la-prise-de-parole-de-microsoft-apres-son-passage-devant-la-commission-europeenne-cover.jpg

La prise de parole de Microsoft après son passage devant la Commission Européenne

Maxi Kagemusha par Maxi Kagemusha le 22/02/2023
PCXbox OneXbox SeriesPS4PS5SwitchMobileBusiness

Après son audience à huis-clos auprès de l'autorité de régulation européenne, Microsoft, par la voix de Brad Smith, son vice-président, a tenu une conférence de presse. Ce 21 février, Microsoft avez rendez-vous avec l'autorité antitrust européenne. Cette audience est une étape primordiale dans le processus de validation par la Commission Européenne de la fusion entre le plus grand éditeur de jeux américain, Activision-Blizzard-King, et la marque de Redmond.

"
J'espère qu'aujourd'hui est un jour qui fera progresser notre industrie et notre réglementation de manière responsable.
Brad Smith, Vice-chairman de Microsoft Corporation

Une nouvelle étape est franchie

la-prise-de-parole-de-microsoft-apres-son-passage-devant-la-commission-europeenne-contenu.jpg

Un point sur la situation

Annoncé en janvier 2022, l’accord entre Activision-Blizzard-King et Microsoft avait eu l’effet d’une bombe dans le monde du jeu vidéo, à la fois pour son montant proche de 70 milliards mais également par la restructuration à prévoir pour l’ensemble du marché. Pour tout accord de cette importance, il y a un processus d’approbation devant les différentes commissions de régulation mondiales (FTC, CMA, CE, etc). Si de nombreux organismes de régulation ont déjà validé l’accord, Microsoft doit encore convaincre les trois principaux. Bien sûr, depuis le début de l’année 2022, l’une des principales préoccupations est le sort réservé à la licence phare d’Activision : Call of Duty. En effet, le rachat du leader américain de l’édition vidéoludique pourrait entraîner une exclusivité à l'écosystème XBox à terme. La deuxième crainte qui revient le plus souvent dans les préoccupations des autorités de régulation serait la possibilité offerte à Microsoft d’avoir une position dominante dans le domaine du Cloud-Gaming. A ces interrogations, Microsoft y avait répondu par une promesse de maintenir Call of Duty sur les consoles Sony, le principal réfractaire au rachat, pendant 10 ans. Par la même occasion, la marque américaine annonçait un accord de même nature avec Nintendo et avec Steam, afin de contrecarrer l’idée d’une exclusivité du FPS d’Activision sur son écosystème. Microsoft s’était appuyé, pour étayer sa position, par la disponibilité multi-plateforme de Minecraft, le jeu de Mojang Studios, un Xbox Game Studios depuis 2014.


La position de Microsoft

Cette journée du 21 février a donc commencé par une communication officielle conjointe de Microsoft et de Nintendo qui fait suite aux déclarations de Phil Spencer, CEO de Xbox, en fin d’année dernière. Brad Smith a ainsi annoncé sur Twitter : ‹‹ Microsoft et Nintendo ont maintenant négocié et signé un accord juridique d’une durée de 10 ans pour offrir Call of Duty aux joueurs Nintendo››. Cet accord comprend également une ‹‹parité totale des fonctions et du contenu››, ce qui englobe la date de sortie. Dans ce communiqué, nous apprenons aussi la volonté de Microsoft de proposer les jeux des Xbox Game Studios au plus grand nombre de joueurs. Après ce début de journée, somme toute historique, avec un accord de dix ans entre deux des trois acteurs du marché des consoles, voilà le dessert : la conférence de presse de Brad Smith qui a fait le déplacement à Bruxelles accompagné de son état-major dont Phil Spencer. Il ne faut pas oublier également l’appui de la CWA, un des plus importants syndicats américain du secteur, qui a envoyé la veille un courrier favorable au rachat à la Commission Européenne. Après une audience devant le régulateur européen à huis clos, avec la présence de Jim Ryan, CEO de Sony, Robert Kotick, PDG d’Activision et de représentants de divers acteurs du marché comme Google et Nvidia, le vice-président de Microsoft en personne, a donc pris la parole publiquement.


Que retenir de la conférence de presse ?

