Une passion qui ne vieillit pas
Chez nous, on ne parle pas de Age of Empires II comme d’un simple jeu de stratégie en temps réel : on parle d’un monument vidéoludique, d’un titre qui a façonné notre vision du jeu PC, depuis ses débuts en 1999 jusqu’à cette version Definitive Edition lancée en 2019. Mais ce qui rend cette édition exceptionnelle, ce n’est pas juste la refonte graphique ou la compatibilité moderne. C’est le suivi acharné, les mises à jour constantes et surtout, les nombreux DLC qui ont réussi à maintenir l’intérêt, année après année. On les a tous testés, retournés, analysés. Et voici notre verdict, sans langue de bois.
Une base modernisée avec respect
Avant de parler des extensions, il faut rendre à César ce qui lui appartient : Age of Empires II: DE est probablement l’une des meilleures refontes qu’on ait vues. Visuellement, le lifting est net et fluide, sans dénaturer l’identité du jeu. Les animations ont gagné en lisibilité, les cartes en richesse, et l’interface est désormais un vrai plaisir à utiliser.
Mais le vrai travail, c’est le soin apporté à l’équilibre général. Le pathfinding (même s’il reste perfectible) a fait un bond, les raccourcis sont bien pensés, et le mode multijoueur est bien plus accessible qu’il ne l’était dans les anciennes versions. Ce n’est pas parfait – on a toujours quelques crashs ou des lobbies qui rament –, mais c’est un jeu vivant, mis à jour régulièrement, et ça se sent. C’est un socle ultra solide, sur lequel chaque DLC est venu ajouter sa propre couche stratégique.
Parlons maintenant des extensions
Lords of the West – Le coup d’envoi maîtrisé :
Premier DLC de la Definitive Edition, Lords of the West n’était pas révolutionnaire, mais clairement rassurant. Les Bourguignons, avec leur éco qui débloque les technos agricoles plus tôt, changent la donne en début de partie. Les Siciliens, eux, apportent une approche défensive et polyvalente, idéale pour les joueurs prudents. Les deux campagnes sont classiques dans leur structure, mais bien racontées et bien rythmées. Un bon départ, qui ne chamboule pas le jeu, mais ouvre la porte à plus d’audace pour la suite.
Dawn of the Dukes – L’Europe de l’Est sous les projecteurs :
Ici, on sent un vrai pas en avant. Les Bohémiens sont parmi les factions les plus originales du jeu : de l’alchimie à la puissance de feu, ils cassent les codes. Les Polonais, avec leurs fermes productives et leur cavalerie ailée, offrent un style agressif mais technique. Les campagnes sont plus travaillées, les cartes plus variées, et surtout, l’identité culturelle des factions est mieux rendue. On commence à sentir que les DLC ne sont pas juste des packs de skins, mais de vraies extensions de gameplay.
Dynasties of India – Refondre pour mieux régner :
Celui-là était nécessaire. La refonte des Indiens, auparavant une seule civ fourre-tout, était attendue depuis longtemps. Les Gurjaras, Dravidiens et Bengalis amènent une richesse tactique rarement vue dans un seul DLC. Les Gurjaras, avec leur production d’unités dans les moulins, ont divisé la communauté, mais nous, on a adoré l’audace. Les campagnes sont exotiques, plus dynamiques, et mettent en lumière une partie de l’histoire souvent négligée dans les jeux occidentaux. Un DLC costaud, qui apporte de vraies nouveautés.
Return of Rome – L’expérience parallèle :
C’est l’ovni de la série. Ce n’est pas un DLC classique, mais un crossover avec le premier Age of Empires. On y retrouve des civilisations antiques, une méta différente, des mécaniques plus rustiques. Pour les puristes, c’est un petit plaisir nostalgique. Pour les compétiteurs, c’est une distraction sans grand impact sur la scène multijoueur. Une expérience intéressante, mais qu’on lance rarement plus d’une fois. Dispensable, mais pas sans charme.
The Mountain Royals – Du potentiel mal exploité :
Avec les Géorgiens et les Arméniens, ce DLC visait une zone historique peu explorée. Malheureusement, on reste sur notre faim. Les unités sont originales (notamment les Monaspa), mais l’équilibrage est bancal. Les campagnes, bien que visuellement réussies, manquent de souffle et de variété. C’est un DLC qui semble avoir été fait pour combler une case du calendrier. Pas mauvais, mais oubliable à côté des autres.
Victors and Vanquished – L’amour du scénario :
Pas de nouvelles civilisations ici, juste 19 scénarios conçus par des créateurs de contenu réputés. Et franchement, c’est un des DLC les plus sous-estimés. Les scénarios sont variés, bien équilibrés, parfois expérimentaux, mais toujours passionnants. Si vous aimez les campagnes solo et les challenges uniques, c’est une perle. Pour ceux qui ne jurent que par le ladder, passez votre chemin, mais pour les joueurs narratifs : foncez.
The Three Kingdoms – Le DLC le plus ambitieux (et le plus risqué) :
On l’attendait avec impatience, et The Three Kingdoms ne nous a pas déçus. Enfin une incursion massive dans la Chine ancienne, avec les royaumes de Shu, Wei, Wu, et deux factions nomades : les Jurchens et les Khitans. Chaque faction a son style, ses mécaniques uniques (trésorerie centralisée, tributs, sièges mobiles...), et surtout, ses faiblesses. Les campagnes sont longues, bien rythmées, et surtout non-linéaires : des choix scénaristiques influencent le déroulement. Une première pour AoE II. Mais cette richesse a un prix : l’équilibrage multijoueur est encore instable, certaines civs comme Wei ou Khitans peuvent dominer si mal utilisées par l’adversaire. Il faudra plusieurs patches pour tout stabiliser. Malgré ça, c’est un DLC marquant. Visuellement, il est sublime. Narrativement, il est ambitieux. Il bouscule la routine. Et c’est exactement ce qu’on attendait.
En conclusion
Age of Empires II: Definitive Edition a dépassé depuis longtemps le cadre du simple remaster. C’est devenu une plateforme évolutive, où chaque extension vient enrichir une base déjà exceptionnelle. Oui, tout n’est pas parfait. Oui, il y a des hauts et des bas. Mais le soin apporté au contenu, la qualité d’écriture des campagnes, la richesse tactique en multijoueur, et la passion de la communauté… tout ça fait de ce jeu une référence absolue.
Et tant que les développeurs continueront d’en prendre soin comme ils le font, nous, on continuera d’y jouer. Encore longtemps.