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La FTC se prononce contre le rachat d'Activision Blizzard et Microsoft se déclare prêt à en découdre !

Alf par Alf le 09/12/2022
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Cela faisait plusieurs mois que l'industrie du Jeu Vidéo était pendue aux lèvres de la FTC attendant que cette dernière s'exprime officiellement concernant l'acquisition d'Activision Blizzard King. C'est désormais chose faite puisque le régulateur américain vient d'exprimer sa volonté de s'opposer à la fusion sous sa forme actuelle.

"
Bien que nous croyions qu'il faut donner une chance à la paix, nous avons une confiance totale dans notre cas et nous nous réjouissons de l'opportunité de le présenter devant un tribunal.
Brad Smith, président de Microsoft

Craintes justifiées ou procès d'intention ?

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C'est à 3 voix contre 1 que l'autorité de régulation fédérale américaine a décidé de s'opposer au rachat. Selon l'agence, en réalisant cette opération, Microsoft prendrait le contrôle des meilleures franchises de l'industrie, rendant ainsi la firme de Redmond capable de nuire à la concurrence non seulement sur le marché des constructeurs de consoles à hautes performances, mais aussi sur le secteur des services par abonnement. Holly Vedova, directrice du Bureau de la concurrence de la FTC, déclare :

"Aujourd'hui, nous cherchons à empêcher Microsoft de prendre le contrôle d'un studio de jeux vidéo indépendant de premier plan et de l'utiliser pour nuire à la concurrence sur plusieurs marchés dynamiques et à croissance rapide du secteur."

La FTC ajoute dans son communiqué de presse qu'elle ne peut faire totalement confiance à Microsoft, et cela, à cause des décisions du géant américain suite au rachat de Zenimax Bethesda. Le régulateur indique que le fait que Starfield et Redfall soient exclusifs à l'écosystème Xbox prouve que Microsoft souhaite empêcher ses concurrents de bénéficier des logiciels produits par les studios rachetés :

" Microsoft a déjà montré qu'ils peuvent et qu'ils vont empêcher leurs concurrents d'avoir accès à leurs contenus. "

Cela témoigne probablement d'une certaine défiance vis à vis des concessions accordées récemment par Microsoft concernant la licence Call of Duty. Effectivement, il y a à peine quelques jours, Xbox, Nintendo et Steam signaient un accord garantissant le portage de la franchise sur une durée minimum de 10 ans. À cette occasion, Brad Smith, président de Microsoft, avait réitéré publiquement accorder la même proposition à Sony. À l'heure actuelle, l'entreprise japonaise n'a pas souhaité répondre à l'offre.

Rappelons que contrairement au cas actuel, lors du rachat de Zenimax aucun accord ni aucune garantie n'avaient été signé concernant l'avenir des licences de l'éditeur, ni avec les régulateurs, ni avec d'autres acteurs du secteur. D'ailleurs, dès le lendemain de la validation par les autorités européennes, Phil Spencer avait très clairement indiqué qu'il y aurait "quelques nouveaux titres" qui ne seront disponibles que sur les plateformes de Microsoft et que les décisions sur la distribution des jeux Zenimax Bethesda sur d'autres plateformes se ferait au cas par cas. Cela n'a pas empêché le géant Américain d'honorer les contrats déjà en cours notamment les sorties en exclusivité temporaire de Deathloop et de Tokyo Ghostwire sur la plateforme de son concurrent direct PlayStation. Sans compter l'arrivée de Deathloop sur le service d'abonnement PlayStation Plus ou encore la sortie de l'Anniversary Edition de Skyrim. Autant d'éléments que l'équipe juridique de Microsoft ne manquera pas de souligner à la première occasion. D'ailleurs la FTC à d'ores-et-déjà programmé une audience devant son propre tribunal administratif pour le 2 août 2023. Le régulateur a donc préféré éviter pour l'instant de porter l'affaire devant la seule autorité capable de véritablement d'interdire cette acquisition : le tribunal fédéral. Par ailleurs, la FTC n'a pas demandé d'injonction pour empêcher formellement la conclusion du rachat. Cela dit, il est très peu probable que Microsoft décide de passer outre ce litige et choisisse de conclure ce rachat alors que des enquêtes et autres examens réglementaires sont encore en cours.


