En 1999 au Japon, Namco décide de franchir un cap audacieux avec Ace Combat 3 : Electrosphere, un jeu qui marque un tournant pour la célèbre franchise de combats aériens. À mi-chemin entre la simulation et le jeu d'action, ce titre s'immerge dans un monde futuriste où la guerre n'est plus seulement menée dans les airs, mais aussi dans les cyberespaces et entre les mégacorporations. Si la version japonaise de Ace Combat 3 propose un récit complexe avec plusieurs arcs narratifs, les joueurs occidentaux se retrouvent avec une version amputée de son intrigue riche et de son scénario à embranchements multiples. Cependant, même avec cette simplification, Ace Combat 3 : Electrosphere offre une expérience unique et novatrice pour l'époque, combinant des mécaniques de jeu solides, des visuels époustouflants, et une ambiance sonore immersive.

Ce qui distingue Ace Combat 3 : Electrosphere des autres jeux de la franchise est sans doute son univers et son scénario. Plongé dans un futur dystopique, le joueur se retrouve au milieu d'une guerre froide technologique où deux grandes corporations, General Resource Ltd. et Neucom Inc., s'affrontent pour la domination mondiale. Ce conflit est non seulement visible dans les cieux avec des affrontements d'avions futuristes, mais aussi dans le cyberespace, où les hackers et les intelligences artificielles jouent un rôle clé. La version japonaise du jeu est particulièrement riche sur le plan narratif, offrant une intrigue complexe qui se ramifie selon les choix du joueur. Plusieurs fins sont possibles, renforçant ainsi la rejouabilité et l’implication émotionnelle du joueur. De plus, des scènes cinématiques en anime ponctuent le récit, ajoutant une dimension visuelle captivante et contribuant à l'immersion. Malheureusement, cette profondeur scénaristique n’a pas été incluse dans la version européenne et nord-américaine, où les choix narratifs ont été simplifiés, et l'histoire a été réduite à sa forme la plus basique. Cette décision a clairement diminué l’impact émotionnel du jeu pour les joueurs occidentaux, qui n'ont pas pu profiter de la richesse de cet univers cyberpunk. Même si le scénario a été allégé dans certaines versions, Ace Combat 3 : Electrosphere excelle sur le plan du gameplay, offrant des sensations de vol et de combat aérien qui n’ont rien perdu de leur intensité. Le joueur incarne un pilote chargé de mener diverses missions aériennes, allant de la défense d’installations stratégiques à l’assaut direct contre des escadrons ennemis. Chaque mission apporte son lot de défis, qu'il s'agisse de détruire des bases ennemies, de protéger des cibles ou d'infiltrer l'espace aérien adverse sans se faire repérer. Les commandes du jeu sont relativement simples, mais elles permettent une grande précision lors des combats. Les avions, bien qu'imaginaires, sont très agréables à piloter, et le jeu propose une belle variété de modèles avec des caractéristiques distinctes, permettant de varier les styles de jeu. Les combats se déroulent à haute vitesse, avec des manœuvres d'évitement, des tirs de missiles et des combats rapprochés, créant une atmosphère de tension constante. Cependant, une des critiques que l’on peut faire au jeu est son manque de profondeur stratégique, surtout en comparaison des opus plus récents ou de la version japonaise où les missions proposaient plus de diversité narrative et de choix tactiques.

Pour un jeu de la fin des années 1990, Ace Combat 3 : Electrosphere se distingue également par son esthétique futuriste soignée. Les graphismes sont impressionnants pour l'époque, notamment en ce qui concerne la modélisation des avions, les environnements variés et les effets de lumière. Les missions se déroulent dans des décors allant des bases aériennes et des villes flottantes aux cieux et espaces futuristes, contribuant à l’immersion dans cet univers de science-fiction. Un autre point fort du jeu est sa bande-son. Les morceaux, qui oscillent entre musiques électroniques, orchestrales et ambiances futuristes, renforcent l’atmosphère cyberpunk du jeu. Les thèmes musicaux varient en fonction de la situation et s’adaptent parfaitement à l’intensité des combats, rendant chaque mission encore plus immersive. De plus, les effets sonores des moteurs d'avions, des explosions et des communications radio sont bien réalisés, ajoutant une couche de réalisme et d’adrénaline aux affrontements. Cependant, malgré cette excellence visuelle et sonore, quelques critiques peuvent être formulées concernant la répétitivité des décors. Bien que certains niveaux proposent des environnements distincts, d’autres réutilisent des motifs similaires, donnant une impression de déjà-vu après plusieurs heures de jeu. Cela est en partie dû aux limitations techniques de la PlayStation, mais cela n’enlève pas totalement au plaisir de jeu, tant l’action reste soutenue.

Ace Combat 3 : Electrosphere est sans doute l’un des épisodes les plus ambitieux de la série, tant par son approche narrative que par ses innovations techniques. Si la version japonaise du jeu a su conquérir les critiques par son scénario élaboré et ses nombreuses fins, la version occidentale a malheureusement souffert de simplifications majeures, affectant l’immersion et la profondeur du récit. Néanmoins, le jeu reste une expérience solide pour tout amateur de combats aériens, grâce à ses mécaniques de gameplay efficaces, ses graphismes impressionnants pour l’époque, et son ambiance sonore mémorable. Malgré ses défauts, Ace Combat 3 : Electrosphere parvient à marquer l’histoire du jeu vidéo avec son univers riche et ses combats aériens haletants.