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Entre Jim Ryan et Phil Spencer rien ne va plus

Alf par Alf le 08/09/2022
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Dans une déclaration faite à nos confrères de Games Industry, Jim Ryan a souhaité s'expliquer concernant sa volonté d'entraver le rachat d'Activision Blizzard dans sa forme actuelle. S'il ne s'exprime que du bout des lèvres, il nous livre quelques informations précieuses qui nous aide à mieux comprendre ce qu'il se passe dans les couloirs de ce rachat tumultueux. Avant toute chose, reprenons le contexte de cette affaire.

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"Nous voulons que les gens aient plus d'accès aux jeux, pas moins."
Brad Smith, vice-président de Microsoft

La CMA à la rescousse du soldat Ryan

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Le 1er septembre nous apprenions que l'organisme de contrôle de la concurrence Britannique (la CMA) jugeait que le rachat d'Activision - Blizzard par Microsoft pourrait entraîner une diminution substantielle de la concurrence sur le secteur JV du Royaume-Uni. Pour motiver son jugement, la CMA reprenait presque mots pour mots les arguments évoqués par Sony auprès de l'organisme Brésilien de la concurrence, l'une des principales craintes de PlayStation étant l'avenir de la licence Call of Duty et plus précisément le risque qu'Xbox décide un jour de la rendre exclusive. Nous apprenions également aux travers des déclarations du géant Japonais que le Game Pass avait déjà acquis entre 60 et 70% du marché mondial des services d'abonnement. Ce faisant PlayStation précise que même avec des investissements conséquents il faudrait plusieurs années pour créer un véritable concurrent au Game Pass.


La réponse du berger à la bergère

Quelques heures après le communiqué de la CMA, le vice - président de Microsoft Brad Smith souhaita s'exprimer sur le sujet au travers d'un billet publié sur le blog officiel d'Xbox. Dans cette déclaration, Smith confirma les propos de Phil Spencer, réitérant leur engagement à sortir Call of Duty le même jour sur Xbox et PlayStation. Précisons que dès le mois de janvier, via un accord signé à Sony, Phil Spencer s'était engagé auprès de son homologue à garantir Call of Duty sur PlayStation avec la parité des fonctionnalités et du contenu, et ce pendant plusieurs années supplémentaires au-delà du contrat actuel de Sony (qui, rappelons le, couvre déjà les 3 prochains opus de la licence). Une offre qui va bien au-delà des accords habituellement conclus dans l'industrie du jeu vidéo. Car oui, ce genre d'accords ne peut être infini. Ces derniers doivent se renégocier régulièrement afin de s'adapter au contexte changeant de ce secteur en plein essor. Mais alors pourquoi PlayStation continue t-il à vouloir empêcher ce rachat à tout prix? Et bien c'est sur ce point que Jim Ryan a souhaité s'exprimer.


Caprice de leader ou véritable aveu de faiblesse ?

Depuis que ces éléments ont fait surface, plusieurs médias du secteur ainsi que pas mal de fans trouvèrent les complaintes de Sony pour le moins déplacées, voir même parfois hypocrites. En effet s'il y a bien un acteur du secteur réputé pour acheter des exclusivités auprès d'éditeurs tiers c'est bien Sony. Non pas que Microsoft ait les mains propres dans le domaine mais on est sur un tout autre niveau, surtout depuis la dernière génération. Exclusivité temporaire ou indéfinie, clause anti GamePass, taxe cross plate-forme... autant dire que PlayStation n'a pas vraiment de leçon à donner au niveau des pratiques qui restreignent la concurrence. Ceci étant, Jim Ryan a souhaité clarifier la situation et le moins que l'on puisse dire, c'est que sa réponse est plutôt culottée.

Tout d'abord, le boss de PlayStation souhaite expliquer pourquoi il a décidé de prendre la parole et en profite pour tacler Phil Spencer :

"Je n'avais pas l'intention de commenter ce que je considérais être une discussion d'affaires privées, mais je ressens le besoin de remettre les pendules à l'heure parce que Phil Spencer a souhaité déballer cela en place public"

Puis il décide de rentrer dans le vif du sujet :

"Microsoft nous a proposé que Call of Duty reste sur PlayStation trois ans après la fin de l'accord actuel entre Activision et Sony. Après près de 20 ans de Call of Duty sur PlayStation, leur proposition était inadéquate à de nombreux niveaux et ne tenait pas compte de l'impact sur nos joueurs. Nous voulons garantir la possibilité aux joueurs PlayStation qu'ils pourront continuer à bénéficier de l'expérience Call of Duty de la plus haute qualité, et la proposition de Microsoft va à l'encontre de ce principe."

