Une uchronie radioactive intrigante
Sorti sans faire trop de bruit, Atomfall est un jeu qui parvient à piquer la curiosité dès ses premières minutes. Il ne s’agit pas d’un simple shooter ou d’un énième open world : ici, l’action prend place dans une Angleterre des années 50 réécrite par la catastrophe. Le pitch est simple mais efficace : une explosion nucléaire a dévasté une région britannique, et l’État a mis en place une zone de quarantaine étroitement surveillée. On y incarne un personnage qui tente de comprendre ce qui s’est réellement passé, au-delà de la propagande officielle. Ce mélange entre science-fiction rétro, paranoïa politique et survie promet une expérience singulière, entre immersion narrative et tension constante. Reste à voir si cette promesse tient sur la durée.
Un univers marquant et une direction artistique inspirée
Le premier contact avec Atomfall frappe fort grâce à son ambiance. L’influence des films de propagande, des bandes dessinées de l’âge d’or et de la paranoïa de la Guerre froide est omniprésente. Visuellement, le jeu propose un monde à la fois crédible et étrange : les couleurs sont désaturées, les bâtiments semblent figés dans le temps, et chaque lieu raconte une histoire. On passe de villages fantômes à des installations militaires sinistres, avec une vraie cohérence dans l’architecture et le design sonore.
La musique, discrète mais pesante, renforce cette sensation de malaise permanent. Les sons d’alertes, les radios abandonnées, les cris lointains des créatures : tout est pensé pour que le joueur ne se sente jamais en sécurité. En termes d’ambiance, le jeu réussit un quasi sans-faute. On sent que Rebellion a pris le temps de construire un monde crédible, capable de captiver sans avoir besoin d’un scénario trop explicite. Le gameplay d’Atomfall repose sur plusieurs piliers : exploration, survie, enquête, et action. Sur le papier, c’est un cocktail séduisant. En pratique, c’est parfois un peu plus brouillon. L’exploration est clairement le point fort : on a envie de fouiller chaque maison, d’écouter chaque enregistrement audio, de découvrir tous les recoins de cette zone interdite. Le sentiment de solitude et de danger permanent pousse à avancer prudemment, à économiser ses ressources, à éviter certains combats.
Côté combat justement, c’est là que le bât blesse. Le feeling des armes n’est pas toujours satisfaisant, les ennemis (qu’il s’agisse de soldats fanatisés ou de créatures mutantes) sont souvent peu variés, et l’IA laisse parfois à désirer. Rien de catastrophique, mais assez pour que les affrontements perdent en intensité. Heureusement, on peut souvent éviter le conflit, ou l’aborder de manière furtive, ce qui ajoute une dimension stratégique bienvenue.
Le système de crafting et de gestion des ressources, lui, est plutôt bien intégré, sans tomber dans la surcomplexité. On récupère, on recycle, on fabrique – rien de révolutionnaire, mais ça fonctionne. Certaines quêtes secondaires sont un peu répétitives, mais d’autres réservent de bonnes surprises, notamment grâce à l’écriture et au contexte.
Narration, mystères et construction du récit
L’un des paris d’Atomfall, c’est de ne pas tout livrer tout de suite. Le jeu ne prend pas le joueur par la main : ici, pas de grosses cinématiques à chaque tournant. L’histoire se découvre en fragments – notes manuscrites, enregistrements audio, dialogues ambigus – ce qui peut être à la fois passionnant et frustrant. Il faut aimer chercher, relier les indices, interpréter les non-dits. C’est une force pour ceux qui aiment se plonger dans un univers, mais cela peut rebuter les joueurs qui préfèrent une narration plus directe.
Certains personnages croisés dans la zone sont intrigants, bien que souvent assez passifs. On sent qu’ils auraient pu être mieux développés. Il manque parfois un fil conducteur fort, une motivation claire qui pousse à continuer autre que la simple curiosité. Cela dit, l’ambiance mystérieuse et la volonté de comprendre ce qui s’est passé suffisent à maintenir l’intérêt.
La fin, sans spoiler, reste dans cette veine : ouverte à l’interprétation, un peu floue, mais fidèle à l’esprit du jeu. On sort d’Atomfall avec plus de questions que de réponses, ce qui peut être vu comme un choix artistique cohérent… ou comme un manque de finition, selon la sensibilité de chacun.
Galerie Photos
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Les plus Les moins
Points positifs
- Une ambiance immersive et cohérente
- Direction artistique réussie et originale
- Exploration gratifiante
- Bon travail de worldbuilding
- Une vraie identité narrative
Points négatifs
- Système de combat en retrait
- IA et animations perfectibles
- Narration parfois trop opaque
- Manque de rythme par moments
En conclusion
Atomfall n’est pas un jeu pour tout le monde. Il ne cherche pas à séduire avec des mécaniques spectaculaires ou une action frénétique. Il prend son temps, installe une ambiance, et pousse le joueur à explorer, à réfléchir, à ressentir. C’est une œuvre imparfaite mais sincère, avec une vraie personnalité. On peut lui reprocher sa technique un peu datée, ses combats moyens ou son scénario diffus, mais difficile de nier qu’il a quelque chose que beaucoup de jeux plus “parfaits” n’ont pas : une âme.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."