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La pause-café d'Aymar : Boycott or not boycott, That's not the question

Aymar par Aymar le 06/02/2023
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Oui carrément un bol, c’est samedi matin, il fait -40 en ressenti, je bouge pas de la maison, et ça fait des jours que je macère dans du seum, à force d’entendre parler de boycott et de réaliser qu’on ne comprend pas la portée réelle ou l’utilité dans le JV alors je vous explique…

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Je ne veux pas vous empêcher de faire ce que votre conscience vous dicte, c'est comme ça qu'on vit heureux, je vous invite en revanche à ne pas vous attaquer, harceler ou menacer les uns les autres, ça ne produit rien de positif sur le long terme quel que soit le bien-fondé de la cause, on ne rallie personne en transformant les autres en antagonistes.
Aymar Azaïzia, Thread Master

Le Boycott dans le Jeu Vidéo, quel impact et qui en pâtit vraiment ?

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Je fais semblant de pas réaliser qu'en France le boycott est interdit (pas son appel, mais son action), parce que franchement OSEF et personne ne respecte ça...

Mais sans prendre en compte les motivations et la légitimité, quand on dit ce n'est pas grave, les devs sont payés, je le sais y a un(e) dev qui l'a dit sur Twitter. Commençons par un rappel, un pro de l'industrie ne l'est pas dans tous les domaines, de nombreux excellents artistes, prog, designers ne sont pas versé dans la production, la gestion des coûts, le financement des jeux et souvent n'y seront pas exposé avant de devenir senior, voir jamais. Donc, comment sont payés les devs, d'où vient la maille (je suis vieux, je vais te sortir des expressions, tu ne vas rien capter). On peut le résumer comme une avance, à la manière d'un auteur qui touche une avance sur salaire de son éditeur... Comme l'éditeur de JV du coup. Donc l'éditeur prend un risque, soutient financièrement tout le développement, permettant de supporter les salaires, les logiciels, les baux, etc... Il brûle littéralement du pognon, en espérant que le jeu devienne break even donc fasse du profit. Et donc le studio touchera potentiellement des bonus, s'il réussit à atteindre un certain objectif, au-delà du seuil de rentabilité, et donc rembourser intégralement ce qu'il doit à l'éditeur. S'il n'atteint pas ces objectifs, il va rester un gros burden... L'éditeur perd de l'argent, et les chances que le développeur, surtout si il est petit ou sans licence propre ne trouve plus de partenaires et voit les prochains projets annulés parce que perte de confiance dans les capacités, sont assez énorme, ce qui en général veut dire qu'on se retrouve ici :


http://fr.wikipedia.org/wiki/cat%c3%a9…


Ouais, c'est assez dur, et les devs sont frappés en première ligne, avec l'éditeur.

Alors parfois l'éditeur et le dev sont une entité identique, et dans ce cas, ce sont les deux qui souffrent ensemble avec souvent aucune différence dans les conséquences, ce sont rarement les hauts dirigeants qui en souffrent...

Mais dans le cas d'une licence ? Oh merci mon jeune ami, c'est encore plus fou. Quand on travaille sur une licence comme au hasard Harry Potter, ou Le Seigneur des anneaux, ou Marvel... On signe un contrat de licensing out. L'ayant droit de la licence, nous autorise contre une certaine somme à développer un jeu sous licence, sous son contrôle plus ou moins présent (on peut avoir des tonnes de validations, ou presque pas, et des tonnes de ressources ou presque rien) c'est fonction de la marque. Mais pour celles-cités attendez vous à un Pantone des couleurs, ou à un degré d'inclinaison du chapeau de Gandalf définit au poil de fion (vrai exemple tiré de ma life TM). Alors combien ça pèse ? De manière classique, on tape dans le 15 % des revenus... Ce qui pour un AAA assez massif veut souvent dire que pour devenir profitable, vous devez faire 2.5-3M d'unités de plus qu'un AAA ordinaire... Vous le sentez venir ? On est déjà dans la dizaine de millions d'unités juste pour tirer un profit... Mais donc l'ayant droit ne touche rien, si l'on boycott, on gagne ?

Et non, tu perds. Parce que tous ces contrats ont une clause de minimum garantie, histoire d'éviter qu'on file la marque a des dizaines de projets qui plantent, on force donc l'utilisateur à s'engager pour de bon. Et donc on revient comme pour l'industrie du livre, à devoir faire une estimation des ventes minimales qu'on soumet aux ayant droit, et on leur verse directement le chèque en AMONT. Ils ont donc déjà toutes les thunes avant que le jeu ne sorte, et gagneront plus, une fois le minimum garanti dépassé et remboursé. Par conséquent, si tu penses qu'en boycottant Hogward Legacy tu fais chier JK Rowlings, en fait tu mets en péril les devs et l'éditeur, mais elle a déjà les quelques millions qu'elle ajoutera à ses milliards, mais oui, si le jeu est un méga carton elle gagnera d'avantage que son minimum garanti.

Maintenant que vous savez, agissez en vos âmes et consciences

Je ne veux pas vous empêcher de faire ce que votre conscience vous dicte, c'est comme ça qu'on vit heureux, je vous invite en revanche à ne pas vous attaquer, harceler ou menacer les uns les autres, ça ne produit rien de positif sur le long terme quel que soit le bien-fondé de la cause, on ne rallie personne en transformant les autres en antagonistes. J'avais envie de vous partager les coulisses de la gestion d'IP et de licence pour que vous compreniez le mécanisme sans prendre pour acquis ce qu'on affirme sans grande connaissance sur le sujet.

Sur ce, je vous souhaite une excellente journée, je vais me poser et surtout faire attention au vortex de froid qui traverse le Québec, je vous embrasse fort, bon jeu, bon kiff, peace !

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