faut faire des choix, anticiper, oser parfois prendre des risques. Cette mécanique, couplée à l’aléatoire, offre une expérience de jeu unique à chaque session. Mais cette richesse a un prix : une certaine frustration. Certaines salles n’ont pas d’utilité évidente, d'autres semblent inaccessibles sans explication claire. Les mécaniques ne sont pas toujours bien introduites, et l’absence de tutoriel solide peut dérouter les joueurs moins patients. On passe par des phases d’émerveillement et de perplexité, parfois dans la même minute. C’est un jeu exigeant, qui demande de la curiosité et de la persévérance, mais qui peut aussi sembler injuste dans ses moments les plus flous.

Une aventure qui récompense la curiosité et l'expérimentation

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Là où Blue Prince tire vraiment son épingle du jeu, c’est dans la liberté qu’il offre au joueur. Rien n’est figé, rien n’est vraiment expliqué, et c’est en expérimentant qu’on progresse. On essaie une combinaison de salles, on tente une nouvelle trajectoire, on parle à un personnage au comportement étrange… et parfois, quelque chose se débloque. Cette approche, très organique, donne une sensation d’exploration authentique. C’est en acceptant de ne pas tout comprendre qu’on apprécie vraiment le jeu. Certains événements n’apparaîtront qu’après plusieurs parties, certains indices n’auront de sens que bien plus tard. C’est un puzzle géant, mais dont on ne possède pas la boîte. Le joueur patient, prêt à prendre des notes ou à recommencer sans assurance de progrès immédiat, y trouvera une expérience captivante. À l’inverse, ceux qui recherchent un jeu direct ou balisé risquent de décrocher rapidement. C’est là toute la dualité de Blue Prince : il est passionnant, mais exige une forme d’abandon aux règles du manoir.

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Les plus Les moins

Points positifs

  • Une ambiance visuelle et sonore unique, maîtrisée et inquiétante
  • Un concept original et stimulant
  • Une forte rejouabilité grâce à la génération procédurale
  • Le plaisir de l’expérimentation et de la découverte
  • Un univers mystérieux et cohérent

Points négatifs

  • Mécaniques parfois obscures, voire frustrantes
  • Difficulté d’accès pour les nouveaux joueurs
  • Une part de hasard qui peut nuire à l’expérience
  • Peu d’accompagnement dans la progression

En conclusion

8
Blue Prince n’est pas un jeu confortable. C’est une œuvre étrange, dense, qui ne suit pas les conventions habituelles du game design. Il peut sembler confus, frustrant, parfois injuste… mais il est aussi fascinant, intelligent, et bourré de personnalité. C’est un jeu qui vit en dehors des standards, qui récompense l’observation, la patience et la curiosité. Un pari audacieux, imparfait certes, mais sincère dans son intention de proposer quelque chose de différent. On ressort de l’expérience troublé, intrigué, parfois agacé, mais rarement indifférent. Et c’est peut-être là sa plus grande réussite.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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