À travers cette déclaration, le patron de PlayStation nous informe qu'Xbox leur a proposé un prolongement de 3 ans en plus de l'accord déjà existant. En résumé, avec l'accord en cours qui couvre les 3 prochains opus on serait assurés de voir Call Of Duty sur PlayStation pendant encore 5 ans minimum soit jusqu'en 2027. Et cela, avec la parité des fonctionnalités et des contenus garantis et signés par Spencer. Malgré cela Ryan ose déclarer que cela est inadéquate, et comme pour donner bonne conscience à son argumentaire, il évoque l'intérêt des joueurs. Après la récente augmentation de 10% du tarif de leur console, l'explosion du prix de leurs jeux, les deals de contenu exclusif encore en cours avec Activision leur garantissant l'accès aux jeux avant les autres plateformes, après avoir verrouillé des exclusivités sur de grandes licences multiplateformes comme Final Fantasy ou Street Fighter 5, Jim Ryan ose évoquer l'intérêt des joueurs! Cette déclaration est au mieux maladroite et au pire malhonnête. Si tout le monde a bien compris qu'il est dans l'intérêt de Sony d'empêcher par tout les moyens ce rachat, cet argumentaire dessert encore une fois l'image de PlayStation. Mais au delà de tout ça, Jim Ryan ne nous dit pas réellement ce qui gêne le plus Sony dans ce rachat.


Mais que veux vraiment Jim Ryan ?

Quand bien même Microsoft garantirait éternellement la sortie de CoD sur PlayStation, ce rachat continuerait de déranger Sony pour de nombreuses raisons toutes plus compréhensibles les unes que les autres. L'une d'entre elles a cependant retenu mon attention : PlayStation est le plus gros clients d'Activision. Effectivement, comme souligné par le consultant Daniel Ahmad, en 2020 Sony représentait pas moins de 17% des ventes de l'éditeur soit environ 1.35 milliards de dollars. Cela signifie que si ce rachat allait jusqu'au bout et que Call of Duty continue de sortir sur leur plateforme comme prévue, Sony contribuerait de manière conséquente au revenus de Microsoft et la pillule n'a pas l'air de passer. Car oui, Call of Duty est l'une des licences si ce n'est la licence qui rapporte le plus d'argent à PlayStation, notamment grâce aux microtransactions. Pour faire simple, peu importe les conditions souhaitées par PlayStation, si Microsoft conclut ce rachat, c'est Sony qui passe à la caisse et Xbox qui encaisse, le tout en rendant ses services de plus en plus attractifs. Oui, il y a de quoi être contrarié mais cela devrait motiver Sony a adopter une posture peut être plus "pro consommateurs" ou au contraire, devenir une marque plus sélective et premium. Encore faut-il avoir les arguments, les produits et les services pour devenir l'Apple des consoles.


Lutte pour le trône ou bagarre de chiffonier ?

Si nous savons parfaitement que ni Microsoft, ni Sony n'est dans le secteur du Jeu Vidéo pour faire du carritatif et que l'objectif de tous les acteurs est d'être numéro un, cela n'empêche pas de déplorer la posture du responsable de PlayStation. Il est absolument normal que le géant japonais défende sa place de leader bec et ongles. Oui, le rachat d'Activision va renforcer les capacités de Microsoft et rendre leurs services encore plus attractifs et oui, Sony a parfaitement raison de s'en inquiéter. Mais au lieu de continuer d'adopter des postures à la frontière entre l'hypocrisie et la malhonnêteté, nous sommes en droit de demander à Sony de réagir avec plus de panache. Sony doit cesser de quémander et doit se battre pour proposer mieux, innover, adapter ses services et continuer de proposer des contenus qualitatifs incroyables comme ils le font depuis plus de 20 ans. C'est bien mieux que d'éponger sa clientèle en facturant des remakes au prix fort et d'augmenter tous ses produits alors que son concurrent devient de plus en plus compétitif. PlayStation se doit de répondre à la menace que représente Xbox aujourd'hui mais pas de cette manière. C'est comme si le samouraï PlayStation avait perdu de sa superbe et était devenu un renégat prêt à tout pour grapiller le moindre sous.

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Jim Ryan, fidèle à lui même

Qu'on se le dise, malgré l'image de plus en plus négative que renvoie le patron de PlayStation et malgré le fait que ses décisions soient de plus en plus contestées et critiquées par les clients de la marque, Jim Ryan remplit parfaitement ses fonctions. Il protège les intérêts et les profits de sa compagnie, cherche à générer de la croissance et emploie tous les moyens possibles afin d'affaiblir la concurrence. Le problème, c'est que cela ce fait trop souvent au détriment du consommateur et de son pouvoir d'achat. Et si certaines de ses déclarations comme le fameux "we believe in generation" et autres décisions ont par le passé causé plus de raillerie que de véritable mécontentement, le cumul commence à peser lourd pour l'image de PlayStation. Fini les "For the Player"! Leur slogan "Play as no limit" est entrain de devenir Pay As No Limit. Mais ne soyons pas dupe, si Xbox adopte aujourd'hui une stratégie beaucoup plus "consumer friendly" c'est exactement pour les même raisons que Sony : être numéro un et le rester le plus longtemps possible. Encore une fois la seule différence est que d'un côté le consommateur en sort gagnant (du moins pour le moment), et que de l'autre il est saigné à blanc.

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