Une plongée dans l’horreur psychologique
Le jeu vidéo Ad Infinitum, développé par le studio Hekate, est une œuvre unique qui mêle l’horreur psychologique et l’expérience traumatique de la Première Guerre mondiale. Ce jeu se distingue non seulement par son cadre historique, mais également par son approche narrative intense, qui explore les méandres du stress post-traumatique et les cauchemars hantant les survivants des conflits armés. En plaçant le joueur dans la peau d'un soldat traumatisé, Ad Infinitum propose une expérience à la fois immersive et perturbante, dans laquelle l’horreur ne vient pas seulement des ennemis visibles, mais aussi des démons intérieurs du protagoniste. Dans cet avis détaillé, nous allons explorer les différents aspects du jeu – son ambiance, son gameplay, sa narration, ses graphismes et sa bande-son – pour offrir une vue d’ensemble complète. Nous aborderons également les points forts et faibles qui marquent cette œuvre atypique.
Une atmosphère oppressante inspirée
L’un des premiers éléments qui frappe dans Ad Infinitum, c’est son atmosphère. Le jeu parvient à recréer avec une précision saisissante l’environnement cauchemardesque des tranchées de la Première Guerre mondiale. Les champs de bataille désolés, les tranchées boueuses, les cadavres disséminés, tout est conçu pour rappeler au joueur l’horreur palpable du conflit. Cependant, là où Ad Infinitum va plus loin, c’est dans l’ajout d’éléments surnaturels, qui plongent le protagoniste – et le joueur – dans un monde où la réalité et le cauchemar se confondent. Les créatures grotesques, les visions d’horreurs indicibles et les changements brusques d’environnement accentuent ce sentiment d’insécurité et d’oppression.
Les décors du jeu sont volontairement sombres et délabrés, rappelant l’état de destruction des lieux historiques marqués par la guerre. La frontière entre le monde physique et le monde mental s’efface progressivement, laissant place à un univers inquiétant où chaque couloir, chaque ombre peut dissimuler une menace. Cette fusion entre horreur historique et surnaturelle est un choix audacieux qui distingue Ad Infinitum des autres jeux d’horreur plus conventionnels. En ancrant ses éléments fantastiques dans la réalité historique, le jeu parvient à créer une forme d’horreur psychologique plus viscérale, où le joueur est constamment sur le qui-vive, non seulement face aux ennemis, mais aussi face à ses propres perceptions du monde. Si l’ambiance est un des points forts du jeu, le gameplay de Ad Infinitum divise davantage. Le jeu se concentre principalement sur la résolution d’énigmes et l’exploration, avec des phases d’infiltration et de survie face à des ennemis surnaturels. Les énigmes, bien que parfois créatives, manquent souvent de complexité, ce qui peut rendre certaines séquences trop linéaires ou répétitives. Les ennemis, quant à eux, constituent une menace réelle, mais leur comportement et leurs apparitions deviennent rapidement prévisibles, ce qui peut réduire l’effet de surprise et de tension au fil du jeu.
Cependant, ce qui rattrape ces faiblesses en termes de gameplay, c’est la narration. Le jeu plonge le joueur dans les souvenirs et les cauchemars du protagoniste, un soldat traumatisé par la guerre. À travers des séquences oniriques, des lettres et des objets trouvés dans l’environnement, on en apprend plus sur le passé du personnage principal et les événements qui l’ont conduit à ce point de rupture psychologique. La gestion de ces souvenirs, entrecoupés de scènes réalistes de guerre et de visions fantastiques, renforce l’immersion et pousse le joueur à s’investir émotionnellement dans l’histoire.
Le jeu aborde des thèmes lourds et poignants comme le stress post-traumatique, la culpabilité du survivant et la déshumanisation des soldats. Il s’agit là de sujets rarement explorés avec autant de profondeur dans le monde du jeu vidéo, ce qui confère à Ad Infinitum une dimension narrative particulière. Le protagoniste, en proie à des crises d’angoisse et de panique, voit son état mental se détériorer au fil du jeu, renforçant l’idée que la véritable horreur ne vient pas toujours de l’extérieur, mais de l’intérieur.
Graphismes et direction artistique immersifs
Un autre atout indéniable d’Ad Infinitum est sa direction artistique. Les graphismes du jeu, bien que sombres et parfois minimalistes, contribuent grandement à l’immersion. Chaque détail a été soigneusement travaillé pour transporter le joueur dans cette époque troublée, que ce soit dans les reconstitutions historiques ou dans les scènes plus fantastiques. Les environnements sont variés, alternant entre les champs de bataille ravagés, les bunkers claustrophobiques et des mondes cauchemardesques où règne une ambiance malsaine.
Le contraste entre ces différents décors est saisissant et permet au jeu de renouveler constamment l’intérêt du joueur. Les effets d’éclairage jouent également un rôle central dans la construction de l’atmosphère. La lumière vacillante des lampes à pétrole, les ombres qui se déplacent dans les tranchées et les éclairs intermittents qui illuminent les visages déformés des créatures créent un sentiment d’insécurité permanent. Le joueur n’a jamais l’impression d’être en sécurité, même dans les moments de calme relatif.
La bande-son accompagne parfaitement cette atmosphère oppressante. Les bruits de fond – comme les explosions lointaines, les cris des soldats ou les chuchotements inquiétants – amplifient la tension. Quant aux musiques, elles sont utilisées avec parcimonie, intervenant surtout lors des moments clés pour souligner l’intensité émotionnelle ou la montée en puissance d’une scène d’horreur. Ces choix musicaux, couplés aux bruits ambiants, maintiennent le joueur dans un état d’alerte constant, contribuant à la réussite de l’immersion.
Galerie Photos
Vidéo
Les plus Les moins
Points positifs
- Une ambiance oppressante et immersive
- Un scénario captivant abordant des thématiques profondes
- Une direction artistique soignée, avec des graphismes et une bande-son de qualité
Points négatifs
- Un gameplay parfois répétitif et limité
- Une variété d’énigmes et de mécaniques de jeu qui pourrait être plus étoffée
En conclusion
Ad Infinitum est un jeu qui mise tout sur son ambiance et sa narration pour captiver les joueurs. L’horreur psychologique qu’il propose, ancrée dans les traumatismes de la guerre, offre une expérience unique, à mi-chemin entre le fantastique et le réalisme historique. Si le gameplay peut sembler simpliste et répétitif à certains moments, les émotions suscitées par l’histoire et l’immersion visuelle et sonore parviennent à compenser ces lacunes. Pour les amateurs de jeux narratifs et d’horreur psychologique, Ad Infinitum est sans aucun doute un titre à découvrir.
Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."