Voyage au cœur de la pénitence

assets/images/tests/blasphemous/blasphemous_p1.jpg
Blasphemous est un jeu développé par le studio indépendant espagnol The Game Kitchen, et édité par Team17. Ce titre de type metroidvania avec des éléments de jeux d’action/aventure et d’inspiration souls-like a rapidement attiré l'attention des joueurs pour son esthétique gothique frappante, sa difficulté implacable et son univers profondément religieux. Dans Blasphemous, vous incarnez le Pénitent Silencieux, un guerrier masqué, engagé dans un pèlerinage brutal pour expier ses péchés dans le monde dévasté de Cvstodia, une terre rongée par des fléaux divins, des malédictions et des créatures monstrueuses. Au-delà de son gameplay exigeant et de son imagerie sombre, Blasphemous se démarque par sa capacité à plonger les joueurs dans une atmosphère à la fois envoûtante et pesante, où chaque pas est empreint de mystère et de symbolisme religieux. Mais au-delà de ces promesses initiales, le jeu parvient-il à livrer une expérience véritablement marquante ? Voici un avis approfondi qui explore ses forces, ses faiblesses et l'impact qu'il peut laisser sur les joueurs.

Un univers visuel d'une rare intensité

assets/images/tests/blasphemous/blasphemous_p2.jpg
Dès les premières minutes dans le monde de Cvstodia, Blasphemous impose son style unique. Le jeu se distingue par une direction artistique qui n'est rien de moins qu'un chef-d'œuvre. Inspiré par l'art religieux, les peintures du baroque espagnol, ainsi que les thèmes de la foi, de la culpabilité et du châtiment, l'univers de Blasphemous est à la fois effrayant et fascinant. Les graphismes en pixel art sont d'une précision et d'une richesse inégalées dans le genre, chaque détail renforçant l'atmosphère morbide et suffocante du jeu. Les paysages traversés par le Pénitent Silencieux sont d'une beauté macabre, avec des scènes de supplice, des statues déformées et des architectures démesurées qui évoquent des mondes corrompus par la foi et la dévotion. Chaque environnement semble avoir été soigneusement conçu pour refléter un aspect de la souffrance, que ce soit des cathédrales en ruine, des souterrains remplis de squelettes ou des temples dédiés à des cultes obscurs. Chaque recoin de Cvstodia respire une atmosphère d'horreur mystique, rendant l'exploration non seulement stimulante, mais aussi profondément immersive. Les ennemis et les boss, quant à eux, sont autant de figures grotesques et cauchemardesques qui renforcent l’impression de se trouver dans un monde frappé par une sorte de malédiction divine. Qu'il s'agisse de chevaliers difformes, de prêtres corrompus ou d'entités monstrueuses à mi-chemin entre l'humain et le divin, chacun d'entre eux est un rappel du pouvoir oppressant du Miracle, cette force mystérieuse qui contrôle le destin de Cvstodia. Leur design est soigneusement pensé pour non seulement correspondre à l’esthétique générale du jeu, mais aussi pour susciter une réaction émotionnelle – souvent de malaise ou de fascination morbide. Si l’univers visuel et l'ambiance oppressante de Blasphemous captivent dès le départ, c'est bien son gameplay qui détermine si les joueurs persévéreront dans cette quête de rédemption. Blasphemous ne fait aucun cadeau et adopte une approche souls-like, avec un accent sur la maîtrise des combats, la gestion des ressources et l'exploration méthodique de niveaux labyrinthiques. Le système de combat, bien que relativement simple dans son exécution, offre un véritable défi. Vous êtes armé de Mea Culpa, une épée aux pouvoirs sacrés qui peut être améliorée à mesure que vous progressez dans le jeu. Les combats demandent un sens aigu du timing et de la stratégie, chaque affrontement pouvant se solder par une mort rapide si vous sous-estimez vos adversaires ou si vous n'anticipez pas leurs mouvements. La capacité à esquiver, parer et contre-attaquer est essentielle, et les erreurs sont sévèrement punies. C’est un gameplay où la patience et l’apprentissage par l’échec sont essentiels, à l'image des œuvres de FromSoftware telles que Dark Souls ou Bloodborne. Les combats de boss représentent sans doute le summum de cette exigence. Ces affrontements, souvent longs et éreintants, demandent de la précision et une compréhension minutieuse des patterns d’attaque. Chaque boss est unique, non seulement dans ses mécaniques de jeu, mais aussi dans la manière dont il est intégré dans l’histoire et l’univers de Cvstodia. Affronter ces créatures monstrueuses est une expérience gratifiante pour ceux qui aiment les défis, mais peut être décourageante pour les joueurs moins aguerris ou ceux qui préfèrent une approche plus détendue. En parallèle, l'exploration du monde joue un rôle crucial dans l’expérience de jeu. Cvstodia est un vaste terrain de jeu, rempli de zones interconnectées, de secrets cachés, et de chemins déblocables grâce à des compétences acquises progressivement. Les joueurs doivent constamment naviguer entre les différentes zones, en déverrouillant de nouveaux accès, en résolvant des énigmes et en découvrant des objets de lore qui enrichissent la compréhension de l’histoire. Ce sens de la découverte est l'une des plus grandes forces de Blasphemous. Le jeu récompense la curiosité et l’observation, et chaque détour peut offrir une nouvelle révélation ou un nouvel artefact permettant d’approfondir les mystères du monde.