Quand la FTC attaque Microsoft contre-attaque

La réponse du géant Américain ne s'est pas fait attendre. C'est encore une fois Brad Smith qui a décidé de s'exprimer sur cette décision :

"Nous continuons de croire que notre accord, pour acquérir Activision Blizzard élargira la concurrence et créera plus d'opportunités pour les joueurs et les développeurs de secteur. Nous nous sommes engagés depuis le premier jour à résoudre les problèmes de concurrence, notamment en proposant plus tôt cette semaine des concessions à la FTC. Bien que nous croyions qu'il faut donner une chance à la paix, nous avons une confiance totale dans notre cas et nous nous réjouissons de l'opportunité de le présenter devant un tribunal."

Le président de Microsoft n'est pas le seul intéressé à paraître si sûr de lui quant à la conclusion de cet accord. Le tristement célèbre CEO d'Activision, Bobby Kotick, s'est lui aussi exprimé en adressant un email à ses employés :

"Je voulais fournir une brève mise à jour sur notre fusion imminente avec Microsoft. Cette semaine, la Federal Trade Commission (FTC) a annoncé sa décision de contester l'accord. Cela signifie qu'ils intenteront une action en justice pour bloquer la fusion et que les arguments seront entendus par un juge. Cela semble alarmant, je tiens donc à réaffirmer ma confiance dans la conclusion de cet accord. L'allégation selon laquelle cet accord est anticoncurrentiel ne correspond pas aux faits, et nous pensons que nous gagnerons ce défi. Grâce à votre travail quotidien acharné, nous sommes sur la bonne voie, apportant une joie épique aux joueurs du monde entier avec ce que je considère comme les meilleurs jeux de l'industrie. Dans le même temps, le paysage concurrentiel évolue et, en termes simples, un Microsoft-ABK combiné sera bon pour les joueurs, bon pour les employés, bon pour la concurrence et bon pour l'industrie. Nos joueurs veulent avoir le choix, et cette fusion leur donne exactement cela [...] nous pensons que nos arguments l'emporteront malgré un environnement réglementaire axé sur l'idéologie et les fausses idées sur l'industrie technologique."

Ce n'est un secret pour personne, qu'une majorité des employés d'Activision Blizzard souhaite la concrétisation de cette fusion afin de notamment chasser Kotick et ses méthodes ô combien toxiques. Même si rien n'a encore été officialisé, il y a très peu de chances que Microsoft souhaite garder une personne aussi tendancieuse à la tête de ce qui sera son plus gros investissement. Quoi qu'il en soit les deux titans américain semblent déterminer à user de toute leur capacité afin de conclure ce rachat. La FTC aura fort à faire si elle souhaite l'emporter devant les tribunaux et éviter une énième défaite devant les tribunaux.

Un combat de longue haleine

Sauf rebondissements de dernière minute, il faudra donc attendre jusqu'au début août 2023 pour avoir plus d'éléments concernant l'avancement de ce dossier FTC versus Microsoft. Cela pourrait donc contrarier sérieusement les plans des géants du Jeu Vidéo américain qui tablaient sur une conclusion de l'accord en juin de la même année. Autre risque à prendre en compte, cette opposition de la FTC pourrait avoir un effet boule de neige sur les autres régulateurs. À leur tour, la CMA ou la Commission européenne pourrait aussi décider de s'opposer à ce projet. Toujours est-il qu'aussi puissante ces organismes les départements de la justice des pays engagé dans ces examens restent les seuls véritablement capables d'interdire formellement ce rachat. Au vu des récentes prises de position de la présidente de la FTC sur les GAFAM et sa volonté affirmée de réduire leur consolidation, il était totalement utopique de penser qu'elle n'aurait pas tenté un coup d'éclat en s'opposant frontalement à ce deal hors normes. Cela dit, après ses quatre récentes douloureuses défaites lors de procès antitrust, l'agence fédérale américaine se doit d'être prudente et pourrait bien se montrer magnanime avec Microsoft si ces derniers acceptaient certaines concessions supplémentaires. Bien que celle proposée semblent déjà tout à fait honorable, la FTC se doit de montrer un visage aussi fort que déterminé notamment en obtenant des garanties supplémentaires de la part des parties intéressées.

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