La CMA s'oppose au rachat d'Activision Blizzard
Ce mercredi, la CMA a officialisé son opposition définitive au rachat d'Activision Blizzard King par Microsoft. La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans le milieu allant jusqu'à surprendre les analystes de Wall Street. Entre surprise et contestation, les réactions ont été nombreuses y compris celles des parties prenantes dans cette affaire.
Une annonce qui surprend tout le monde
De Warren Buffet, aux cabinets de courtier les plus prestigieux de Wall Street, en passant par notre modeste rédaction, tous furent surpris du verdict de la CMA. En effet, encore récemment, le régulateur britannique avait fini par balayer les arguments de Sony concernant ses inquiétudes sur la licence Call of Duty tout en affirmant que ce rachat ne poserait aucun problème de concurrence sur le marché des consoles. La CMA avait tout de fois précisé que désormais les seuls problématiques résidaient sur le secteur du cloud gaming et c'est effectivement ce qui a motivé l'organisme à s'opposer aux rachats. Les accords signés entre Microsoft et NVIDIA ou encore Ubitus et Boosteroid, tous spécialisés dans le domaine du Cloud Gaming, n'ont pas semblé être suffisant pour la CMA. Selon le régulateur, cette acquisition risquerait, je cite : "de modifier l'avenir du marché en pleine croissance du Cloud Gaming, entraînant une baisse de l'innovation ainsi qu'une baisse des choix possible pour les joueurs britanniques au cours des prochaines années". La CMA poursuit, en estimant qu'actuellement, Microsoft contrôlerai entre 60 et 70 % du marché global du Cloud Gaming et qu'en faisant l'acquisition de licence forte comme Call of Duty, Overwatch ou encore World of Warcraft, le géant Américain prendrait un avantage significatif sur ses concurrents.
Microsoft et Activision contre-attaquent
Cette décision fut immédiatement contestée par Brad Smith, affirmant que Microsoft restait pleinement engagé à conclure cette acquisition et a annoncé faire appel de ce verdict. Interrogé par la BBC, ce dernier ne décolère pas et semble même désormais remettre en question les relations de Microsoft avec le Royaume-Uni : " C'est probablement le jour le plus sombre de nos quatre décennies en Grande-Bretagne. Cela fait plus qu'ébranler notre confiance dans l'opportunité de développer une entreprise technologique en Grande-Bretagne."
De son côté, Activision Blizzard a souhaité aussi réagir rapidement par la voix du tristement célèbre Bobby Kotick. Ce dernier annonce lui aussi faire appel de cette décision et déclare : "Nous sommes confiants concernant ce dossier, car les faits sont de notre côté : cet accord est bon pour la concurrence. "
La compagnie Boosteroid a elle aussi témoigné de son désaccord avec la CMA et déclare rejoindre la position du Brad Smith sur cette affaire tout en souhaitant une résolution rapide de ce dossier.
En effet, Microsoft et Activision ont la possibilité de contester la décision du régulateur devant une cour d'appel dédié à ce genre d'affaire, la CAT. Si ce tribunal affirme gérer les affaires les plus simples en moins de 9 mois en moyenne, ce dossier risque bien d'occuper la cour une peu plus longtemps contrariante ainsi les plans de la firme de Redmond qui annonçait la validation du deal fin juin. Pour rappel, Microsoft et Activision avaient convenu d'une deadline s'arrêtant au 18 juillet à l'issue de laquelle Microsoft devrait reverser 3 milliards de dollars si le rachat n'était pas conclu d'ici là. Il est donc désormais indispensable pour les compagnies de renégocier les termes de cet arrangement. Si certains ont émis l'hypothèse que les deux protagonistes pourraient décider de quitter le marché britannique afin de se passer de l'accord de la CMA, cela reste très peu probable au vu du poids économique que représente ce pays pour les deux acteurs.
Mais cela profite-t-il vraiment aux consommateurs ?
Avec ce deal, Xbox promettait aux abonnés Game Pass d'avoir accès à la bibliothèque d'Activision Blizzard y compris les nouvelles productions le jour même de leur sortie et ça sans augmenter le prix de leur abonnement. Actuellement, à moins de bénéficier de réductions, si vous souhaitez jouer au dernier jeu d'Activision Blizzard, il vous faudra débourser la somme de 79.99 €. Il semble bien qu'au final, la décision de la CMA prive le consommateur d'une belle opportunité et n'aille pas dans le sens du pouvoir d'achat. Pire, cette décision pourrait asseoir de manière encore plus conséquente les géants Google et Apple qui voyait aussi d'un très mauvais œil ce rachat. Effectivement, avec l'acquisition de King, Microsoft n'avait pas caché sa volonté de lancer un app store afin de concurrencer ce duopole qui règne sans partage sur le secteur du jeu mobile. Il en est de même pour Sony qui sans l'ombre d'un doute a dû se réjouir de cette décision. Ces derniers s'étaient montrés particulièrement virulents à l'encontre de cette fusion n'hésitant pas à utiliser des arguments pour le moins surprenants comme d'accuser Microsoft de vouloir saboter les versions PlayStation des prochains Call of Duty. Si le rôle de la CMA est de protéger le consommateur britannique, il semble qu'ici, elle ait avant tout protéger les intérêts des leaders des différents marchés du secteur, et cela, au détriment des joueurs.