Une narration énigmatique et captivante

assets/images/tests/blasphemous/blasphemous_p3.jpg
La narration de Blasphemous est, à l’image de son gameplay, cryptique et dense. À aucun moment le jeu ne prend la peine de livrer son histoire de manière explicite. Les dialogues sont volontairement nébuleux, et les pièces du puzzle sont disséminées à travers des descriptions d'objets, des rencontres avec des personnages étranges et des cinématiques courtes mais puissantes. Cet aspect peut dérouter les joueurs qui cherchent une narration plus linéaire ou expliquée, mais pour les amateurs de récits à interprétations multiples, Blasphemous offre une profondeur intrigante. L’un des thèmes centraux du jeu est le Miracle, une force mystérieuse qui semble à la fois bénir et maudire Cvstodia. Le Pénitent Silencieux cherche à comprendre et à contrecarrer les effets de cette entité divine, tout en affrontant sa propre culpabilité et son besoin de rédemption. L’histoire de Blasphemous est ainsi autant une quête spirituelle qu’un pèlerinage violent à travers des lieux de douleur et de souffrance. Les thèmes religieux sont omniprésents, et Blasphemous puise énormément dans l’imagerie chrétienne, notamment dans ses représentations de la pénitence, du martyre et du sacrifice. Le monde de Cvstodia est rempli de symboles religieux, mais aussi de critiques voilées sur l'aveuglement de la foi, la dévotion fanatique et les conséquences désastreuses des croyances dogmatiques. Ces thèmes sont rarement abordés de manière aussi directe dans le jeu vidéo, et ils confèrent à Blasphemous une richesse narrative qui dépasse le simple cadre du jeu d'action-aventure.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Direction artistique sublime en pixel art, avec une richesse visuelle impressionnante
  • Ambiance sombre et immersive, idéale pour les amateurs de dark fantasy et de récits mystiques
  • Système de combat exigeant, mais gratifiant, avec des affrontements de boss mémorables
  • Exploration stimulante, avec des niveaux interconnectés et de nombreux secrets à découvrir
  • Narration riche et captivante, laissant place à l’interprétation et à la réflexion

Points négatifs

  • Difficulté élevée, qui peut décourager les joueurs moins expérimentés ou ceux qui recherchent une expérience plus accessible
  • Narration cryptique, parfois trop vague pour certains, rendant l’histoire difficile à suivre sans un investissement important
  • Manque de variété dans certains environnements et ennemis, qui peuvent devenir répétitifs au fil du jeu

En conclusion

8
Blasphemous est une œuvre qui marquera les esprits de ceux qui oseront s’y aventurer. Son mélange unique d’une direction artistique gothique, d’un gameplay exigeant et d’une narration énigmatique en fait une expérience inoubliable pour les amateurs de défis et de récits à interprétations multiples. Cependant, ce n’est pas un jeu pour tout le monde. Sa difficulté, son ambiance oppressante et son approche cryptique de l’histoire peuvent en rebuter plus d’un. Mais pour ceux qui persévèrent, le monde de Cvstodia dévoile des trésors de gameplay et de narration qui restent longtemps après que le jeu soit terminé.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
Partager le test