Une expérience marquante ?

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11-11 : Memories Retold est un jeu vidéo narratif, lancé en 2018, qui nous plonge dans l'une des périodes les plus sombres de l'histoire humaine : la Première Guerre mondiale. Développé par Aardman Animations, le studio célèbre pour son travail sur Wallace et Gromit, et DigixArt, ce jeu adopte une approche artistique et émotionnelle pour représenter les réalités de la guerre. Contrairement à de nombreux autres jeux sur le même sujet, qui mettent souvent l'accent sur les combats, 11-11 : Memories Retold se concentre sur les émotions humaines, les dilemmes moraux, et les histoires personnelles des personnages au milieu du chaos. Le joueur incarne deux protagonistes issus de camps opposés : Harry, un jeune photographe canadien, et Kurt, un ingénieur allemand, chacun avec sa propre histoire et ses propres motivations. Cette approche bicéphale permet de vivre la guerre des deux côtés du front et donne au jeu une richesse narrative rare. Dans cet avis, nous analyserons en profondeur les différents aspects du jeu, du graphisme à la narration, en passant par les mécaniques de jeu, afin de comprendre ce qui fait de 11-11 : Memories Retold une expérience aussi unique.

Une direction artistique audacieuse

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L'un des aspects les plus frappants de 11-11 : Memories Retold est sans doute sa direction artistique. Le jeu se distingue par son esthétique visuelle qui semble être peinte à la main, comme un tableau impressionniste. Chaque scène est composée de coups de pinceau numériques qui rendent l'environnement flou et onirique, presque comme si le joueur évoluait dans une aquarelle en mouvement. Ce choix artistique renforce le sentiment que l'histoire que nous vivons est une mémoire, une reconstitution subjective des événements passés, plutôt qu'une représentation réaliste de la guerre. Cela permet également d'adoucir les horreurs visuelles de la guerre, en apportant une certaine distance émotionnelle. Cet effet visuel n'est pas simplement un atout esthétique : il crée une ambiance poétique et mélancolique qui résonne avec le thème du souvenir et du traumatisme. Toutefois, cette originalité visuelle n'est pas sans inconvénients. Certains joueurs peuvent être désorientés par cet aspect flou et imprécis, surtout dans les séquences où il est crucial de repérer des objets ou des personnages dans l'environnement. À certains moments, le style visuel pourrait même nuire à la lisibilité de l'action, rendant difficile de distinguer les éléments interactifs des décors. Néanmoins, cet effet est clairement un choix délibéré, visant à privilégier la contemplation et l'émotion sur la précision. Les joueurs qui apprécieront cette approche artistique seront certainement touchés par sa singularité. L’histoire de 11-11 : Memories Retold est au cœur de l'expérience, et elle se distingue par sa profondeur émotionnelle et son humanité. Contrairement aux jeux de guerre traditionnels, qui se concentrent souvent sur des affrontements spectaculaires et des séquences d'action intense, ce jeu propose une vision plus intimiste et introspective de la Première Guerre mondiale. Les deux personnages principaux, Harry et Kurt, viennent de mondes très différents, mais leurs histoires se rejoignent par les circonstances tragiques de la guerre. Harry est un jeune homme insouciant, attiré par l’aventure et la gloire, qui devient photographe de guerre presque par hasard. Kurt, en revanche, est un père de famille dévasté par la perte de contact avec son fils, soldat sur le front. Leurs chemins vont se croiser de manière inattendue, et à travers eux, le joueur est confronté à des choix moraux difficiles qui illustrent l'absurdité et la tragédie de la guerre. Le récit se développe de manière lente, mais c'est une lenteur bienvenue. Elle permet au joueur de s’attacher aux personnages et de ressentir véritablement les enjeux émotionnels de leurs parcours. La narration est portée par des performances vocales de qualité, avec des voix comme celles de Elijah Wood (pour Harry) et Sebastian Koch (pour Kurt), qui ajoutent une dimension supplémentaire aux personnages. Cette focalisation sur les émotions humaines, et non sur la violence brute, est ce qui distingue vraiment 11-11 : Memories Retold. Les moments de calme, les interactions simples, et les réflexions personnelles des personnages créent un contraste poignant avec l'horreur sous-jacente de la guerre. Cependant, certains joueurs pourraient trouver que le rythme du jeu est trop lent et que l'histoire manque de rebondissements spectaculaires. Pour ceux qui sont habitués à des jeux de guerre plus dynamiques, axés sur l’action, 11-11 : Memories Retold peut paraître trop contemplatif. Il ne s'agit pas d'une expérience où l'on cherche à "gagner" ou à "survivre" dans le sens classique, mais plutôt d'une exploration émotionnelle des conséquences humaines du conflit.

Gameplay au service de la narration

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En termes de gameplay, 11-11 : Memories Retold adopte une approche simplifiée et épurée. Le jeu mise avant tout sur l’exploration, la collecte d’éléments narratifs, et la prise de décisions qui affectent l’histoire des personnages. Il ne s'agit pas d'un jeu de stratégie ou de tir, mais plutôt d'une aventure narrative. Les joueurs sont amenés à interagir avec des objets, à résoudre des énigmes légères, et à prendre des photos dans le rôle de Harry. Les mécaniques de jeu ne sont jamais complexes ou difficiles, mais elles ont pour but de renforcer l’immersion et l'attention portée aux détails de l’histoire. Chaque photo prise par Harry, par exemple, n’est pas qu’un simple acte technique, mais une opportunité d’observer la guerre sous un autre angle, celui d'un civil observateur. Cependant, cette approche minimaliste peut également être vue comme une faiblesse pour les joueurs qui recherchent plus d’interactivité ou de défi. Les énigmes sont relativement simples, et les phases d'exploration peuvent parfois sembler un peu vides. Le jeu ne propose pas de mécanismes complexes, et les choix du joueur, bien qu’ils influencent légèrement la fin de l’histoire, ne modifient pas de manière significative le déroulement des événements. De plus, le manque d’action peut laisser certains joueurs sur leur faim, surtout si l’on s’attend à une expérience plus proche des standards habituels des jeux de guerre. Le jeu demande de la patience et de l’investissement émotionnel pour être pleinement apprécié.

Galerie Photos

Vidéo

Les plus Les moins

Points positifs

  • Direction artistique impressionniste unique et immersive
  • Récit émouvant avec des personnages attachants
  • Une approche originale de la Première Guerre mondiale, axée sur les histoires personnelles

Points négatifs

  • Gameplay minimaliste et parfois répétitif
  • Rythme lent qui peut décourager certains joueurs

En conclusion

8
11-11 : Memories Retold est une expérience de jeu unique et marquante, qui se distingue par son esthétique artistique audacieuse, son récit profondément humain et son approche narrative immersive. Il offre une vision rare et poétique de la Première Guerre mondiale, en mettant en lumière les histoires individuelles et les dilemmes moraux plutôt que les combats. Bien que son gameplay soit simple et que son rythme puisse sembler trop lent pour certains, il parvient à captiver par la force de ses personnages et par l'émotion qu'il dégage. Ce jeu est une véritable œuvre d'art vidéoludique, qui saura toucher les joueurs en quête d'une expérience différente et introspective.

Testé par Anthony TAELMAN (Tùni)

Tùni
"Joueur depuis ma plus tendre enfance, j'ai pris la première claque de ma vie en 1996 avec Resident Evil. Créateur en 2012 de CN Play, et toujours à sa tête, mon expérience de nombreuses années dans le domaine du jeu vidéo est maintenant au service de ma talentueuse équipe."
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