Brad Smith commence sa prise de parole en rappelant l’accord historique annoncé le matin même avec Nintendo à savoir rendre disponible pendant 10 ans Call of Duty et autres jeux Xbox sur les consoles Nintendo. Mais il poursuit en annonçant également un accord avec Nvidia : ainsi tous les jeux Xbox PC arriveront sur le service cloud de Nvidia GeForce Now, service de streaming concurrent du Xbox Game Pass. Microsoft souhaite offrir aux 25 millions d’utilisateurs PC du GeForce Now ses jeux Xbox. Par cette déclaration, la marque de Redmond annonce que si le rachat est approuvé, l'arrivée des jeux Activision-Blizzard sur le service de Nvidia, le leader du cloud-gaming et donc son principal concurrent. Brad Smith a fait le déplacement des Etats Unis afin de répondre à toutes les interrogations de l’organisme de régulation européen. ‹‹ Nous pensons au marché européen ›› surenchérit le haut responsable de Microsoft avant de faire le point sur les parts de marché de son entreprise et du principal réfractaire à l’achat, à savoir Sony. En Europe c’est ‹‹ un marché où Sony détient 80 % des parts. Globalement, c'est environ 70/30. Au Japon, c'est 96/4 ›› poursuit Brad Smith, tout le monde a bien remarqué l'absence de Nintendo dans l’équation. Ce qui est bien en corrélation avec les dires de Sony qui a toujours exclu Nintendo des négociations. ‹‹ Les régulateurs ne sont pas là pour protéger les entreprises super dominantes ››, le vice-chairman de Microsoft se montre confiant. Fort de son expérience acquise lors de précédentes acquisitions comme Linkedin pour 26 milliards de dollars et de sa volonté de rendre accessible Call of Duty à plus de 150 millions de joueurs supplémentaires, Microsoft souhaite trouver une solution à même de rassurer la Commission Européenne.

La réponse à Sony

Brad Smith rappelle à l’auditoire présent que Microsoft n’a pas conclu d'accord avec Sony et qu’il espère y arriver, il attends la marque nipponne pour négocier, tout en mettant la pression sur l’autorité de régulation : ‹‹ J'espère qu'aujourd'hui est un jour qui fera progresser notre industrie et notre réglementation de manière responsable››. Pour le vice-chairman de la firme américaine, la position de Sony en bloquant cet accord, c’est de réduire la concurrence et de freiner l’évolution du secteur. Le fait que Sony a comme principal argument la possible exclusivité de Call of Duty, Microsoft répond qu’actuellement il n’est accessible qu’à 120 millions de joueurs (Xbox+PC+Playstation) et qu’avec le rachat, il sera accessible à plus de 150 millions de joueurs supplémentaires (Nintendo+Nvidia). Nous savons également qu’Activision et surtout ses salariés sont favorables à cet accord notamment pour une amélioration des conditions de travail et d'opportunités salariales. A une solution qui avait été émise par la CMA, début février, à savoir l’exclusion d’Activision ou tout du moins de la licence Call of Duty de l’accord final, Microsoft réponds que sa volonté première avec cet accord, c’est de rendre le FPS accessible à tous en incluant Nintendo. Brad Smith affirme ‹‹croire que l'avenir est multiplateforme.›› Brad Smith confirme, de fait, de ne pas avoir l'intention d'abandonner la licence phare de l'éditeur américain pour obtenir un accord.

Microsoft semble avoir marqué des points

La Commission Européenne devait s'exprimer à l'issue de l'audience, finalement elle donnera sa position finale pour le 23 mars, elle va suivre le calendrier qu'elle avait annoncé précédemment. Avec les accords annoncés le jour-même par Microsoft avec Nintendo et Nvidia, le régulateur européen a eu des réponses à ses deux principales inquiétudes. En effet, Microsoft a répondu de la meilleure manière en rendant Call of Duty accessible à la Nintendo Switch et aux utilisateurs du GeForceNOW, ces derniers auront également accès à l'ensemble du catalogue d'Activision et des Xbox Game Studios sur PC. Le soutien de la CWA et de l'UNI, deux des principaux syndicats américains du secteur, n'est pas négligeable, en effet, généralement dans le cadre d'une fusion, les salariés sont les premiers concernés et les plus réticents. Il est bon à rappeler que l'avis de la Commission Européenne n'est que consultatif mais peut toutefois influencer les positions de la CMA et de la FTC. Encore une fois, Microsoft a tenté de prouver qu'il n'aura pas de position dominante sur le marché une fois la fusion validée. La marque de Redmond n'a pas l'intention de renoncer à Call of Duty, bien au contraire, elle souhaite rendre la licence disponible partout où cela est possible. Quoi qu'il en soit, le propriétaire de Xbox a montré aux régulateurs ainsi qu'aux réfractaires toute sa confiance et sa détermination. Ce rachat d'Activision-Blizzard-King par Microsoft n'est-il pas un avantage pour le consommateur, le principal concerné, quelque soit sa plateforme ?

Partager cet article

Vos Commentaires